Mineurs et n’ayant jamais vécu dans un pays musulman : portrait robot des nouveaux djihadistes occidentaux
Taylor Swift a annulé trois concerts en Autriche après l'arrestation d'un suspect de 19 ans lié à un projet d'attentat terroriste. Un Autrichien, originaire de Macédoine du Nord, a fait des aveux complets. Il avait l’intention de commettre un attentat à l’aide d’explosifs et d’armes blanches. Deux autres individus ont été arrêtés dans cette affaire.
Atlantico : Les autorités autrichiennes ont déjoué un attentat visant un concert de Taylor Swift à Vienne. Le principal suspect, âgé de 19 ans, est passé aux aveux et avait prévu de foncer avec sa voiture sur les spectateurs jeudi ou vendredi, ont déclaré les enquêteurs autrichiens. Il fait l'objet d'une enquête pour suspicion d'appartenance à une organisation terroriste, en l’occurrence l'État Islamique. Qu’est-ce que cela dit du profil, du portrait robot des nouveaux djihadistes occidentaux ?
Alexandre del Valle : Il est difficile d’identifier un unique portrait robot. Il n’y a pas si longtemps, la presse rappelait encore que le nombre de djihadistes étrangers, réfugiés politiques ou déboutés du droit d’asile par exemple comme cela a pu être le cas de tueurs Afghans, maghrébins, Tchétchènes, Daguestanais ou Pakistanais, qui s’en sont pris à des professeurs ou des passants « chrétiens » occidentaux ou juifs honnis. Ce type de profil a été en hausse jusqu’à peu. Maintenant on reparle des Français/Européens de « souche » convertis ou de naissance et d’origine immigrée arabe-africaine. Pour bien prendre la mesure de ce qu’il se passe, il ne faut donc pas être trop esclave de l’actualité me semble-t-il et surtout pas "occidentalo-centrés » car le jihadisme est une menace et un phénomène idéologique global, venu d’un monde islamique radicalisé par l’emprise des islamistes et d’une lecture théocratique totalitaire qui progresse soit dans les marges soit dans les institutions. Un vrai phénomène de civilisation qui ne peut pas ne pas contaminer les communautés musulmanes d’occident plus liées à ce monde que jamais grâce ou à cause de la mondialisation donc plus faciles à « désassimiler » et instrumentaliser depuis l’extérieur. Pendant des mois, nous avons parlé de clandestins, de demandeurs d’asiles Tchétchènes ou Afghans qui commettent des attentats. Il faut aussi parler des terroristes Français, comme c’est le cas d’Othman Garrido, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps. Ce jeune homme, rappelons-le, devrait théoriquement être jugé en France après avoir été expulsé de la Turquie en vertu de l’accord Cazeneuve qui prévoit l’expulsion automatique des individus arrivant de Syrie via la Turquie et repérés par les services turcs puis expulsés vers leur pays de nationalité la France. N’oublions pas non plus Bilal Taghi, auteur de la première attaque djihadiste dans une prison française, qui a été déchu de la nationalité française. L’un comme l’autre sont nés en France et alimentent donc l’idée que le nouveau portrait robot du djihadiste occidental, c’est celui d’un individu né en France, qui soit s’est converti, soit n’est pas vraiment islamisé mais qui, dans un cas comme dans l’autre, n’a pas grandi dans un pays musulmans. C’est une réalité, bien sûr, mais c’est loin d’être la seule. Dans d’autre cas, que nous venons justement d’évoquer, le portrait robot est complètement inversé.
Ainsi, ne l’oublions pas, l’un des plus gros attentats qui a été commis en France, celui de Nice, l’a été par un Tunisien ayant grandi en Tunisie. Sans compter, bien sûr, l’attentat de la basilique de Nice, qui a fait trois morts et qui avait lui aussi été perpétré par un Tunisien. Ce genre de cas n’est d’ailleurs pas spécifique à la France : on en retrouve aussi à Madrid ou à Barcelone, ou des immigrés marocains ont pu commettre des attentats aussi. Si l’on remonte plus loin et que l’on parle du 11 septembre 2001, on se rappellera alors que l’attentat a été pensé et commis par des Saoudiens, dont certains étaient très instruits notamment sur le plan religieux, et issus de la bourgeoisie, ou diplômé de bonne école comme Mohamed Atta le chef égyptien du commando. Rien à voir avec des déshérités victimes « d’islamophobie »...
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