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Les « returnees », enfants terroristes maudits de la Nation que celle-ci s’apprête à accueillir à se

Le retour de « combattants étrangers » et la libération de terroristes ou détenus radicalisés remet la question de « l’idéologie djihadiste» sur la table.




En réalité, hormis l’indignation du citoyen lambda, les autorités et les élus continuent d’éluder la genèse idéologique du fait terroriste islamiste et se contentent de moyens palliatifs inopérants, quand ils ne nous disent pas qu’il faut « s’habituer » au fait djihadiste comme on s’est « habitué» aux voitures brûlées et pillages urbains depuis 30 ans. Devant la vague de retours et libérations en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas (les pays « producteurs » de combattants et de « radicalisés », près de 85% de tous les combattants étrangers), Alexandre del Valle déplore un discours morcelé qui ne parvient pas à réconcilier les notions de société « multiculturelle » et celle d’appartenance. Et il rappelle que les djihadistes et autres islamistes plus « institutionnels » ou « repentis » savent mieux que quiconque « tromper » les Mécréants (taqiya) et instrumentaliser tant les lois ultra-protectrices des individus (contre la collectivité) que la culpabilisation pathologique de l’Homme occidental.



Qu’ils soient des « Returnees » revenus de l’enfer du Jihad syrien ou irakien, ou des « libérés » (terroristes hexagonaux ou candidats frustrés de Daech n’ayant pu partir vers la Syrie), les jihadistes « français » et autres islamistes « européens » - radicalisés en prison, dans les cités, sur le Web ou dans les mosquées, condamnés pour avoir collaboré avec Daech ou Al-Qaïda en Syrie, en Irak, au Yémen, en Afghanistan ou en France - sont de retour dans le pays qu’ils détestent. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, ceci qu’ils viennent du Califat moyen-oriental, qu’ils sévissent impunément dans nos rues et villes ou qu’ils purgent leurs peines (jamais longues) dans nos prisons, elles-mêmes incubatrices de jihadistes.


Au-delà du côté sensationnel et inquiétant de la chose, le retour en France ou la libération de 130 jihadistes venus de Syrie et de 300 ou 400 libérés de nos prisons ou bientôt libérables, met en lumière la question du rapport entre la nation et ses citoyens, quels qu’ils soient d’ailleurs. Juridiquement et théoriquement « Enfants de la nation », ces personnes ont pourtant tout fait pour marquer leur désappartenance, pour se « désassimiler » (« se désavouer des « Nations mécréantes » comme ils disent). Ils ont pourtant clairement brisé d’une façon solennelle, violente et définitive les liens qui les reliaient à la société dans laquelle ils ont grandi et dont ils veulent ouvertement la perte par-dessus tout. Ils ont même souvent eux-mêmes filmé le moment « béni » où ils ont brûlé leurs passeports français, belges, britanniques, suédois, etc.


Nombre d’entre ces Jihadistes de « 3 ème génération » partis en Syrie ou ailleurs pour combattre au nom du Dieu des musulmans et du Califat, ont fait ou vont donc faire le chemin du retour vers nos sociétés. En plus de ces « returnees », il faut également compter les « libérés », ceux dont il va bien falloir gérer la liberté après qu’ils aient purgé leur peine, sachant que pour beaucoup d’entre eux, la prison n’a aucunement accompli la mission de pré-réinsertion consistant à changer leur logiciel totalitaire-sectaire-prédateur. Bien au contraire. La plupart du temps, l’univers carcéral a même plutôt renforcé leur férocité, leur rancune anti-occidentale et leurs convictions fanatiques et subversives. Ces jihadistes qu’ils soient des revenus ou des acteurs « endogènes » restés ici ou empêchés de faire leur « Hijra » vers le « Califat », reviennent donc à la société qui a passivement assisté à leur évolution vers le statut d’irréductibles ennemis de l’intérieur.


Des sociétés fragmentées, fières de le leur « multiculturalisme », dont les élites feignent en public de ne pas voir que les zones de « non-droit » et de « non-France » sont non seulement en phase de séparatisme, comme l’ont déploré François Hollande et Gérard Collomb eux-mêmes, mais sont devenues des bases-arrières logistiques, idéologiques et ethno-communautaires locales de l’ennemi global islamo-jihadiste. Des zones incontrôlables où prospère une contre-société islamiste et anti-occidentale qui accueillent et protègent les futurs ou ex-jihadistes soit parce qu’ils sont perçus comme des héros dotés d’une aura de combattant rebelle/« bad boy », soit parce que l’esprit de corps « muslim » prime sur la loyauté envers l’Etat mécréant. La « réinsertion » problématique et l’« accueil » (inévitable dans une société démocratique complexée) illustrent le paradoxe de l’idéologie cosmopolitiquement correcte qui veut que l’individu puisse faire valoir ses « droits » quels qu’ils soient, notamment celui de n’appartenir à sa nation que selon des modalités que lui seul aurait le droit de définir (droits économiques, sociaux et judiciaires), alors que c’est justement parce que la Nation reconnaît cet individu comme sien qu’il peut y revenir. Une totale asymétrie.


Les nombres


- En Belgique, quelques 182 « terroristes, complices de terroristes, prédicateurs de haine » ou autres « personnes radicalisées » ont été libérés. Parmi ces personnes, 74 devront faire l’objet d’une surveillance. Il reste encore 230 personnes condamnées pour faits de terrorisme incarcérées dans les prisons belges. Des quartiers comme Molenbeek à Bruxelles et des villes-jihadistes comme Verviers n’ont pas cessé d’être des foyers de radicalisme et d’incubation de barbarie terroriste belgophobe et occidentalophobe. Chacun le sait, mais nos élites intellectuelles, politiques et judiciaires « tolérantes » s’enorgueillissent du fait que les démocraties libérales soignent, réinsèrent, accueillent tous ses « enfants », même ses enfants les plus maudits, irrécupérables et dangereux.

- En France, trente détenus jihadistes ont été libérés en 2018, et l’on sait que plus d’une trentaine sera également libérée en 2019, ce qui n’est pas pour être rassurant.


Mais ce chiffre n’est que la partie émergée de l’Iceberg, car en dehors de ces terroristes patentés, on sait que 450 radicalisés islamistes détenus de « droit commun » vont être libérés d’ici la fin de l’année 2019, d’après le ministère de l’Intérieur lui-même… Si certains de ces libérés (très peu) pourront ensuite être extradés vers leurs pays d’origine (comme quoi, l’origine compte encore), il reste à voir ce que la Cour européenne des droits de l’homme trouvera à dire à cela, d’autant que la mesure (légale) de déchéance de nationalité française pour ceux qui ont une autre nationalité, n’est pratiquement jamais pratiquée pour des raisons de principe et de politiquement correct. Dans le cas de Mohamed Achamlane, par exemple, le leader du groupe islamiste pro-jihadiste Forsane Alizza (alias « Les Cavaliers de la fierté »), créé en août 2010 en France et interdit par la suite pour propagande favorable à Daech et au Jihad, la Cour doit décider si son expulsion vers l’Algérie est en « contravention de ses droits », Achamlane ayant argué qu’il « risquait un traitement dégradant dans son pays d’origine »...


On se rappelle du cas d’école célèbre du voyou-islamiste franco-algérien Mohamed Chalabi, qui, après avoir été condamné puis emprisonné pour avoir financé le GIA algérien, fut frappé d’une mesure d’expulsion en 2001. Il fut défendu âprement par des ténors du barreau comme Mes Pierre Haïk et Isabelle Coutant-Peyre qui le présentaient comme une « victime » de la justice algérienne qui « risquait » de le condamner à mort », alors qu’il finit par être acquitté.


On se rappelle également du cas de l’islamiste également franco-algérien, Djamel Beghal, qui fut condamné à vingt ans de prison par contumace en 2003 pour appartenance aux réseaux terroristes algériens et qui devint en prison le mentor de Chérif Kouachi et d’Amedy Coulibaly. Lorsqu’il a été libéré de prison en 2018, soit cinq ans plus tôt que prévu, il a été expulsé vers l’Algérie et cela a choqué nombre de belles âmes qui « craignaient » pour ses « droits ». Bien que jugés « choquants » pour nombre de « défenseurs des droits » en Europe, ces cas sont plutôt rares, car de coutume, ce type de profil a plutôt tendance à ne pas être extradé. Nos ennemis, même les plus barbares et les plus hostiles aux « lois mécréantes », connaissent et savent très bien instrumentaliser ces mêmes normes « impies » lorsque cela leur convient.


-Au Royaume-Uni, les terroristes islamistes sont actuellement près de 200 dans les prisons, sans compter les « extrémistes » condamnés pour crimes dits « mineurs » comme la propagande pro-Daesh ou le soutien financier à des combattants. Ceux-là ne purgeront que 5 ans maximum, la plupart moins de quatre ans. Depuis 2014, 312 d’entre eux ont été libérés. Dehors ou dedans, ces individus entraînent un coût pour la société qui n’est pas que financier. Dedans, ils radicalisent d’autres détenus. Dehors, ils doivent être surveillés, être « réinsérés » à coups de programmes éducatifs, d’activités particulières.


Les revenants à proprement parler


Depuis le début du conflit en Syrie (2011), ce sont des milliers de ressortissants européens qui sont partis grossir les troupes islamistes de Daesh là-bas. D’après un rapport du Parlement européen daté de mai 2018, les chiffres en 2016 tournent aux alentours des 5 000 personnes, principalement venant de Belgique, Allemagne, Royaume-Uni et France, et dont 30% seraient déjà revenus dans leur pays… certains n’étant pas localisés/identifiés formellement. Après deux vagues de retours – en 2013/2014 et en 2015, on estime que la troisième vague de « returnees » devrait être plus faible, nombre de combattants ayant péri à l’étranger. La proportion de revenants sur le nombre de départs pour l’Irak ou la Syrie varie énormément selon les pays. Le Danemark compterait 46% de retours, pour 12% en France, 30% en Belgique et Allemagne, 50% au Royaume-Uni.


D’après des sources concordantes émanant des services antiterroristes, à peu près 130 personnes - cinquante hommes et femmes et des dizaines d’enfants - actuellement dans les mains de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) pourraient revenir bientôt en France. La Belgique estime à près de 500 le nombre de combattants étrangers, dont un tiers serait revenu (chiffres au 31 janvier 2018), un tiers serait mort, et le reste toujours en Iraq ou en Syrie. Sur 960 départs d’Allemagne, 300 seraient revenus au pays (150 seraient morts en Iraq ou en Syrie). Le Royaume-Uni a le plus haut taux de retours (425 retours sur 850 départs). Le Danemark aurait retrouvé 35 de ses 145 départs. En février 2017, les Pays-Bas estimaient à 280 le nombre de leurs ressortissants partis combattre au Proche-Orient, dont 18% seraient revenus.


En Suède c’est 150 returnees sans suivi de la police qui avaient fait leur retour, nombre d’entre eux étant paraît-il « protégés » par le gouvernement pour permettre leur réinsertion. Europol prédisait une vague de mille retours – ce que le rapport du Parlement européen atténue en tablant sur la proportion de décès – suite à la « chute » de Daesh (une information fausse s’il en est, puisque Daesh et Al-Qaeda sont en recrudescence au Moyen-Orient mais aussi en Afrique). Alternativement, les Nations-Unies estiment que 40 000 individus en provenance de 120 pays auraient « répondu à l’appel d’organisations terroristes transnationales ».


Les « returnees » ne reviennent pas seuls !


Ils reviennent en effet avec leur famille : femmes épousées ou parties les rejoindre, enfants souvent conçus là-bas, ce sont autant de personnes qu’il faut pouvoir « réinsérer ». En Suède, pays le plus « avancé » en matière de non-discrimination », ils ont même la vie belle de retour au pays honni puisqu’ils reçoivent des aides spéciales, des offres d’emplois et bénéficient de programmes de réinsertion particulièrement confortables, processus également en partie repris par la Belgique qui jugeait dans un rapport officiel récent les jihadistes et radicalisés globalement « récupérables ».


Hommes et femmes sont distribués différemment selon les pays. Les hommes constituent 83% du total des départs, mais les Pays-Bas par exemple ont un taux plus bas : 68%. En France, 17% sont des femmes, donc 320 sur 1910 départs, mais en février 2018, 72 sur 256 revenants sont des femmes (28%). Selon les chiffres du rapport, le nombre d’enfants en Iraq et Syrie varie entre 140 pour la Belgique, et 460 pour la France (l’Allemagne en aurait 290, les Pays-Bas 80). Pour les « épouses jihadistes », la difficulté est d’établir leur implication dans le terrorisme. La plupart prétendent avoir été « forcées », et souvent leur rôle là-bas n’aurait été que « conjugal » et « humanitaire ».


La protection des droits de l’enfant interdit de séparer les enfants de la mère, c’est ce qui a d’ailleurs mené à ce que deux femmes ont porté plainte contre la Belgique qui cherchait à rapatrier leurs six enfants sans elles. Les enfants de « revenants » nés sur les terres du « Califat » ou partis de France avec leur famille seraient majoritairement âgés de moins de 7 ans, selon la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. À leur arrivée, ces « lionceaux du Califat » seront pris en charge par le juge des enfants, avant d’être ensuite placés dans des familles d’accueil, ou même confiés à des proches restés en France, ce qui n’exclut pas qu’ils retombent ainsi dans les filets d’islamistes radicaux. Quant à ceux qui sont partis en Syrie à 15, 16 ou 17 ans, bien qu’ayant réellement commis des actes barbares et bien qu’ayant pris le goût du sang après avoir été formés aux techniques du mensonge et de la propagande, il sera très difficile voire impossible de les emprisonner longtemps et donc de les juger sévèrement dans la mesure où ils pourront arguer de leur minorité au moment de leur départ…

Suite au prochain épisode.

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