Jihadistes VS France : du "blasphémateur" S.Paty aux chrétiens respectueux de la Basilique niçoise
Les attentats terroristes à Nice et à Conflans-Sainte-Honorine viennent de replonger la France dans la réalité de la menace jihadiste. Alexandre del Valle décrypte le contexte des attaques et revient sur la menace idéologique de l'islamisme radical.
L’attentat de la Basilique Notre Dame de Nice, survenu moins de deux semaines après la décapitation de Samuel Paty et dans le contexte hautement explosif d'une campagne de haine mondiale contre la "France blasphématrice" orchestrée par les Frères musulmans, la Turquie, le Qatar et le Pakistan, l'horreur barbare jihadiste de Nice démontre une fois de plus que les "coupeurs de Langues sont les "facilitateurs" des "Coupeurs de Têtes. Alexandre del Valle rappelle que l'islamisme radical est avant tout une menace idéologique, à combattre "à la racine", et que le jihadisme n'est que la partie émergée de l'iceberg islamiste-totalitaire, dont les Frères-musulmans, très présents à Nice comme ailleurs, sont la "matrice" doctrinale.
Alexandre del Valle : Une fois de plus, la stratégie de l'intimidation poursuit son implacable logique qui consiste à répandre le plus possible l'horreur, de façon la plus "diversifiée" possible, donc indiscriminée, car si des chrétiens respectueux des musulmans (et dont le Pape François est connu pour son islamophilie et son rejet des caricatures) peuvent être égorgés aussi bien que les "athées blasphémateurs" ou anticléricaux pro-Charlie, alors "N'IMPORTE QUI" peut être visé, et TOUT le MONDE peut et doit avoir peur. Qu'ils s'agisse des civils du défilé du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais ou des concerts de rock à Paris (Bataclan), TOUT LE MONDE doit savoir qu'il peut être mitraillé, des flics, aux civils, des élèves d'écoles juives, aux profs laïcards, des usagers de la RATP ou des militaires. Tel est le "génie" de l'islamisme "low cost" ou "3ème génération" tel qu'il a été défini et théorisé par AbouMoussab Al Souri, l'auteur de "l'Appel à la résistance islamique mondiale", qui conseillait un "jihad de proximité" et invitait les musulmans issus de l'immigration (comme lui, il était naturalisé espagnol) à remercier les sociétés "mécréantes" d'accueil en les décapitant pour les "soumettre" de l'intérieur.
Cette fois-ci, c'est en pleine église qu'une femme âgée de 70 ans, retrouvée décapitée près du bénitier de la basilique, un sacristain de 45-50 ans père de deux enfants, égorgé; et une mère de famille d'une trentaine d'années, atteinte de plusieurs coups de couteau, ont été massacrés dans un lieu de culte hautement symbolique, le jour même de la fête de la naissance du prophète Mahomet. L'acte rappelle bien sûr l'égorgement du père Jacques Hamel en pleine messe, le 26 juillet 2016, à 86 ans, dans son église Saint-Étienne de Saint-Étienne-du-Rouvray, après avoir refusé d'embrasser l'islam lorsque le jihadiste lui a dit la formule classique: "aslim taslam", "soumets toi et tu seras épargné", puis "convertis-toi". Comme les Moines de Tibéhirines dans les années 1990, égorgés sauvagement dans leur monastère en Algérie par des jihadistes du GIA, tous ces catholiques n'ont pas été tués en raison de propos ou intentions "islamophobes" ou pour leur "haine des musulmans" ou leur nostalgie des croisades. Loin des caricaturistes athées, ils étaient des catholiques adeptes du dialogue inter-religieux et fidèles d'une Eglise dont le Pape François est plus qu'attaché au "dialogue islamo-chrétien", a lavé les pieds de "migrants" musulmans en prison, et dénonce les "populistes racistes" anti-immigrationnistes en prônant au contraire l'accueil de tous. Cela signifie que les Jihadistes ne nous tuent pas pour ce que nous ferions, mais pour ce que sont les "mécréants", non musulmans chrétiens, athées ou laïcards, pro ou anti-Charlie.
Un jihadiste issu de l'immigration clandestine qui portait sur lui des papiers de la Croix-Rouge
Brahim Aouissaoui, le ressortissant tunisien auteur de l'attaque barbare, était un "migrant" en situation irrégulière. Il était arrivé début octobre en France après avoir gagné illégalement via les réseaux de passeurs l'île sicilienne de Lampedusa, fin septembre, puis Bari, dans les Pouilles, puis finalement Paris et Nice. Il venait de recevoir un avis d“exit slip”, par lequel il était supposé quitter l'Italie sous 7 jours et retourner en Tunisie. Et comme nombre de migrants illégaux qui profitent du laxisme judiciaire et de la dépénalisation de l'immigration illégale, Aouissaoui en a profité pour gagner tout aussi illégalement la France "maudite", selon l'expression du n° 5 de la revue de Daesh en français, Dar al Islam. Blessé durant l'assaut des policiers municipaux, Brahim va passer en garde à vue après avoir été hospitalisé en urgence. Comme trop de migrants illégaux, Brahim avait bénéficié de l'aide matérielle de réseaux associatifs pro-migrants progressistes ou catholiques, en l'occurrence la Croix rouge, qui accueille, aide les clandestins et leur fournit même des "kit" et mode d'emploi des failles juridiques et sécuritaires des pays "d'accueil".
Troisième attentat survenu à Nice depuis 2014
Toujours est-il que la ville de Garibaldi avait déjà fait face à deux attentats auparavant: le premier perpétré le 3 février 2015, qui visa et blessa deux militaires de l’opération Sentinelle devant un centre communautaire juif (double symbole), et le deuxième sur la promenade des anglais lors du 14 juillet 2016, qui fit 86 morts et dont le "maître-d ‘oeuvre" principal était déjà un Tunisien, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Le jihadiste avait foncé sur une foule pacifique venue assister à la fête du 14 juillet à l'aide d'un camion-bélier lancé sur la promenade des Anglais. Comme la plupart des autres terroristes qui frappent indistinctement toute sorte de cible, y compris des musulmans jugés d'office "apostats" (car acceptant les lois des "mécréants"), il prit pour cible une foule de civils à l'issue du feu d'artifice.
Et comme la plupart des terroristes qui recherchent la mort et en fait leur "salut" en finissant presque tous abattus par les forces de l'ordre, tel le tueur de Samuel Paty, le 16 octobre dernier, il finit abattu par la police et sont attentat fut revendiqué dès le 16 juillet par l'Etat Islamique. La ville de Nice est fortement touchée par l’islamisme sous différentes formes. Dans les années 2010-2015, elle est devenue l’une des principales bases françaises de départ pour le jihad en Syrie et en Irak. 150 jihadistes partis de Nice sont ainsi allés rejoindre le "pays de Sham", tant au sein du "Dawla" (l'Etat islamique), tantôt au sein d'Al-Qaida en Syrie (Al-Nosra/HTS), tantôt pour faire leur "Hijra" vers l'Etat islamique, alias "ad-Dawla". C'est par exemple de cette ville qu’est originaire le principal recruteur de djihadistes français Omar Diaby alias “Omsem”, d'ailleurs arrêté le 29 août dernier dans la ville de Harim, en Syrie. Cet ancien délinquant devenu "prêcheur, niçois d'origine sénégalaise, très charismatique, était à la tête de son propre camp en Syrie, tout en étant proche d'Al-Qaïda. Particularité rare: les jihadistes qu'il a recrutés sont allés tant vers l'État islamique qu'Al Qaïda, et d'autres ont même participé aux attentats du 13-Novembre 2015 à Paris. Auteur de vidéos de propagande, Omsen s'était autoproclamé "imam". En septembre 2016, les États-Unis l'avaient qualifié de "terroriste international".
D’autres attaques simultanées ailleurs en France
Ce même 29 octobre, plusieurs actions jihadistes ont été simultanément "inspirées", pas seulement par les littératures de Daesh ou Al-Qaïda, mais surtout, de façon plus diffuse, par la croissante rhétorique de "paranoïsation" des "coupeurs de langues" (Frères musulmans, Turquie d'Erdogan, Qatar et Pakistan en tête), qui jettent de l'huile sur le feu et fanatisent des musulmans à qui ils font croire que la France, l'Occident et les "mécréants" en général sont des "ennemis" diaboliques des Musulmans à blâmer et harceler. C'est ainsi qu'un homme a été interpellé tout près d’une église à Sartrouville après avoir voulu « faire comme à Nice”. Il a été arrêté non loin de l’église Saint-Martin par les policiers ce jeudi midi en possession d’un couteau. A Lyon, c'est un "réfugié" afghan qui, armé d'un couteau d'une trentaine de centimètres, a été interpellé, rue Victor Hugo, la même rue où fut perpétré un attentat à la bombe artisanale avait fait 13 blessés en mai 2019. L'individu, né en 1994 et connu des services de renseignements, était vêtu d'une djellaba et d'un treillis traditionnel. Son arrestation a semble-t-il permis d'éviter une nouvelle tragédie. A Djedda (Arabie Saoudite), c'est le Consulat général de France qui a également été l’objet ce matin d’une attaque au couteau ayant visé un vigile. En effet, les forces spéciales de sécurité diplomatique ont arrêté un citoyen de 40 ans après avoir attaqué un agent de sécurité au consulat Français à Djeddah avec un objet tranchant. Les jours du garde consulaire sont hors de danger.
Appels à la haine et menaces envers la France
Sur le Site internet du journal Mashahid TV, le communiqué d'appel jihadiste lancé le 25 octobre par "l’Agence Wikala aThabat", liée à Al-Qaida, et qui a "inspiré" le terroriste de Nice, Brahim, mérite d'être analysé, car il vise non pas des prêtres catho ou des partisans de Charlie Hebdo en particulier, mais n'importe quelle cible française, l'expression arabe utilisée ici étant: "a’mal tastahdif França” : "des actions ciblant la France". Le texte appelle donc de façon explicite à commettre des "actions" (au sens terroriste du terme) visant notre pays dans le cadre du « jihad individuel », dans le but double de "punir" tous les Français, jugés collectivement responsables et "bourreaux des musulmans", et de cibler des symboles caractéristiques de la France, de son identité honnie et de son histoire.
D'où les cibles catholiques: les islamistes savent parfaitement que les intellectuels et politiques français modernes, gagnés par la repentance pathologique, ont tendance à nier cette identité chrétienne, d'ailleurs combattue depuis les Lumières et la Révolution française puis mise de côté avec la République laïque anticléricale, et ils savent également très bien que les catholiques conciliaires (non intégristes) - dont le Pape François, grand partisan du "dialogue islamo-chrétien" - n'approuvent pas les caricatures de Mahomet et dénoncent l'islamophobie. Mais peu importe, cela démontre simplement que les Jihadistes ne frappent pas la France seulement parce qu'elle est laïque et "blasphématrice" mais pour ce qu'elle est en tant que pays non-musulman appelé à se "soumettre à l'islam" par l'effet de sidération et d'intimidation que produit la Terreur. D'ailleurs, dans le message de l'agence Thabat, comme dans les ouvrages d'Al-Suri ou Aboubaker Naji ou de l'ex-porte-parole de Daesh Al-Adnani et dans tant de "manuels" terroristes consultables dans le Dark Net, tous les modes opératoires possibles sont suggérés, dont les "armes blanches" ou "les voitures bélier contre la foule", afin que TOUS les mécréants aient peur et pas seulement les islamophobes. Leur jihad "démocratisé", conduit par des groupes ou individus "répondant à l'appel" pour gagner le Paradis des "martyrs" et faire avancer et connaître la cause du Jihad et du Califat, est en fait un message en lui-même: celui du "prosélytisme par la violence médiatique et mimétique".
Les "coupeurs de langues"
Au-delà des appels au meurtres explicites de mécréants par les "combattants du Jihad", ce qui est le "rôle" des Coupeurs de Têtes, il est bon de revenir sur le "travail" de préparation et de légitimation doctrinale mené bien en amont par les Islamistes plus "institutionnels", les "Coupeurs de Langues", ceux qui combattent eux-aussi les "mécréants islamophobes" mais de façon victimaire, détournée, au nom du "respect bafoué de la foi musulmane", de "l'antiracisme" dévoyé, qui fait passer pour tel la critique pourtant légale des religions. Ce travail des "Coupeurs de Langues" passe par des discours d'imams, des appels au boycott d'associations institutions religieuses officielles ou de personnalités politiques de premier plan. Il constitue un véritable processus de légitimation du jihadisme via la paranoïsation du musulman monté contre son "dominateur-bourreau" non-musulman diabolisé. Le lynchage islamique mondial de la France, des Français, du Président Macron, venu des quatre coins du monde islamique, y a grandement participé et a indirectement légitimé et encouragé "l'action" des "Coupeurs de Têtes".
Citons quelques exemples édifiants: -Depuis une Tchétchénie, qu'il tient d'une main de fer et où la Charià est appliquée, le président Ramzan Kadyrov, qui n'avait pas déploré la décapitation de Samuel Paty par un de ses ressortissants "réfugié" en France, a déclaré à propos du soutien d'Emmanuel Macron aux caricaturistes au nom de liberté d'expression: “Macron a dû faire cette déclaration, mais les conséquences d’une telle déclaration provoquent des réactions qui pourraient être très tragiques. Le Président français lui-même est maintenant comme un terroriste et en faveur des provocations, et il appelle secrètement les musulmans à commettre des crimes “ (Arabi sputnik).
On se souvient tout de même des propos de Kadyrov (que Poutine ne contrôle pas autant qu'il le dit), affirmant que l'assassin tchétchène de l'opposant libéral Boris Nemtsov (février 2015), accusé de "blasphème" pour avoir soutenu les caricatures de Mahomet, aurait agi pour "défendre la foi insultée des musulmans...
-Du côté d"Ankara, il est clair que le néo-Erdogan a lui aussi tout fait pour galvaniser les obsédés de la chasse à "l'islamophobie", alimentant la stratégie de la "paranoïsation" en accusant la France, Macron et les Français de souche de "persécuter" les musulmans et "insulter l'islam": “Tout ce qu'on peut dire d'un chef d'Etat qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c'est : allez d'abord faire des examens de santé mentale”, a-t-il lancé en violant les règles élémentaires de politesse et en créant ainsi une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays.
-Les attaques contre la France "islamophobe" sont venues de nombreux autres places fortes du monde musulman: outre l'Université islamique d'Al-Azhar, plus autorité du sunnisme mondiale, qui a déploré l'attentat mais rendu les caricaturistes responsables d'avoir "insulté l'islam" puis préconisé l'interdiction des caricatures et en général du blasphème, le Qatar, le Koweit et le Pakistan ont relayé la campagne d'Erdogan et des Frères musulmans visant à boycotter les produits français.
-Depuis Bamako, capitale du Mali, Etat pourtant secouru par l'armée française en 2012 face aux séparatistes jihadistes du Nord, Mohamed Traoré, un vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali, a affirmé que « La France et les Français ont dépassé les bornes. Ils ont touché à l'intouchable, notre prophète Mahomet. C'est impardonnable", menace à peine voilée dans la mesure où ce qui n'est pardonnable dans la Charià, dont le blasphème, y est clairement puni de mort. "Stop à la provocation. Sinon, il y aura pire», menaçait une banderole déployée dans la mosquée, pleine à craquer, où était notamment présent le très charismatique imam Mahmoud Dicko, ex-dirigeant du Haut Conseil et l'une des personnalités les plus influentes du Mali qui a contribué à faire renverser le gouvernement avant le dernier coup d'Etat militaire et qui ne cesse de fanatiser le peuple contre la France et les "mécréants".
-Malaisie: la palme des appels aux meurtres de Français et des attaques quasi officielles contre la France "mécréante" est venue de Malaisie, où l'ancien Premier ministre Mahathir Mohamad, grand artisan de l'ascension économique du pays et de sa réislamisation dans les années 1990-2000, a carrément écrit sur son compte twitter que “Les Musulmans ont le droit de tuer des millions de Français en représailles des massacres du passé”. De nombreux signalements ont été faits concernant le tweet, certes retiré depuis, mais le mal est fait, puisque en une heure à peine, il avait déjà été cité sur Twitter plus de 15 000 fois, pour le dénoncer ou pour acquiescer. Mahathir Mohamad a également expliqué que dans l’enseignement de l’Islam, "si vous manquez de respect à une religion, alors des gens en colère vont tuer. Les Français, au cours de leur histoire, ont tué des millions de gens. Beaucoup étaient des Musulmans ». De la part d'un chef d'Etat qui a été Premier ministre à deux reprises (de 1981 à 2003 et de 2018 à 2020), ces propos sont totalement inacceptables et irresponsables, mais nos belles âmes "antiracistes" sont bien plus enclines à dénoncer les "populistes" européens ou Trump - qui, eux, n'appellent pourtant à tuer personne - que les "Coupeurs de Langues" islamistes "officiels" qui préparent (en les légitimant moralement) les massacres consécutifs des Coupeurs de têtes". Mahatir poursuit en blâmant les Français dans leur ensemble: "Les Français devraient apprendre à respecter les sentiments des autres. Puisque vous blâmez tous les Musulmans et la religion Musulmane pour ce qu’une seule personne en colère à fait, les Musulmans ont le droit de punir les Français. Le boycott ne peut pas compenser toutes les fautes commises par la France toutes ces années (...). Tuer n’est pas un acte que j’approuve en tant que Musulman. Mais, alors que je crois en la liberté d’expression, je ne pense pas qu’elle signifie insulter les autres ».
Nice: terreau majeur de l'islamo-terrorisme tunisien en France.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les appels à la haine envers les "mécréants/apostats et les "blasphémateurs" sont non seulement légion, mais la plupart du temps impunis sur le sol même de France, y compris au sein de mosquées reconnues "représentatives" par l'Etat et au sein d'associations culturelles légalement enregistrées qui détournent la loi 1901 au profit du cultuel, avec en prime des aides publiques. Exemple parmi tant d'autres: dix jours seulement avant le massacre perpétré par Brahim Aouissaoui dans la Basilique Notre Dame de-l’Assomption à Nice, Béchir Ben Hassen, un imam tunisien vivant légalement en France malgré son ultra-radicalisme avéré, son soutien au terrorisme et même des délits passés, a appelé dans une vidéo Facebook à "décapiter tous ceux qui offensent Mahomet", notamment "les Français" soutenant Charlie Hebdo et "insultant l'islam".
Comme tant d'autres prédicateurs étrangers ou naturalisés français qui prêchent la haine anti-française et donc "crachent dans la soupe", Béchir Ben Hassen est connu des services français et de ceux de son pays d'origine, qui l'a d'ailleurs interdit de prêche en Tunisie depuis 2015. En Tunisie, il martelait que la seule source de la loi et du pouvoir ne peut être que la Charià, rejetant "tout ce qui n'est pas islamique", à commencer par les sociétés laïques. Joachim Véliocas , chercheur du CEMO (Centre d'Étude sur le Moyen-Orient)*, qui a enquêté en profondeur dans les librairies islamiques et mosquées de Nice et des grandes capitales françaises, rapporte qu'il avait notamment émis une fatwa pour interdire les célébrations du Nouvel an, vues comme une "forme de rétablissement de la soumission à l'Occident". Rappelons par ailleurs, le tribunal de Grande instance de Créteil avait lancé, le 4 juin 2012, un mandat d'arrêt international contre lui dans le cadre d'un différend l'opposant à sa femme française restée à Villiers-sur-Marne, à qui il avait soustrait de façon illégale les enfants comme le prévoit la charià. Le 4 juin 2012, il fut ainsi arrêté au Maroc par Interpol puis remis aux autorités françaises. Mais l'extrémiste tunisien sera relâché peu de temps plus tard, pouvant de la sorte continuer à organiser des conférences partout en France dans de nombreuses mosquées que d'autres prétendent bien entendu "modérées". Véliocas rappelle que, sur sa page Face Book, on peut suivre ses nombreux déplacements dans des mosquées et centres islamiques ayant pignon sur rue comme à Le Pontet, Stains, Villetaneuse, Le Bourget, Romainville, Montreuil, Argenteuil, Puteaux, Boulogne-Billancourt, Massy, Villejuif, Longjumeau, Sartrouville, Pontoise, (à Sainte-Geneviève-des-Bois, ses prédications étant d'ailleurs le plus souvent délivrées en arabe. Parmi les propos qu'il a l'habitude de tenir, on peut citer celui-ci: « Même des personnes aveugles qui ont perdu la vue ont vengé l’honneur de leur Prophète ! Par conséquent, la punition pour quiconque insulte le Prophète Mohamed est la mort. Il devra être puni en étant exécuté ! Cette exécution est approuvée par de nombreux versets du Coran, par la Sunnah et par un consensus de nos érudits du passé. »
C'est par cette argumentation que Béchir Ben Hassen a justifié à de nombreuses reprises les attentats contre les caricaturistes de Charlie Hebdo, notamment dans une conférence publiée le 10 janvier 2015 sur Internet et que les services de renseignements connaissent parfaitement. Comment ce prédicateur étranger, pourtant facilement condamnable et expulsable, de surcroit coupable de délits passé, peut-il encore librement à inciter à la haine, aux meurtres et au rejet des valeurs des démocraties occidentales dans des lieux de Culte? Certes, ses prêches en arabe s'abritent toujours derrière des textes religieux sacrés contenus dans le Coran, les Hadiths et la Sira, qu'aucune loi n'interdit de citer et de diffuser. Mais comment est-il possible qu'il ait réussi à obtenir un visa d’entrée sur le territoire français et enseigner dans les grandes Mosquées de France les lois de la charià les plus violentes sans jamais être expulsé vers son pays?
Cette question nous amène à aller encore plus loin dans le constat de la "pénétration islamiste" de la société française y compris au niveau le plus "respectablement institutionnel", y compris dans la ville de Nice qui est le sujet central de ce papier. Le 21 juillet 2016, Abdelkader Sadouni, imam-prédicateur et libraire du centre-ville de Nice, à la tête de la mosquée Attaqwa (quartier des Moulins), défendu par Christian Estrosi lui-même, aurait déclaré dans le journal Il Giornale: «Les attaques sont seulement la faute des Français ». Bien évidemment, Sadouni a catégoriquement démenti en affirmant que l'on aurait "travesti ses propos". Sadouni, l’un des religieux musulmans les plus écoutés parmi les prédicateurs à Nice, est connu pour ses sermons, son activité de libraire et son action de "déradicalisation" auprès des "jeunes".
Au quotidien Il Giornale qui lui demandait comment expliquer cet engouement terroriste des jeunes musulmans fils d'immigrés de seconde ou troisième génération, l'imam a par contre répondu ces propos tout aussi choquants et qui revient au même que le titre de l'interview démenti par lui : "Ceci témoigne de l’échec des politiques françaises envers l’Islam. La discrimination des musulmans en France, les attaques islamophobes et interdire l’usage public de symboles religieux sont la raison qui pousse ces jeunes gens ne se sentent pas partie de la communauté nationale et décident d’aller se réunir avec ceux qui croient être son prochain. Je pense que la situation des musulmans en France est le premier facteur qui pousse de nombreux jeunes hommes à se battre. Tant que les mosquées seront si peu nombreux, jusqu’à ce que leur construction entraînera des manifestations jusqu’à ce que les musulmans seront discriminés, alors ces réactions seront. Réactions certainement mauvaises, mais réels et devant lesquels vous avez à éradiquer le phénomène qui les génère". Ce victimisme totalement déresponsabilisant qui en dit long sur le travail de sape des "coupeurs de langues" de l'islam institutionnel qui ne diffèrent en réalité pas de l'islamisme jihadiste des "Coupeurs de Têtes" sur le fond, mais seulement sur le degré, le but final néo-califal suprémaciste fréro-salafiste -inspirant les deux.
L'imam poursuit ainsi: "Le problème de la communauté musulmane est qu’il n’a pas sa place dans la société française. La France est un pays laïc, qui est opposé à la promotion de la religion et de sa manifestation (...). Ce faisant l’Islam est mis dans le coin, discriminé les musulmans et seulement attaqués parce qu’ils veulent pratiquer leur foi. Le problème ne vient pas de la communauté musulmane, mais du fait qu’il y ait un manque de volonté de lui donner plus d’espace dans la société". Abdelkader Sadouni est malgré cela défendu par Christian Estrosi depuis des années, ce dernier qualifiant son association de « totalement modérée ». Pourtant, force est de reconnaître que l'imam "estrosiste" est loin de représenter un "islam tolérant": dans la librairie islamique qu'il tient, nommée Le Message/ ArRissala, c'est toute la littérature classique de la Charià et des Frères-Musulmans les plus radicaux qui y est diffusée. On peut citer notamment Le livre La Foi Musulmane de Hani Ramadan (éditions Maison d’Ennour, 2008), le Frère de Tariq Ramadan qui soutenait les pires dispositions mortelles de la Charià et dont Sadouni est notoirement proche.
A la page 31, on peut lire : « le concept de laïcité est étranger à l’islam. Il ne peut y avoir un domaine réservé à la foi, et un autre réservé à la vie mondaine et active ». Puis page 65 : « L’Islam, c’est une doctrine et un mode de vie, une vérité et une action, une idée et un combat ». Rappelons que Hani Ramadan, dans un recueil de prêches vendu dans la librairie de l'imam, écrit quant à lui : « Le monde musulman est en ébullition. Cette force peut et doit être orientée vers un Etat islamique, un Etat appliquant le Coran et la Sunna.(…) Les musulmans ne retrouveront jamais leur bonheur perdu s’ils ne reviennent pas au jihad et ne cherchent pas à établir un Etat Islamique ». (Hani Ramadan, Sermons du vendredi rappels et exhortations, éditions Tawihd, 2011, page 465). Dans cette librairie pro-frériste de Nice, on trouve aussi l'ouvrage du plus respecté et gradé des Juristes-théologiens-prédicateurs des Frères musulmans dans le monde, le célèbre et ultra-radical Yousouf Al-Qaradâouî, intitulé Où est la faille ? Réflexions sur la crise du monde de l’islam (édition Ennour, 2004).
Le « martyr sur la voie de dieu » y est loué (pages 24-25), confortant même les attentats suicides que Qardaoui a longtemps légitimé, notamment contre les leaders arabes "Apostats" et les Juifs-sionistes. par ailleurs le co-président et fondateur de la plupart des associations et centres islamiques des Frères musulmans en France et en Europe, Qardaoui y exprime son suprémacisme islamiste décomplexé:« La clef de la personnalité de cette communauté est bien la foi qui a fait d’elle la meilleure communauté qui ait été suscitée pour les gens, lui permettant ainsi de vaincre les empires les plus puissants de la terre nonobstant son nombre réduit et ses moyens faibles". Pour Qaradâouî, le rôle de la religion est "la direction de la société et l’imprégnation par son esprit de tous les domaines de la vie : la foi et la dévotion, l’éthique et le comportement, la pensée et la conscience, la législation et l’orientation, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif ». Après avoir défini sa stratégie d'entrisme (p45), il précise pour "assurer la suprématie de l’islam" (p53): « Le groupe islamique qui fera triompher l’Islam doit être bâti aussi bien sur l’unité de la conception et de l’organisation que sur l’unité des sentiments ». P 86, Qardaoui, par ailleurs président de l'Union mondiale des "savants musulmans", rappelle que les musulmans doivent "se montrer fidèles à la loi islamique et réprouvant l’athéisme, le libertinage et la laïcité", la loi islamique étant "la première et la principale source législative".
Toujours page 86, il enchaine sur "l’engagement militaire du Mouvement islamique" mondiale de la Palestine aux Philippines:
« Il [Le Mouvement Islamique] a été pour beaucoup dans la génération de ce que l’on a appelé 'l’éveil islamique' contemporain, qui a séduit un grand nombre de jeunes intellectuels, de par le monde musulman et même en Europe, en Amérique et en Extrême Orient. Il a stimulé le combat sur la voie de Dieu notamment en Afghanistan et aux Philippines, a créé les banques et les institutions économiques islamiques, et a encouragé la diffusion du livre islamique au point que celui-ci a battu des records dans sa distribution. ». Très éclairant pour comprendre son rôle dans la diffusion de la pensée islamiste totalitaire, on peut lire à la page 47 : « Il est du devoir des leaders du mouvement islamique, aujourd’hui, de tenter le rapprochement et la conciliation entre les différents groupes (...): Al Ikwân Al-muslimûl [Les Frères Musulmans] ; Les Salafites, Al-Jihâd; Hizb At-tahrîr Al-islâmî [Le parti de libération islamique, ultra-radical et qui a été très lié à Al-Qaïda et veut rétablir le Califat mondial; At-Tablîgh (mouvance islamiste-intégriste radicale indo-pakistanaise); puis la Jamâ’a Al-Islâmiyya" pakistanaise, fondée par le théoricien du jihâd offensif Abu ala Maududi (1903-1979), inspirateur majeur des Frères musulmans.
Attaques d’églises et Reconquête de l’Andalousie
Joachim Véliocas (CEMO) a analysé un autre ouvrage trouvé dans cette librairie de Nice dirigée par l'imam frériste Abdelkader Sadouni "préféré" de certains élus niçois soi-disant à la pointe de la sécurité et de la lutte anti-islamiste et anti-terroriste : Les Signes de la Fin des Temps dans la tradition islamique (éditions Alif, 2014), une compilation de textes des "savants" musulmans sur l’eschatologie musulmane et la science du Hadîth. Le grand théologien et juriste andalou al Qurtubî (1214-1273) y annonce notamment une "reconquête armée de l’Espagne à la fin des temps, qui suivra celle de Constantinople (P 69) et décrit un "Jésus musulman, revenant à la fin des temps (parousie) en haut d’un minaret de Damas, pour prendre la tête des armées musulmanes et « briser la croix ». L'ouvrage et mentionne surtout le hadith préféré des jihadistes qui justifie la destruction d'églises, (Sahih al-Bukhari, volume 4, Livre 55, Numéro 657). Autre ouvrage présent et bien connu des islamologues, Le Wajiz ou Le sommaire de la jurisprudence (éditions IIPH, 2011), écrit par le « savant » égyptien Abdeladhim Ibn Badaoui (International Islamic Publishing House). Cet ouvrage de jurisprudence sunnite explose les « sanctions légales » prévues par la charià, comme la condamnation à mort de l’apostat, les « cent coups de fouet » pour les « fornicateurs célibataires » ou la lapidation de la femme non mariée qui vient d’accoucher.
Le chapitre intitulé « Le livre du Djihâd » est édifiant et pourrait figurer dans un numéro des revues de Daesh ou Al-Qaida. L'idée centrale est que la guerre contre les non-musulmans est légitime dès que les mécréants refusent de se soumettre: « Il est recommandé de faire fréquemment le djihad et ce, d’après les versets, les hadith et les propos des compagnons et des adeptes qui ont mentionné ce sujet. Le djihad est obligatoire au moins une fois par an, car le Prophète, depuis qu’il lui a été ordonné, ne l’a pas délaissé une seule année et suivre son exemple est une obligation. (…) En islam, les hostilités ne sont déclarées qu’après un ultimatum où l’ennemi devra choisir entre trois options : la conversion à l’islam, le payement d’un tribut, ou la guerre (...). Aucun pacte ne doit se conclure sauf si les musulmans se trouvent en état de faiblesse, et dans ce cas, cette disposition doit être provisoire» (Abdeladhim Ibn Badaoui, Le Wajiz, éditions IIPH, 2011, page 566). Au vu de tous ces textes diffusés par la librairie islamique niçoise, Le Message, sise en plein centre-ville rue de Suisse, "gageons que le ministère de l’Intérieur ferme prochainement administrativement ce foyer de radicalisme", conclut ironiquement Joachim Véliocas, sans illusion, puisque Christian Estrosi a qualifié l’association musulmane de Sadouni de « totalement modérée ».
En guise de conclusion
Si c'est cela la "modération", on se demande ce qu'est "l'extrémisme". Avec des responsables musulmans officiels comme ces imams et prédicateurs, dont les mosquées et centres ou écoles islamiques ont pignon sur rue mais enseignent la même théologie liberticide et violente issue de la charià fréro-salafiste et classique, il est clair que l'on pas besoin des réseaux jihadistes de Daesh ou Al-Qaïda et de leurs "manuels" ou "kits jihadistes" pour "radicaliser" les "jeunes" et légitimer le passage à l'acte terroriste... Bref, avec des "amis" comme les Frères musulmans, le Qatar, la Turquie d'Erdogan, leurs imams et réseaux officiels islamiques qui quadrillent les quartiers, tiennent écoles et librairies islamiques, mosquées et "centres associatifs", puis "déradicalisent", il apparaît évident que l'on a nul besoin d'ennemis... * Joachim Véliocas, chercheur au CEMO, basé à Paris, dirigé par les islamologues franco-égyptiens Abdelrahim Ali et Ahmed Youssef, est également le fondateur du site islamisation.fr, et auteur de l'ouvrage remarqué "Ces maires qui courtisent l'islamisme".
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