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La haine de l'Occident : des BLM à la Turquie néo-ottomane d'Erdogan, entretien avec Pierre

Pierre Rehov est reporter de guerre, réalisateur de documentaires, chroniqueur dans la presse française, israélienne et américaine et auteur de nombreux romans. Depuis 30 ans, il explore le Moyen-Orient et étudie les phénomènes extrémistes (islamisme radical, rouges-bruns verts, communistes révolutionnaires, négationnistes, terroristes, etc). Récemment, il s'est penché sur le mouvement "Black Lives Matter", qu'il assimile, comme l'islamisme, à une forme de "fascisme du sud" qui prend pour cibles les Blancs-Occidentaux en général et les Juifs en particulier... Il a accepté d'aborder avec nous tous les sujets d'actualité brûlants: normalisation des relations Emirats-Israël; jihadisme, Black Lives Matter, menaces turques en Méditerranée, Gaza, Liban, Frères musulmans, etc, toujours avec brio, sans langue de bois mais surtout en s'appuyant sur des données documentées et sur une expérience de terrain hors pair.



Alexandre del Valle : Vous avez une longue expérience du terrorisme djihadiste, de l’islamisme et des totalitarismes en général. Êtes-vous étonné de l’évolution neo-ottomane impérialiste d’Erdogan en Méditerranée.


Pierre Rehov: Non! Aucune des agressions d’Erdogan ni sa volonté impérialiste affichée ne sont surprenantes quand on se penche un tant soit peu sur l’historique personnel du dictateur. Dans sa jeunesse, il était footballeur dans l’équipe Kasimpasa avant d’entreprendre une carrière politique au sein de mouvements islamistes, qui l’a conduit à être élu maire d’Istanbul en 1994, sur la plateforme du « Parti Islamiste du Bien-être ». Peu après son élection, il était déchu de son poste, interdit de fonctions politiques et emprisonné pendant quatre mois pour incitation à la haine religieuse. Une condamnation peut-être un peu extrême puisqu’il s’était contenté de réciter publiquement un poème du nationaliste islamiste Ziya Gökalp. Mais, dans le fond, son exaltation révélait une tendance anti-Chrétiens et antisémite qui s’exprimera par la suite dans une grande partie de ses actions. J’en donnerai pour exemples sa confrontation ouverte et permanente avec Israël, alliée de longue date de la Turquie, qu’Erdogan tente de pousser dans un coin du ring chaque fois qu’il en a l’occasion (la crise du Marmara, par exemple, durant laquelle Erdogan a encouragé des organisations islamistes turques à forcer le blockhaus de Gaza, une provocation savamment orchestrée dont on connaît le résultat tragique mais inévitable) et le récent affront à la Chrétienté par la transformation officielle en mosquée de la Basilique Sainte Sophie, symbole historique du christianisme d’Orient.


ADV: Et quid de son soutien à Daech en Syrie en 2014-2016 ainsi qu'à des groupes djihadistes syriens et libyens proches d’Al Qaïda aujourd’hui, sans oublier le Hamas à Gaza... ?

Pierre Rehov : Un fait essentiel à retenir concernant Erdogan est son soutien indéfectible à l’organisation terroriste des Frères Musulmans. Avant d’être un nationaliste turc, ce qui serait en son honneur dans une époque de mondialisation effrénée, Erdogan est un pur islamiste, qui ne s’est pas privé d’intervenir dans les affaires internes de l’Egypte, lorsque l'ex-président frériste Mohamed Morsi a été déchu et remplacé par le président actuel, Abdel Fatah Al Sissi.

Bien qu’Erdogan ait tenté de présenter l’image d’un Islam « civilisé », basé sur les enseignements soufis de Shamsuddin al-Tabrizi et Jalaluddin Runi, son entourage a été fasciné par l’expérience égyptienne (l’élection d’un terroriste islamiste à la tête du pays) au point de traduire en turc et de rependre les enseignements d’Hassan al Banna, le fondateur des Frères Musulmans et ceux de Sayyid Qutb, le plus célèbre théoricien du jihadisme du 20ème siècle, lui-même dignitaire majeur des Frères musulmans et référence de tous les islamo-terroristes jusqu'aux auteurs des attentats de Charlie Hebdo qui le lisaient...


Les larmes qu’Erdogan a versées lorsque les forces de sécurité égyptiennes ont pris d’assaut le sit-in de Rabas Al-Adawiya ont été une preuve supplémentaire de son affiliation aux Frères Musulmans et de leur intérêt mutuel à restaurer « l’ère de la domination islamique » considérée par les Frères comme la seule protection de la « nation islamique » (la Oumma et le Califat islamique).


Déjà en 1996, bien avant son ingérence dans la politique interne de l’Egypte et ses déclarations sulfureuses contre Al Sissi, Erdogan avait tenté de faciliter la montée d’un nouveau pouvoir islamique, le « groupe des huit », composé de la Lybie, de l’Iran, du Pakistan, de l’Indonésie, de l’Egypte, du Nigéria du Bangladesh et de la Malaisie. Une maoeuvre relativement contre nature, car il est plus difficile de réconcilier Shiites et Sunnites que de forcer les dirigeants palestiniens à accepter le moindre processus de paix qui ne conduirait pas à la disparition d’Israël, et qui a évidemment échoué.

L’idéologie d’Erdogan est renforcée par les liens étroits qu’il a entretenus avec Necmettin Erkaban, fondateur en 1969 du parti Milli Görüs, les Frères Musulmans turcs. Je citerai le journaliste saoudien Khaled AlSharref : « Les liens de Erdogan avec les Frères remontent aux années 70, lorsqu’il était l’un des élèves politiques les plus fiables d’Erbakan, le père de l’islamisme en Turquie… une époque où ils faisaient face à la répression de l’establishment laïque ».


Bien évidemment, le dictateur turc se défend d’appartenir à tout autre parti que le sien, le « modéré » AKP qui l’a mené à la victoire de 2002. En réalité, de nombreux rapports soulignent le soutien que la Turquie a prodigué à la Confrérie frériste par des armes et des militants, notamment l’envoi en Egypte de l’officier de renseignement Irshad Hoz, qui a été arrêté par la police d’Al Sissi. Après la révolution du 30 juin, Erdogan a accueilli de nombreux fugitifs « fréristes » en coordination avec le Qatar et l’organisation terroriste Hamas (dont il continue d’héberger plusieurs membres). La Turquie a également accueilli deux conférences des Frères, sous la houlette du milliardaire frériste Youssef Nada (ex président de la Taqwa Bank de Lugano, fief financier des Frères, accusée d'avoir financé des ONG islamiques impliquées dans les attentats du 11 septembre 2001), et des leaders Rashed Al Ghanoushi et Mohammad Riyad al-Shafaka. Les exemples de connexion entre la Turquie et les Frères Musulmans sont si nombreux qu’il faudrait leur consacrer un dictionnaire! Mais ce qu’il faut retenir c’est que les manœuvres d’Erdogan, comme le récent pacte avec la Lybie qui lui permettrait techniquement de s’accaparer une partie des eaux économiques de la Grèce et qui le conduit, au moment où paraissent ces lignes, à un affrontement qui pourrait dégénérer au sein même de l’OTAN, sont en droite ligne avec les théories impérialistes et génocidaires des Frères Musulmans. Sans surprises, la Turquie d'Erdogan vient juste de réagir aujourd'hui à l'annonce de la normalisation des relations entre les Emirats et Israël en envisageant de "rompre les relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis, en pointe dans la lutte contre les Frères musulmans. Erdogan fulmine, c'est terrible pour lui qui surfe sur le palestinisme et les Frères pour "séduire les Arabes" de voir un pays arabe puissant avec l'Egypte faire exactement le contraire!


ADV: Le pdt Macron a été le moins passif de l’UE en renforçant les dispositifs militaires pour protéger Chypre et la Grèce menacées ces jours-ci par l’armée turque. Qu’en pensez-vous et comment réagissent les États Unis et Israël ?

Pierre Rehov: La France s’est toujours targuée d’être le « Pays des droits de l’homme », ce qui est, malheureusement, incompatible avec la « politique arabe » instaurée par De Gaulle et suivie par ses successeurs. Je comprendrais, évidemment, le soutien de la France aux peuples arabes, mais les intérêts économiques de l’Hexagone, qui priment sur toute autre considération quel que soit le gouvernement ou le pays, l’ont conduit trop souvent à prendre parti pour des dictatures, voire des organisations terroristes, lorsque ses intérêts étaient en conflit avec la morale ou l’éthique. L’une des dernières incartades de ce président, qui n’en est pas à une erreur stratégique près, est son soutien à l’organisation terroriste Hezbollah, après son voyage médiatique au Liban, partant du principe établi par le Quai d’Orsay qu’il faut se reposer sur des organisations solides et prendre systématiquement parti pour les dirigeants musulmans, quel que soit leur passif au niveau des droits de l’homme. Un principe écrit à l’encre rouge-foncée du sang mélangé au pétrole.


Ce n’est donc pas par hasard que Monsieur Macron monte sur ses petits ergots pour contrer la volonté impérialiste ottomane au moment où il tente de sauver l’Iran de sa crise économique et de renforcer son avatar génocidaire libanais, malgré la volonté exprimée dans la rue par les Libanais, qui ne tolèrent plus le racket permanent et les détournements de fonds de cet état dans l’état.


Macron s’était déjà opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, ce qui est en son honneur. Mais ses tentatives (ainsi que celles de l’Europe) de sauver le régime des Ayatollahs, alors que le président Trump a mis en place une stratégie d’assèchement qui pourrait conduire à une nouvelle révolution iranienne et à la restauration d’une authentique démocratie, sont condamnables et ne font que retarder une échéance inévitable : la fin ardemment souhaitée par le peuple perse du régime des Mollahs.

Les Etats Unis sont dans une situation plus délicate. Il peut paraître aberrent qu’une dictature islamiste telle que la Turquie continue à faire partie de l’Otan. Mais Erdogan est un fin joueur d’échecs et son récent renoncement à l’acquisition d’avions de chasse américains, auxquels il a préféré l’achat de Sam russes, a été le signal très fort d’un rapprochement avec Poutine, alors que les Américains, pour beaucoup, portent en eux les stigmates de la guerre froide. Si la Turquie appartient à l’OTAN depuis 1951, c’est justement dans le contexte de cette guerre froide, l’ennemi convenionnel du monde occidental étant alors l’URSS.


L’Empire soviétique n’étant plus, et la Russie ayant intégré l’économie de marché, la question se pose désormais de savoir si la Turquie reste un allié sérieux de l’OTAN quand ses actions répétées, depuis l’occupation du nord est de Chypre en 1974, le chantage qu’Erdogan mène contre l’Europe en menaçant de laisser des millions de réfugiés l’envahir, et son aide sournoise à l’Etat Islamique (Daesh) et à Al Qaida, qui a conduit les Américains à préférer conduire l’élimination d’Al Baghdadi depuis l’Irak que depuis la Turquie, abonderaient dans le sens contraire.


Il faudra, je pense, un second mandat au président Trump pour parvenir peut-être à un rapprochement judéo-chrétien souhaitable entre les Etats-Unis et la Russie contre les deux menaces géopolitiques et économiques auxquelles fait face le monde occidental, c’est à dire la volonté expansionniste de l’Islam politique et l’impérialisme chinois, mais c’est un autre débat. Les fausses accusations soutenues par les Démocrates de coercition entre le Président Trump et la Russie lors des élections de 2016, pourtant démenties par le rapport Muller, continuent de lui coller à la peau et il se retrouve dans une position difficile à trois mois des élections présidentielles.


De ce fait, les USA ne sont intervenus que mollement dans la crise Turco-Grecque. Il faut toutefois noter que l’Amérique a annoncé, le 9 juillet dernier, que son armée conduirait un entrainement commun avec les forces Chypriotes, ce qui est une première lorsque l’on connait l’appétit de la Turquie pour Chypre dont elle occupe déjà une partie de l’ile.

Quant à Israël, il faut noter que le gouvernement s’est aussitôt exprimé en faveur de la position grecque, alors que la Turquie tient sa huitième place mondiale en matière d’exportations et reste un allié fragile officieusement, malgré les déclarations incendiaires frisant l’antisémitisme d’un Erdogan décidé à convaincre le monde musulman que les soldats juifs mangent des enfants palestiniens au petit déjeuner.


ADV: Comment a réagi Israël à la situation chaotique au Liban ?

Pierre Rehov: A l’heure de l’annonce officielle d’un rapprochement entre les Émirats Arabes Unis et l’état hébreu, qui était prévisible mais qui tombe à point dans le cadre de la campagne électorale du Président Trump et ouvre sans doute sur la reconnaissance d’Israël par d’autres pays du Moyen Orient, Arabie Saoudite en tête, l’Iran et son avatar archi-terroriste le Hezbollah, restent l’ennemi juré.


Malgré la volonté exterminatrice affichée de Nasrallah et de l’Ayatollah Khamenei, Israël a toujours eu de la sympathie pour le peuple libanais, tant qu’il ne soutient pas le Hezbollah. Dès l’annonce de l’explosion des réserves d’explosifs souterraines et des 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, vraisemblablement destinées à la fabrication de missiles prêts à viser la population civile d’Israël, le gouvernement de Netanyahu a offert son aide, arguant à juste titre que l’état juif était la démocratie la plus proche géographiquement du Liban et que son expertise en matière de sauvetage des victimes avait déjà fait ses preuves dans de nombreuses catastrophes à travers la planète. Cette offre de main tendue étant restée sans réponse, Israël a tenté de mettre en place un système d’aide anonyme via les Nations Unies. L’anonymat me semble bien respecté.


ADV: Le gouvernement libanais a officialisé sa démission et certains rêvent d’un Liban libéré du Hezbollah. Ne pensez-vous pas que c’est utopique quand on se rappelle que l’armée israélienne qui en avait les moyens en 2006 n’a pas pu en venir à bout, freinée par la dite « communauté internationale » ?

Pierre Rehov: Il faut savoir une chose concernant les conflits auxquels a toujours fait face Israël. Que ce soit en 1948, après l’agression de 5 pays arabes voués à sa destruction, en 1956, quand Nasser a nationalisé le canal de Suez, en 1967, à la fin de la guerre des six jours, en 1973, alors qu’Israël a failli être submergée par les armées Egyptienne, Syrienne, Irakienne et surtout les tonnes d’armements et les milliers d’experts soviétiques envoyés auprès des pays arabes, ou en 2006, alors que Tsahal s’apprêtait à éradiquer l’organisation terroriste, c’est toujours lorsqu’Israël a le dessus que la « communauté internationale » ONU en tête, impose un cessez-le feu aux deux parties... Cessez-le feu qui, généralement, n’est respecté que par Israël.


Il suffit à quelques dirigeants arabes de susurrer le mot « pétrole » dans l’oreille des gouvernants concernés tandis que d’autres agitent la menace du terrorisme, pour que la « communauté internationale » se déballonne et s’attaque à Israël. Comment ces Juifs ont-ils l’impudence de survivre ? Semble être le let-motive des chancelleries européennes. Ou plutôt, pour citer une amie, femme d’ambassadeur : Cet animal est très méchant. Quand on l’attaque il se défend.


Cela est en train de changer, avec les traités de paix fragiles qui semblent devoir se multiplier, à l’instigation du Président Trump, entre les pays arabes, notamment les Émirats, mais peut-être bientôt l'Arabie saoudite et d'autres, et Israël. Le Hezbollah est une organisation terroriste implantée et soutenue par le sponsor numéro du terrorisme au Moyen Orient, l’Iran. A ce titre, elle se comporte contre une organisation mafieuse, bénéficiant des dividendes du trafic de drogue, du racket qu’elle a imposé à la population libanaise et à son gouvernement fantoche, et de la terreur qu’elle répand à l’intérieur comme à l’extérieur.


Cela ne peut durer qu’un temps et, nul doute qu’Israël profitera de la prochaine crise majeure avec le Hezbollah, pour en libérer le peuple libanais, avec le soutien des USA et des pays arabo-sunnites. Des millions de Chrétiens libanais en exil, de même que des dissidents de toutes tendances, n’attendent que ce moment pour reconstruire la Suisse du Proche Orient.


ADV: Revenons à la France : vous qui avez connu l’intifada des couteaux, assimilez-vous comme certains analystes iconoclastes les attaques sauvages désormais courantes et quasi quotidiennes de petits blancs Gaulois et Juifs par des bandes ethniques à une sorte de Djihad du pauvre » anti occidental hydrophobe et christianophobe qui ne dit pas son nom ?

Pierre Rehov: Si l’on se réfère aux messages hallucinants de haine qui courent sur les réseaux sociaux, avec la complicité passive du GAFAM, ces attaques contre des Juifs, des Chrétiens, des lieux symboliques comme des églises, des cathédrales ou des cimetières, sont annoncées comme une Djihad, à moins que tuer des innocents ou incendier des monuments publics au cri d’Allahu Akbar n’appartienne à un rituel bouddhiste ou animiste... Pour vous répondre, je me contenterai de citer l'ex-président algérien Boumediene, devant les Nations Unies, en avril 1974. « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » Si ce n’est pas l’annonce d’une troisième Djihad, dont on voit les conséquences quotidiennement dans toutes les rues d’Europe, où des femmes sont violées, des cimetières juifs désacralisés, des églises pillées, des attaques au couteau courantes, où le port du voile est imposé comme signe identitaire fort et où il est désormais permis de torturer une vieille dame car l’absorbation de substances vénéneuses (du cannabis dans le cas de l’affaire Sarah Halimi-Traoré) exonère de toute responsabilité, il faudra, hélas, sans doute d’autres attaques de type Bataclan ou Croisette de Nice pour que les dirigeants européens en dhimmitude (cf les livres prophétiques de Bat Yé'or) commencent à reconnaître leur part de responsabilité. Apparemment, l’erreur monumentale de Daladier et Chamberlain n’a pas suffi pour comprendre la doctrine Churchill issue de la Rome Impériale. Si vis pacet, para bellum. Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre. L’Islam politique radical a une arme d’une efficacité redoutable : l’utilisation du terme « islamophobe » ou « raciste » contre toute personne qui dénoncerait son colonialisme progressif et sournois.


ADV: Que répondez-vous à certains internautes qui vous ont reproché dans votre récente interview à succès, parue dans Valeurs (1er aout 2020), d’avoir établi un lien entre Islamisme, djihadisme, anti-occidentalisme, ensauvagement de la France et Black Lives Matter (BLM)?

Pierre Rehov: Je ne vais pas répéter tout ce que j’ai déjà écrit dans Le Figaro ou dit au cours de cette interview dans Valeurs. Je les renvoie aux faits que j’énonce, que je dénonce et qui sont tous vérifiables. Comme je l’ai écrit, ce sont les chiffres qui font l’histoire, pas l’idéologie. Surtout quand cette idéologie (BLM) n’a que des mensonges comme principaux arguments et doit avancer à couvert pour imposer son agenda marxiste. Les faits, ce sont par exemple des chiffres que je vais donner une fois de plus. 90% des Noirs tués en Amérique, l’ont été par d’autres Noirs. 52 membres du Congrès, en 2018, étaient Afro-Américains, 57% des villes américaines de plus de 40.000 habitants ont des maires noirs. Etc… Autrement dit, les chiffres vont dans le sens contraire de la doxa BLM, qui voudrait faire croire que l’Amérique est un pays éminemment raciste, ce qui n’est plus le cas depuis les années soixante. En revanche, les dirigeants de BLM n’ont jamais hésité à affirmer leur engagement marxiste et leur volonté de faire sombrer les Etats Unis, tandis que leur charte s’oppose virulemment à Israël et qu’ils sont soutenus par le mouvement islamiste-suprématiste noir américain The Nation of Islam, dont le leader-gourou, Louis Farrhakan, héritier de la tendance la plus violente des Blacks Muslims, est surnommé "l’Hitler Noir" en raison de ses propos antisémites répétés et de ses éloges envers le leader du IIIème Reich en raison de son combat anti-juifs partagé... Tout cela est dans l'article que vous mentionnez, dans de nombreuses études d'experts, sur les réseaux de communications des intéressés et facilement vérifiables sur le Web.


ADV: Concernant le BLM, porté par les tenants du système démocrate et politiquement correct lié aux GAFAM et à Soros, eux-mêmes de plus islamiquement corrects, comment expliquez-vous le paradoxe selon lequel ces forces dites mondialistes et antiracistes prétendent "chasser les nazis, le racisme et les fascistes" partout mais laissent agir un véritable "néo-fascisme du sud" ouvertement raciste envers l’Homme blanc d’une part et les Juifs de l’autre, considérés par les BLM et les islamistes ou révolutionnaires gauchistes d'aujourd'hui comme par les Nazis d'hier comme le "cœur du mal" ?

Pierre Rehov: Nous vivons une véritable guerre de civilisations, telle que définie par le professeur de Harvard Samuel Huntington, lequel n’a pas forcément raison sur tout mais a ouvert les yeux de bon nombre d’observateurs politiques avec ses théories auxquelles l’actualité semblerait donner du poids. Les "Antifas" et autres BLM sont au Nazisme ce qu’avait pu être le communiste soviétique en son temps. Tandis que les démocraties occidentales sont affaiblies par leur système de valeurs, qu’il faut, je l’ajoute, défendre à tout prix, les ennemis de la paix, du développement, de l’économie de marché, de l’évolution technologique et de la liberté individuelle, se sont achetés une fois de plus des parures d’agneaux pour camoufler leur ardeur prédatrice. Il ne s’agit plus de deux volontés hégémoniques qui s’affrontent, démocraties contre fascisme, telles que cela s’est produit au courant de la seconde guerre mondiale, mais de deux systèmes économico-politiques fondamentalement antinomiques, l’un basé sur la notion de mérite et l’autre sur celle de répartition égalitaire – ce qui, à mon sens, est la pire forme d’injustice. Dans le cadre de cette lutte, tous les moyens sont bons du côté des mondialistes pseudo-antiracistes, qui sont en réalité les pires racistes de la planète puisqu’ils soutiennent le suprématisme noir anti-Blancs et le suprématisme islamiste, antiJuifs et antichrétiens et anti-Mécréants en général. Encore une fois, l’idéologie islamogauchiste ne s’encombre pas plus des faits et de la vérité qu’un Staline ou qu’un Hitler. Seule compte la victoire finale, qui verrait l’humanité marcher d’un pied collectif avec des excès tels qu’en a connus le Cambodge sous la dictature de Pol Pot (ancien étudiant de la Sorbonne) et des Khmers Rouges, où les médecins étaient envoyés aux champs s’ils n’étaient pas massacrés, car leur appartenance à la bourgeoisie leur avait permis de faire des études. La mondialisation, c’est la médiocratie portée aux nues pour le pur profit des véritables élites, qui se complairaient dans un monde égalitaire tant que l’on ne touche pas à leurs palaces, à leurs yachts et à leurs jets privés. Dans cette forme de pensée, ce sont toujours les classes vraiment laborieuses et non protégées qui font les frais. C’est à dire la majorité silencieuse, les classes intermédiaires, petits chefs d’entreprise, commerçants, professions libérales, artisans… Quand le monde est en crise, les « progressistes » cherchent toujours à diluer la responsabilité individuelle dans un système qui permettrait aux médiocres d’être les égaux des preneurs de risques.


ADV: Est-ce un hasard si face à ce totalitarisme mondialiste antioccidental aujourd’hui et aux BLM on trouve tant d’intellectuels juifs ou accusés de sionisme?

Pierre Rehov: L’éthos Juif est fondé sur quelques paraboles issues de la Thora, comme la sortie d’Egypte qui a conduit le peuple hébreu à se libérer de l’esclavage, ou le combat de Jacob avec l’ange qui, après avoir quasiment battu l’émanation divine, s’appelle désormais « Israël », celui qui se bat avec Dieu, aux deux sens du terme. C’est à dire, avec et contre. Cette seconde parabole définit le libre arbitre comme immanence divine, puisque l’homme a désormais le devoir de résister à toute dictature, fut-elle issue de l’Etre Suprême. Les « dix commandements », repris comme base éthique par le christianisme, ne sont des commandements que par erreur de traduction. En réalité ce sont des « paroles » ( ha’dibrot), donc des suggestions pour un mieux vivre entre humains. Ce préliminaire est essentiel pour comprendre l’esprit révolutionnaire juif, qui s’est toujours insurgé contre toute forme de dictature.


Les Juifs sont attachés à l’Histoire car elle leur donne des droits et, contrairement aux Islamistes, haïssent le mensonge, pour en avoir été victimes pendant des millénaires. De la même manière qu’un nombre impressionnant de Juifs s’est associé au combat des Républicains contre l’esclavage, à l’époque ou le parti Démocrate défendait l'esclavage (et oui, il faut le rappeler!), puis, plus tard, ont soutenu le combat de Martin Luther King pour l’égalité des Noirs et pour les droits civiques, beaucoup aujourd’hui ne sont pas dupes des manœuvres de BLM et d’Antifa, surtout lorsque ces derniers soutiennent le boycott d’Israël et le terrorisme palestinien. L’Histoire tragique du peuple Juif leur a prouvé qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes lorsque l’humanité est secouée de convulsions et ils assistent à un effondrement des valeurs de paix et de tolérance instaurées après la deuxième guerre mondiale.


De la même manière que les Nations Unies sont devenues un club de dictateurs, une farce quand l’on sait sur quels principes l’organisation a été fondée, de la même façon que l’Union Européenne ne représente pas les Peuples qui l’ont fondée mais l’idéologie d’une poignée de technocrates, BLM, cela a été démontré, surfe sur la nouvelle vague auto-destructrice du monde occidental. En un mot, nous sommes en pleine décadence, une période que je comparerais à celle de la chute de l’Empire romain, matinée des montées populistes qui ont conduit au fascisme entre les deux guerres mondiales. Entre liberté individuelle défendue par l’économie de marché et le fascisme internationalisé par les derniers sursauts du marxisme, les Juifs n’ont évidemment qu’un choix à faire. La défense du nationalisme comme garantie de la survivance des cultures qu’ils ont participé à fonder.


ADV: Retour cette fois ci aux États Unis : Comment expliquez-vous le degré de haine et d’animosité des anti Trump y compris au sein des rangs les plus raisonnables des démocrates et qu’est ce qui les a poussés à tout faire pour le détruire quitte à plonger les USA dans la guerre civile ? Trump dérange t’il comme Victor Orbán la Super classe dirigeante mondialiste Mc World à ce point ?

Pierre Rehov: C’est une question pointue, qui demanderait un développement factuel de plusieurs pages. Le résumer ne rendra pas justice à la vérité. Ainsi que je l’ai souligné à plusieurs reprises, les démocrates ne sont pas des partisans de la vérité historique, mais victimes d’une idéologie qui dérive de plus en plus vers l’extrême gauche. Obama en est grandement responsable. Il a passé huit ans à tenter de socialiser l’Amérique, quitte à remettre en question la constitution de 1786, fondement même de son existence, tout en exerçant un rapprochement avec les dictatures islamistes. N’oublions pas qu’Obama a soutenu le Frère-musulman égyptien Mohamed Morsi contre Abdel Fatah Al Sissi; a laissé Assad gazer sa population malgré les lignes rouges qu’il avait tracées lui-même, a fermé les yeux plus d’une fois sur les provocations de l’Iran, a versé des milliards de dollars au régime des Mollahs, y compris en cash, dans le cadre d’un accord misérable autorisant le régime iranien à poursuivre son hégémonie régionale tant qu’il ne tentait pas d’obtenir la bombe atomique avant dix ans. Il a essayé de mettre en place un système de santé – dont les USA, il est vrai, ont besoin dans le cadre d’une réforme différente – qui a conduit des millions d’Américains à subir des augmentations faramineuses de leur assurance médicale et il était convaincu qu’Hillary Clinton assurerait sa continuité et protégerait sa légation.


Voici qu’à la surprise de tous, un outsider du monde politique, Donald Trump, est élu. L’inimitié est structurelle entre les deux hommes. L’un est un self made man, fondamentalement patriote, profondément antimondialiste, un capitaliste pur qui n’a jamais hésité à mettre les mains dans le cambouis, tandis que l’autre est un alumni, une élite qui a fait carrière en tant qu’avocat des droits civiques avant d’entrer en politique. Deux conceptions du monde fondamentales. De plus, le président Trump s’est fait un plaisir, à titre personnel, de détruire tout ce qu’Obama avait cru construire.

Tout ceci, ajouté aux intérêts personnels de nombre de Démocrates qui se sont enrichis grâce à la politique, Joe Biden et sa famille en tête, ne pouvait qu’entrainer une réaction viscérale.


En moins de trois ans, Trump a redressé l’économie américaine, rapatrié et créé des millions d’emplois. Il a tenté d’obtenir un accord sur le nucléaire nord-coréen que le laxisme de Clinton avait laissé se développer, il a voulu forcer les membres de l’OTAN à apporter leur contribution contractuelle, il s’est opposé à l’hégémonie des Frères musulmans d’un côté et celle de l’Iran de l’autre… en résumé, chacune de ses actions s’est opposée avec succès à la doctrine tiers-mondiste, pro-islamiste et socialiste d’Obama et de bien pire depuis.


La seule façon pour les démocrates de revenir au pouvoir était de démolir Trump à n’importe quel prix. Ils savent qu’ils peuvent compter sur leur base d’immigrés clandestins et d’intellectuels gauchistes et sur les médias. Leur seul but étant de revenir au pouvoir, ils sont prêts à le faire sur les décombres de l’Amérique quitte à fomenter une guerre civile.


ADV: Vous affirmez lutter par vos interventions contre toutes formes d’idéologie. Pourtant, par vos réponses, vous semblez prendre parti pour un certain courant politique sinon une certaine forme de pensée. Est-il possible de rester factuel dans ces conditions ?

Pierre Rehov: Il est possible de rester factuel, même si on le fait avec passion. Je n’irai jamais diffuser de fausses nouvelles, et je suis le premier à critiquer certaines actions du gouvernement israélien, par exemple, ou certaines erreurs commises par l’administration Trump.


Si vous m’aviez posé la même question dans les années trente, je vous aurais répondu que je m’oppose au fascisme, qu’il soit sous la forme du nazisme ou du communisme. Aujourd’hui, je m’insurge contre l’islamo-fascisme et le gauchisme, au nom de la liberté individuelle, de l’éthique et des valeurs judéo-chrétiennes. Mais chacune de mes affirmations est basée sur des faits vérifiables. Mon idéologie personnelle, moi qui ne suis pas croyant ? Je la tire d’une parole d’Hillel l’ancien, auquel il avait été demandé de définir sa religion, le temps qu’il puisse rester debout sur une jambe « Ne fais à d’autres ce qu’il serait odieux que l’on te fît » répondit-il.


C’est la base de l’éthique, développée par l’un de mes maîtres à penser : Spinoza.

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