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"La perte de confiance est la clef du malaise": le réarmement moral nécessaire face aux no

Crise au Moyen-Orient, guerre du numérique et hégémonie des GAFAM américains... autant de sujets qui vont marquer l’année 2020. Pour aborder ces questions, Alexandre del Valle et Emmanuel Razavi donnent la parole au général Bertrand Soubelet.


Parmi les thèmes favoris des défaitistes qui plaident en faveur d'un abandon des souverainetés nationales, "désuètes" au profit d'un supra-nationalisme européen, on retrouve souvent l'argument selon lequel le fait que l'influence de la France dans le monde diminuerait de façon inévitable, que les Etats-Nations de taille moyenne ne seraient plus capables de décider quoi que ce soit et qu'il faudrait nécessairement accepter de se fondre dans des grands blocs. Autre thème récurrent des fatalistes-fossoyeurs de l'Etat-Nation français, l'identité nationale et le patriotisme assimilateur devraient laisser la place au communautarisme-diversitaire, tandis que l'immigration extra-européenne illimitée hors contrôle (légale ou illégale d'ailleurs), serait un bien en soi, puisque la France serait trop "étriquée" et trop étroite dans une identité nationale qui serait de toute façon factice, puisque "la France n'existerait pas en dehors de l'idéologie républicaine et de principes abstraits universels...


Bref, un délire d'identitaires-populistes "fachos"...


Pour y avoir plus clair, et analyser avec de la hauteur les menaces désormais existentielles auxquelles notre pays doit faire face, le Général de corps d’armée Bertrand Soubelet, ex directeur des opérations et de l’emploi à la Direction générale de la gendarmerie nationale et co-fondateur du mouvement Objectif France, nous a non seulement délivré son diagnostic, sans concessions ni langues de bois, mais il a rappelé un constat très important que les grands résistants ont tous émis: le désespoir est notre pire ennemi intérieur. J'ajouterai le meilleur allié de nos ennemis.... Islamistes ou autres. Bertrand Soubelet , qui est très actif au sein du mouvement Objectif France, a également et surtout voulu proposer les solutions à mettre en place afin que la France renoue avec un positionnement fort à l’international.Car si le défaitisme n'est pas de mise, le volontarisme l'est plus que jamais!


Alexandre Del Valle : Comment percevez-vous aujourd’hui l’influence de la France dans le monde, à un moment où celui-ci connaît de nombreux bouleversements géopolitiques ?

Bertrand Soubelet : L'influence de la France est incontestablement en déclin. Peser sur le cours des événements ou sur les grandes orientations prises sur des sujets majeurs au plan international est une illusion malgré quelques embellies en 2008 lors de la crise des subprimes ou certaines grandes rencontres comme le G7 où notre exécutif obtient quelques victoires très éphémères. L'influence d'un pays ne repose pas que sur sa puissance militaire, sa place reconnue au conseil de sécurité de l'ONU, sa capacité à exporter des produits de luxe et l'ampleur de son réseau diplomatique.


Quel est le poids de notre diplomatie aujourd'hui ? Combien pesons-nous dans le règlement des conflits en cours? En Afrique subsaharienne? Au Moyen Orient, en Iran ou en Syrie où nous avons brillé par nos postures incohérentes depuis trente ans?


Finalement pas beaucoup, car une déclaration devant l'Assemblée générale de l'ONU ou une prise de parole à l'occasion d'une réunion internationale ne suffisent pas. Il faut une ligne directrice qui s'appuie sur nos atouts et nous en avons deux, majeurs, que nous n'exploitons pas : la Francophonie et notre patrimoine maritime qui fait de la France la deuxième puissance mondiale par sa zone économique exclusive (11 millions de km2!, ndlr).

Ces atouts doivent nous permettre d'accompagner les bouleversements géopolitiques pour faire en sorte que les équilibres planétaires ne soient pas rompus.


Pour autant, la France demeure une référence notamment au plan culturel et historique, mais cela ne suffit pas pour peser efficacement sur le sort du monde en gardant présent à l'esprit que nous ne pouvons pas nous mêler de tout alors que nous ne sommes pas capables de gérer nos flux migratoires et d'avoir un pays en ordre.


Comment la France peut-elle encore défendre sa souveraineté économique face aux Américains et aux Chinois, notamment dans le domaine du numérique ?

C'est probablement le sujet majeur qu'il nous faut traiter en priorité.


Non seulement la question se pose face aux États Unis d'Amérique et à la Chine, mais également aux puissances que sont les géants de l'économie numérique que l'on à baptisés GAFAM, d'une part, c'est à dire Google, Apple, FaceBook Amazon et Microsoft et, BATX, d'autre part, à savoir Baidu, AliBaba, Tencent et Xiaomi.

Ces géants là font peser sur notre économie une menace passée sous silence par les responsables de la France.

C'est en effet une question de souveraineté et c'est éminemment plus important que les questions de souveraineté monétaire ou de directives européennes.


Nous devons quitter la posture de résignation que beaucoup de Français adoptent par confort sans réaliser les conséquences pour les générations futures.


Concrètement, l'Etat doit favoriser les initiatives nationales et encourager la recherche, le développement et les investissements pour préparer l'après Google/Microsoft notamment. Pour cela il faut une politique volontariste.

Dans certains domaines, malgré un réveil tardif, nous avons réussi à nous affranchir de la tutelle américaine. C'est le cas pour le projet Galileo qui, dès 2020, permet à la France et à l'Europe de bénéficier d'un système satellitaire de géopositionnement totalement autonome. C'est là aussi une question se souveraineté. En attendant cette politique volontariste, il faut que l'Etat pèse de toute sa stature pour défendre et protéger nos entreprises et nos producteurs en faisant respecter les règles de notre pays par ces puissances numériques.


Retraités, professions indépendantes, policiers, gendarmes, pompiers, infirmières et enseignants… comment expliquer le sentiment d’épuisement de la société française?

Je qualifierais plutôt ce sentiment général de découragement teinté de résignation. Les retraités se sont sentis floués par le président de la République qui, une fois élu, à clairement fait le contraire de ce qu'il avait annoncé: c'est-à-dire de ne pas toucher à leur pouvoir d'achat. Les professions indépendantes ont l'impression d'être toujours les grands perdants d'une politique économique qui ne leur est jamais favorable. Quant aux professions à fort engagement, comme les militaires, les infirmières, les policiers, les gendarmes, les pompiers ou les enseignants, c'est un peu différent car ils sont au service de la collectivité et de la société.


Ce sont des métiers qui constituent le socle du contrat social: l'éducation, la santé, la sécurité. Ces hommes et ces femmes qui assurent une vraie mission attendent de l'Etat d'avoir les moyens de l'assurer sans être en permanence mis sous pression et sous contrainte. Cette pression vient à la fois du manque de vision, des déficiences en termes d'organisation, de moyens et du comportement de certains de nos concitoyens.

Face au double constat, d'un Etat qui n'assure pas les conditions d'exécution de la mission de service public, d'une part, et du comportement irrespectueux parfois violent d'une partie de la population, d'autre part, toutes ces professions se sentent déconsidérées et parfois même trahies.


Les mots que j'emploie ne sont pas trop forts, car c'est réellement le sentiment des enseignants, lesquels sont menacés, insultés dans leur classe par des sauvageons, le personnel de santé, en sous-effectifs, victime d'une violence récurrente dans les hôpitaux ou, dans certains territoires, les médecins et infirmières qui ne peuvent plus assurer leurs consultations en sécurité. Sans oublier les pompiers qui sont attirés dans des guet-apens et agressés.


Je ne parle pas des forces de sécurité dont c'est, hélas, le triste quotidien et dont le budget 2020 ne sera pas à la hauteur des attentes pour le renouvellement du matériel et pour le budget de fonctionnement. Dans ces conditions, et alors que toutes ces femmes et ces hommes sont fortement sollicités et croient en leur mission, les décisions politiques ne sont pas en cohérence avec les annonces et surtout les besoins du terrain. Mais la gouvernance électoraliste qui prévaut dans notre pays depuis plus de 40 ans ne traite jamais rien en profondeur et le lien de confiance a été rompu.


Comment redonner confiance aux Français, et aux jeunes générations le sentiment de fierté nationale ?

La perte de confiance est en effet la clef du malaise de la société française. Comment retrouver confiance dans notre pays, confiance dans nos institutions, confiance en ceux qui nous gouvernent et surtout confiance dans l'avenir ? La solution est très simple. Elle passe en premier lieu par un changement de comportement de ceux qui nous gouvernent. Conduire les affaires publiques exige principalement trois choses : avoir un comportement exemplaire, être sincère et toujours dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit. Sans cela, rien ne durable et de pérenne n'est possible. Ensuite il faut revenir aux fondamentaux. Il y a un année j'écrivais une tribune intitulée: " La France se mérite, y vivre est un privilège". lus que jamais j'en suis convaincu.

Un des préalables est de lutter contre cette fâcheuse habitude française de dénigrer notre pays dans lequel des millions d'étrangers souhaiteraient venir vivre, c'est à dire revenir au patriotisme dont la définition est "dévouement d'un individu envers le pays qu'il reconnaît comme sa patrie". Si le dévouement n'est pas possible pour certains, le respect est un minimum. Cela commence très tôt avec l'éducation au sein de la famille et à l'école.


Ensuite, avoir conscience de ce qu'est la France me parait une autre condition essentielle. Savoir d'où on vient, ou l'on va et avoir toujours présent à l'esprit la notion de destin commun qui oblige chacun de nous à s'accomplir individuellement en n'oubliant jamais qu'il faut contribuer sous une forme ou une autre à la collectivité. Pour cela il est capital d'entretenir un récit national dans lequel chacun doit trouver sa place y compris lorsqu'on arrive d'horizons différents. Le sentiment d'appartenance à une communauté riche de ses racines et en mouvement vers un avenir choisi est un préalable incontournable.


Tout repose sur l'éducation.

Dans cet esprit, le retour au service national mis en œuvre par le gouvernement est un élément du puzzle important car le parcours éducatif des générations précédentes se terminait avec le service national. Il ne s'agit pas de revenir à une formule ancienne, mais de faire vivre à des jeunes du même âge une expérience collective au service du pays et de rappeler ou d'inculquer quelques principes de vie en collectivité, les vertus du goût de l'effort et du dépassement de soi. Le jour où les jeunes entre 15 et 25 ans auront le sentiment d'appartenir à une "France qui gagne" et la volonté de participer à cette réussite sans souhaiter s'expatrier le pari sera gagné mais c'est une vision de la société bien différente de la "start-up nation". C'est un travail de longue haleine


L’Islamisme et le communautarisme se sont ancrés durablement dans la société. Quels sont les moyens concrets pour les faire reculer?

La communautarisation de la société française est une question cruciale et dans cette perspective l'islamisme pose un problème de fond. Il y a deux types de moyens pour régler cette question. Ce sont des décisions de court terme et de long terme et elles sont indissociables. La première mesure est de faire appliquer les lois qui ont été votées par notre Parlement en matière de laïcité. C'est le cas par exemple de la loi de 2010 interdisant la dissimulation du visage qui n'est pas appliquée lorsque dans certains quartiers de notre pays de nombreuses femmes enfreignent cette interdiction. Le respect de la loi s'impose à tous qu'elles que soient les opinions philosophiques ou religieuses. En second lieu, il est essentiel de faire en sorte que les propos de haine et d'appel à la violence tenus publiquement par des responsables religieux soient sanctionnés. Ceci induit que les prêches doivent être tenus en Français sur notre sol.


Ces sanctions doivent être sévères et aller jusqu'à l'expulsion du territoire pour des individus étrangers ou bi nationaux. Ce sont là deux mesures concrètes qui envoient un message clair à ceux qui défient les lois républicaines. Une mesure de plus longue haleine concerne la gestion de l'habitat, qui est à la fois la cause et la solution à bien des déboires. Pour des raisons diverses, la concentration des populations d'origine étrangère s'est renforcée depuis les 20 dernières années. Il faut sortir de cette logique de regroupement par communauté, ce qui suppose que ceux qui viennent partager notre destin renoncent à importer en France leur propre culture en se regroupant. Cette politique du logement nécessite une volonté politique au plan national et au plan local. Les offices publics de l'habitat ont en cette matière une grande responsabilité. En tout état de cause, un principe intangible doit être appliqué sans faiblesse : aucune règle religieuse ne peut prévaloir sur les lois de la République en quelque point de notre territoire. Jamais.


Y-a-t-il un risque d’explosion sociale, débouchant sur une guerre civile, en France ?

Le risque d'explosion sociale se confirme tous les jours. Cette grève interminable, qui pénalise beaucoup de Français sur la question des retraites, en est une illustration. Les démonstrations des gilets jaunes pendant quasiment une année en sont une autre. Cette déstructuration sociale est déjà en cours. C'est une véritable fracture politique qui a deux effets: la rupture entre le pouvoir et les citoyens, d'une part, et l'atomisation du corps social dont chaque composante essaie de tirer les marrons du feu sans se soucier du sort des autres. Cette explosion sociale ne débouchera pas sur une guerre civile, car dans une telle hypothèse, il faudrait deux camps parfaitement identifiés. L'Etat d'un côté et, de l'autre, une force organisée et désireuse de prendre le pouvoir. A ce jour, elle n'existe pas, malgré les fantasmes des uns et des autres, en particulier sur les zones dites de non-droit dans lesquelles en réalité la majorité des habitants attend que l'Etat mette de l'ordre.


Nous avons davantage à craindre du chaos social et des réactions de certains citoyens exaspérés de voir leur situation et leur environnement se déliter au point de se sentir totalement déclassés. Il n'y a rien de plus dangereux que des gens désespérés qui n'ont plus rien à perdre. Et il y en a de plus en plus. C'était l'expression initiale du mouvement des gilets jaunes. Tant que la majorité des "gens déclassés" aura plus à perdre qu'à gagner, il n'y a aucun risque de guerre civile, sauf des affrontements ponctuels à caractère communautaire qui pourraient dégénérer. La seule certitude est que nous allons vers davantage de violence.


Avec votre parti, Objectif France, vous briguez plusieurs mairies. Quels sont les axes principaux de votre programme ? En clair, que proposez vous aux français ?

Avec Objectif France, nous souhaitons prendre part à la démocratie locale parce la vie quotidienne des Françaises et des Français repose sur les projets locaux. Pour mettre en œuvre un projet pour la France, il faut des femmes et des hommes engagés, à l'écoute des Français, connaissant la gestion des affaires publiques et connectés à la réalité. Nous menons et participons à des dizaines de listes de rassemblement autour de projets cohérents qui correspondent à notre ADN.


L'ancrage territorial est essentiel si l'on souhaite exercer le pouvoir en prenant des décisions qui correspondent aux besoins de notre pays et aux attentes des Français. Et au delà des municipales, notre parti porte un projet pour la France car la politique menée par le gouvernement n'est pas à la hauteur des enjeux. Elle ne vise pas à redonner à la France toute sa grandeur et son dynamisme économique dans un contexte où l'ordre règne et ne prépare pas l'avenir avec lucidité pour laisser aux générations qui viennent un monde en état. La modernité, les progrès techniques, scientifiques et les questions écologiques sont essentielles, mais de manière raisonnée et pas à n'importe quel prix. C'est cela la ligne directrice d'Objectif France.


Notre pays doit retrouver sa puissance et redevenir une référence économique en Europe afin de nous remettre sur le chemin de la prospérité qui doit profiter à chaque Français.


Nous nous préparons à assumer cette responsabilité.


Allez-vous vous présenter aux présidentielles de 2022 ?

Cela n'est pas pour moi à l'ordre du jour. Il est vrai qu'une partie de la population considère que pour sortir notre pays de la situation dans laquelle, il se trouve qu'un militaire serait une solution. Pour tout dire, je ne crois pas à la théorie de "l'homme providentiel", et la dernière expérience en cours l'illustre bien.

J'ai invariablement dit que je répondrai toujours présent si mon pays avait besoin de mes compétences. Mais les résultats de ma candidature sans étiquette aux dernières législatives m'ont appris qu'avoir une vision de la France, disposer d'une expérience et vouloir changer de politique en restant à l'écoute des Français ne suffit pas. Mais je ferai tout pour jouer un rôle positif à l'occasion des prochaines présidentielles, car j'ai toujours eu de l'ambition pour la France et ceux qui l'aiment et cela ne changera jamais.

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