Le Cabinet jihadiste du HTS ou le nouveau gouvernement syrien des « coupeurs de têtes modérés »
CHRONIQUE. Le gouvernement de transition en Syrie revêt, pour paraphraser l’euphémisme du nouvel homme fort de Damas, Al-Joulani/Charaà, une vraie « cohérence » : les postes importants sont tous alloués à d’anciens jihadistes de l’État islamique, d’Al-Qaïda en Irak, d’Al-Qaïda/Al-Nosra en Syrie, ou d’Ahrar al-Sham. De quoi inquiéter les minorités...
Tous ces ex-terroristes salafistes «loyaux » envers Joulani l’ont suivi à partir 2003 depuis le jihad de l’État islamique en Irak/Al-Qaïda jusqu’à ses ultimes revirements puis dans l’incubateur politico-jihadiste d’Idlib, entre 2017 et 2024.
Concernant Abou Mohammad al- Joulani, de son vrai nom Ahmed al-Charaà, les médias n’ont pas pu cacher son passé puisqu’il était très connu, recherché par la justice américaine avec une prime de 10 millions de dollars pour avoir commencé sa carrière jihadiste au sein d’Al-Qaïda contre les Américains en Irak en 2003 puis pour avoir fondé l’État islamique en Syrie avant de créer une scission affiliée à Al-Qaïda nommé Al-Nosra, noyau-dur de l’actuel HTS ou Hay’at Tahrir al-Sham, dont le nom même qui signifie organisation de la Libération du Levant, annonce en soi une conquête islamiste des 5 nations qui la composent….
La seconde figure, moins connue et dont Wikipédia et les médias occidentaux ont soigneusement gommé le passé jihadiste, Muhammad al-Bashir, l’actuel Premier Ministre, est tout de même un fidèle de Joulani, lui aussi connu pour sa cruauté dans l’Émirat d’Idlib dont il a déjà été le premier ministre et où se sont cachés notamment certains des soutiens ou inspirateurs jihadistes francophobes des assassinats de l’équipe de Charlie Hebdo et des de Samuel Paty.
Épisode passé sous silence dans les médias occidentaux, le premier vendredi après la prise du pouvoir par HTS, Al-Bachir, le soi-disant technocrate modéré, a pris la parole comme Joulani dans la mosquée des Omeyyades de Damas, symbole absolu des califalistes pour y prononcer le sermon du jour, signe d’une non-renonciation à la théocratie, et le drapeau jihadiste blanc coloré de sourates noires flotte toujours sur son bureau à côté de celui de la Syrie.
Une autre figure inquiète ; l’ex-bourreau en chef de DAECH en Syrie (avant la scission avec Al-Qaïda/Al-Nosra), Shadi Al-Waisi, a été nommé « Ministre de la Justice ». Dans deux vidéos attestées et devenues virales début janvier 2025 sur X, on voit l’homme en train d’exécuter deux femmes jugées « immorales ».
Le nouveau ministre de la Défense, Murhaf Abou Kasra s’est affiché ces derniers jours avec le groupe djihadiste « Jaych al-Islam »
Le profil du nouveau ministre des Affaires étrangères est très intéressant ; issu du célèbre clan des Bani Shaiban, Asaad Hassan al-Shaibani (nom de guerre « Zeid Attar »), est diplômé en langue et littérature anglaises à l’Université de Damas en 2009, en architecture à l’Université de Damas, puis d’un master en sciences politiques et relations étrangères de l’Université Sabahattin Zaim d’Istanbul, ainsi qu’un diplôme online d’une université américaine.
Comments