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Les frères musulmans, rois de l'entrisme et de l'islamisation...

Le nouvel opus d’Alexandre Del Valle est consacré à la menace majeure qu’affronte l’Occident.



Sur les réseaux sociaux, les échanges sur l’islamisation de l’Europe déçoivent souvent, car il y a très rarement débat. On peut dès lors saluer la parution de l’ouvrage Le projet co-écrit par Alexandre Del Valle, universitaire et chercheur, professeur de relations internationales et de géopolitique, et Emmanuel Razavi, journaliste, spécialiste du Moyen-Orient et des Frères musulmans. Fruit de quinze ans de recherches et d’entrevues avec les principaux protagonistes, cet ouvrage livre les clés de la stratégie mise en place par les Frères en Europe, et plus généralement en Occident.

Hassan al-Banna, Egyptien et grand-père des Frères Ramadan, crée en 1928 la Confrérie des Frères musulmans afin de rétablir la foi de ses coreligionnaires dans sa pureté originelle, réinstaller le Califat supprimé par Atatürk, chasser les colonisateurs mécréants d’Egypte, et lutter contre le nationalisme arabe au profit de l’oumma, la communauté musulmane.


Selon lui, l’islam étant la seule religion révélée, elle a vocation à s’étendre au monde entier suivant une stratégie planétaire d’infiltration et de conquêtes fondées sur la duplicité, la dissimulation (takiya) et le victimisme qui fonctionne si bien auprès des Occidentaux.

Dans les pays non musulmans, cette stratégie vise à instaurer progressivement une contre-société, ses symptômes étant l’exigence de non-mixité, de la consommation de produits halal et du port du voile islamique dans les lieux publics.


Si salafistes et Frères poursuivent le même but, ils diffèrent s’agissant des moyens d’y parvenir. Les premiers veulent tout, immédiatement, et affichent leurs différences. Les seconds, plus habiles, donc plus difficilement détectables, se fondent dans la population en privilégiant une conquête par étapes. Ils pratiquent l’entrisme au sein des associations culturelles, professionnelles et éducatives. Leur duplicité dissimule leurs vraies intentions et leur double discours vise d’une part à rassurer les Européens, si enclins à confondre ouverture à l’autre et naïveté, d’autre part à encourager le séparatisme et la violence envers les non-musulmans.


Un modèle d’intégration et de modernisme


Les Frères peuvent compter sur le rôle peu glorieux des élites et des politiques occidentaux tétanisés par le qualificatif «islamophobe» que les Etats musulmans ont réussi à imposer au sein des Nations Unies et dans les opinions publiques. Tariq Ramadan est l’exemple même du Frère parfaitement intégré dans l’espace européen : présentation soigneuse, discours lisse et rassurant à l’endroit des autochtones, relations avec des intellectuels, des universitaires et des journalistes qui le font passer pour le partisan d’un islam moderne parfaitement à l’aise dans une société démocratique.


Al-Banna publie en 1936 un Manifeste qui porte un éclairage saisissant sur la nature totalitaire de l’idéologie frériste. «On retrouve dans ce programme la plupart des caractéristiques énumérées par Hanna Arendt ou Raymond Aron : refus de la liberté d’expression, contrôle des médias et de l’économie, confusion des domaines public et privé, instauration d’un régime de terreur au moyen de l’armée et de la police des mœurs, exaltation de la violence guerrière (jihad), projet de conquête mondiale à travers l’unification de l’oumma ; enfin, et c’est la spécificité du totalitarisme islamique, rejet absolu de la laïcité, de la mixité et haine totale envers la civilisation occidentale.»

Nazis et islamistes vont cultiver une fascination réciproque dans leur haine de l’Occident démocratique et des juifs. Le Manifeste adopté, les Frères, en Egypte, attaquent cinémas et restaurants ainsi que les femmes dont la tenue est jugée indécente. Al-Banna est éliminé par les services secrets égyptiens en 1945. Saiyyd Qutb lui succède et forge la doctrine de la Confrérie dans un sens antimoderniste, antioccidental et antisémite ; elle a toujours pignon sur rue et a inspiré, ou inspire, l’ayatollah Khomeiny, le Hamas, l’islamisme indo-pakistanais, Al-Qaïda, Daech et l’islamisme turc, l’AKP du président Erdogan. Les Frères ont tissé des liens profonds avec l’université Al Azhar, établissement phare du monde sunnite, qui a légitimé l’excision des fillettes.


L’Occident des libertés


Saïd Ramadan et ses fils, comme d’autres Frères, se replient alors en Europe et s’établissent en Suisse. L’homme est l’un des fondateurs de la Ligue islamique mondiale, sorte de califat en devenir, qui vise à islamiser le monde. Les Frères bénéficient sur le Vieux continent d’une liberté d’expression dont ils ne pourraient même pas rêver dans les pays arabes, ce qui leur permet de développer un djihadisme pacifique, l’utilisation de toutes les ressources qu’offrent les institutions démocratiques remplaçant les armes. De plus, le temps œuvre en faveur des Frères ; la démographie – taux de natalité plus élevé que celui des populations locales et immigration incontrôlée – ainsi qu’un prosélytisme militant constituent en effet les fers de lance de l’islamisation de l’Europe.


En 1997 est fondé le Conseil de la fatwa et de la recherche chargé d’émettre des fatwas (décrets religieux) à l’intention des musulmans d’Europe sur la base de la charia, celle-ci devant être la norme absolue pour les musulmans. Ledit Conseil, longtemps présidé par Youssef al-Qaradawi, autorité religieuse et idéologique majeure des Frères, cautionne les attentats et les attaques-suicides.


Djihadisme et terrorisme sont donc la suite logique de l’enseignement des Frères. Les membres d’une mouvance islamique passent aisément d’un groupe à l’autre, prêtant allégeance à plus fort qu’eux ; les Frères forment une nébuleuse d’autant plus difficile à tracer que, sauf rare exception, ils ne s’affichent pas membres de la confrérie mais au mieux proches d’elle, comme par exemple le président turc Erdogan. De plus, la Confrérie, organisation décentralisée et horizontale, diffuse sa doctrine au moyen de mouvements qui prennent les noms les plus divers dans chaque pays. Tous ont un objectif commun : «… règne de Dieu sur Terre ; rétablissement de la charia partout et unification de la Oumma dans un Califat universel.»

Les leurres de l’affaire Kashoggi


Aujourd’hui, les Frères musulmans sont considérés comme une organisation terroriste par l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Ils reçoivent le soutien du Qatar, du Koweït, tout aussi dangereux et pourtant alliés de l’Occident, de la Turquie et de l’Iran. C’est en apparence une querelle entre traditionalistes et progressistes ; pourtant il n’en est rien, comme l’illustre parfaitement l’affaire Kashoggi.


La manière dont celui-ci a été éliminé a légitimement choqué les opinions publiques ; journaliste, Jamal Khashoggi a tenu une chronique dans le prestigieux Washington Post, dans laquelle il appelait à une démocratisation des institutions en Arabie saoudite. Passant pour un moderniste en Occident, il participait en réalité à la mise sur pied d’un printemps arabe numérique avec de jeunes membres de la Confrérie à l’aise dans le maniement des médias.

En dépit de leur rivalité et des apparences, il n’y a aucune différence entre le wahhabisme et les Frères, entre le prince Mohammed ben Salmane et Jamal Khashoggi. Lorsque celui-ci dit lutter pour l’instauration de la démocratie dans les pays musulmans, c’est pour y imposer l’idéologie des Frères, à commencer par l’application de la charia, c’est-à-dire instaurer une démocratie islamique.


Dans les pays européens, les Frères et la mouvance islamique peuvent s’appuyer sur l’islamo-gauchisme et les antiracistes. Ceux-ci, haïssant leur pays, participent du projet d’islamisation des Frères. Le sociologue Vincent Geisser, «chercheur» au CNRS et défenseur de l’islamisme radical ou Edwy Plenel, patron de Mediapart, en sont les figures les plus marquantes en France, pays le plus menacé par l’islamisation. Pour eux, l’Occidental est toujours responsable de ce qui lui arrive. Dès lors, toute critique, toute analyse de l’islamisme, et même de l’islam, est considérée comme une discrimination, donc une forme de racisme et d’islamophobie.


En quelques décennies, la Confrérie a réussi à convaincre les élites politiques et médiatiques européennes que l’application de ses thèses aide à l’intégration des musulmans en Europe, alors qu’elle n’en veut rien. Les politiques sont d’autant moins pardonnables de leur laxisme que les services de renseignements des Etats européens ont fait depuis des années le lien entre djihadisme, Frères et attentats et ont écrit maints rapports et notes afin d’alerter leur hiérarchie.


L’ouvrage d’Alexandre Del Valle et d’Emmanuel Razavi constitue un véritable manuel d’étude du phénomène frériste et de la manière dont l’Europe s’islamise. Leur travail force l’admiration en ce sens que toute affirmation repose sur des preuves et une analyse détaillée de ce qu’ils avancent. Camille


© Mireille Vallette pour Dreuz.info.

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