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La question épineuse (pour les démocraties culpabilisées) du retour et du sort des « djihadistes eur

Alors que les islamistes radicaux, qu’ils soient jihadistes ou institutionnels, continuent de livrer une guerre asymétrique de plus en plus meurtrière contre les sociétés ouvertes, notamment l’Occident, les démocraties de l’Union européenne, toutes fermement opposées à la peine de mort, apparaissent comme auto-empêchées de livrer une guerre efficace contre les barbares jihadistes « européens » partis en Syrie ou en Irak et dont elles s’évertuent à défendre les « droits ». Dans la même logique d’auto-sabordement et d’auto-inhibition, ces mêmes démocraties s’interdisent de collaborer avec la Syrie, pourtant en guerre totale contre le même ennemi islamiste, ceci au nom d’une incohérence stratégique qui aboutit à ne pas choisir l’ennemi principal. Tout se passe comme si la nouvelle « religion des droits de l’homme » de l’Occident qu’avait prédite Alain Peyrefitte était devenue une bien plus grande source de scrupules que l’ancienne religion chrétienne de l’Europe, avec encore plus d’hypocrisie... Car les états d’âmes des Occidentaux sont moins nets quand il s’agit des « dommages » collatéraux des guerres néo-impérialistes en Irak, en Libye ou en Syrie, sans oublier celle de nos alliés du Golfe au Yémen. Et sans oublier les exécutions régulières de jihadistes européens par nos forces spéciales commanditées (à juste titre) par les mêmes dirigeants qui demandent à l’Irak de ne pas condamner à mort d’autres de « nos » jihadistes…



Ces derniers jours, journalistes, intellectuels et politiques ne cessent de débattre de la question apparemment épineuse de savoir si l’on doit ou non rapatrier les jihadistes français et européens qui ont sévi à l’étranger afin de les juger dans leur pays d’origine et afin qu’ils puissent notamment échapper à la peine de mort et à des conditions d’incarcération et de procès en vigueur en Irak, en Syrie et ailleurs dans le monde « non-démocratique » qui seraient moins « protectrices » des droits que celles de nos pays « vertueux ». Rappelons que depuis 2018, l'Irak a condamné plus de 500 étrangers de Daech, hommes et femmes confondus, et que les Kurdes de Syrie et l’Etat irakien détiennent près de 300 jihadistes« français » et européens appartenant à plus de 50 pays différents, tant arabo-musulmans qu’occidentaux et presque tous membres de la coalition internationale anti-Daech. Par ailleurs, 12 Français jihadistes sont jugés depuis mars (et désormais condamnés à mort) par la justice irakienne après avoir été capturés en Syrie puis transférés à Bagdad dans le cadre d’accords entre forces kurdes syriennes, Etat irakien et pays occidentaux, dont la France. Jugés par la cour de Bagdad, sept djihadistes français ont déjà écopé depuis le 21 mai de la peine de mort pour avoir rejoint l’Etat islamique. Le dernier dans ce cas a été condamné mercredi 29 mai. Les identités de cinq des six premiers condamnés sont connues : Kévin Gonot, Léonard Lopez, Salim Machou, arrêtés en Syrie par les forces FDS arabo-kurdes anti-EI, puis Karam El Harchaoui et Brahim Nejara, impliqués dans l'envoi de jihadistes vers la Syrie, ou encore Yassine Sakkam. Commençons par Kévin Gonot, alias Abou Sofiane, né à Figeac dans le sud-ouest de la France, qui a d’abord rejoint le Front al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie) avant de prêter allégeance au "calife" de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi, a été arrêté en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange, 31 ans, sa mère et son épouse, une nièce des frères Fabien et Jean-Michel Clain (qui ont revendiqué les attentats de novembre 2015 avant d'être tués il y a peu en Syrie).


Un exemple parmi tant d’autres de ces « fratries » jihadistes souvent consanguines et sectaires à la fois. Ensuite, Léonard Lopez, alias Abou Ibrahim al-Andaloussi (« l’andalous », en référence au nom mythifié de l’Espagne arabo-musulmane perdue et à reconquérir), lui aussi converti à l'islam, est parti avec sa femme et leurs deux enfants à Mossoul, (nord de l'Irak), puis en Syrie. En France, il avait notamment fondé l'association Sanabil (dissoute fin 2016) qui, sous couvert d'aide aux détenus, servait à fanatiser les prisonniers radicalisés islamistes. Puis Salim Machou, quadragénaire, ancien de la brigade Tariq ibn Ziyad (unité de l'EI de l’ex-légionnaire français Abdelilah Himich). Il a beaucoup sévit à Rakka, en Syrie. Ensuite, Brahim Nejara, alias Abou Souleimane al-Tounsi, originaire de la région lyonnaise. Il est parti en Syrie en 2014 avec femme, fille et beau-frère au sein de l'EI, puis s’est fait connaître dans une vidéo de propagande en novembre 2015. Karam El Harchaoui, franco-marocain lui aussi trentenaire, est passé par Bruxelles pour se rendre en Syrie. puis en fin Yassine Sakkam, 29 ans, quant à lui très médiatisé, et qui a joué un rôle important de recruteur-propagandiste.


Où et comment les juger ?

D’après les démocraties européennes, le procès de jihadistes en Irak demeure la moins mauvaise des solutions, car la priorité des Etats de l’UE est de faire revenir le moins possibles de terroristes salafistes et même d’enfants de jihadistes européens, exceptés quelques cas triés sur le volet d’enfants de moins de 7 ans. Toutefois, les « travailleurs sociaux », ONG humanitaires et autres avocats et militants progressistes toujours prompts à défendre par principe les droits inaliénables des pires prédateurs face à l’Etat toujours « trop répressif », ne cessent de dénoncer les jugements et incarcérations de « nos islamo-terroristes » en Irak au nom du fait qu’ils y risquent la peine de mort, des tortures et autres mauvais traitement. La peine de mort est d’ailleurs fermement prohibée par tous les pays de l'Union européenne, dont des dizaines de ressortissants sont actuellement détenus par les Kurdes de Syrie. Selon Belkis Wille, représentant de l'ONG Human Rights Watch (HRW), les procès en Irak ne donneraient «aucune garantie pour des procès équitables» et présentent «de vrais risques de torture». D’après les autorités irakiennes, qui rappellent que leurs prisons sont déjà plus que pleines (avec des milliers d'Irakiens arrêtés depuis la campagne victorieuse contre l'EI et plusieurs centaines d'étrangers), la détention des étrangers que les pays européens ne veulent ni rapatrier (à part quelques enfants en très bas âge), ni juger chez eux, risque d’occasionner un coût financier et social fort élevé. Aussi, du fait que les Occidentaux veulent confier aux Irakiens la tâche de juger les jihadistes que les Kurdes de Syrie ne veulent plus garder dans leurs geôles, les autorités irakiennes estiment que les Occidentaux (qui se permettent en plus d’exiger la non-application de la peine de mort pour les jihadistes européens presque jamais déchus de leur nationalité malgré leurs forfaits) doivent contribuer financièrement à l’effort de justice et d’incarcération…, sachant que la somme pourrait grossir et rester très élevée durant des décennies, telle une rente de situation… Ceci rappelle d’ailleurs la façon dont Kadhafi hier et Erdogan aujourd’hui ont fait payer l’Union européenne pour juguler les flux de migrants illégaux depuis leurs territoires.


De son point de vue, l’Etat irakien aurait certes tort de ne pas essayer de présenter la facture correspondant notamment au coût du rapatriement (de la Syrie vers l’Irak) d’une douzaine de « Français » jihadistes. Estimant être dans son bon droit puisque l’Etat islamique s’étendait à son apogée à cheval entre l’Irak et la Syrie, l’Etat irakien, bien moins embarrassé de scrupules droits-l’hommistes que nos nations culpabilisées, a donc récemment réclamé la bagatelle de 2 millions de dollars (1,8 million d’euros). Une somme destinée à permettre de juger de la meilleure façon les jihadistes non seulement d’Irak, mais de Syrie, pays où tout jugement en bonne et due forme de jihadistes est pour l’heure considéré impossible par les nations occidentales. Celles-ci n’entretiennent en effet aucune relation diplomatique (excepté l’Espagne) ou a fortiori de coopération judiciaire avec l’Etat baassiste-alaouite syrien et le régime de Bachar al-Assad. Ce dernier est d’ailleurs lui-même considéré comme un paria et un ennemi - presque au même titre que les islamistes, ceci alors qu’il les combat et que son peuple en a été la victime première. La demande de Bagdad est-elle donc illégitime ? Ne s’apparente-t-elle pas à un véritable racket ? On répondra que si un Français commet un crime de sang sur le sol américain ou japonais, il est forcément condamné là où il a commis ses crimes et selon la loi en vigueur dans ce pays, ceci sans que la France ne reçoive la facture. La demande de 1,8 millions d’euros faite par Bagdad aux Européens ressemble doncfortement à une rente de situation dont les Irakiens auraient tort de se priver vu que les Occidentaux ont des scrupules à traiter avec l’Etat syrien, ce qui rend insoluble la question des jihadistes européens et notamment français détenus par les Kurdes de Syrie.


Les scrupules et états d’âmes des Européens coûtent financièrement et géopolitiquement cher

En fait, cette tentative de racketter nos démocraties n’aurait même pas été envisageable si, premièrement nous ne pratiquions pas l’ingérence en dénonçant les ordres juridiques internes des autres pays et notamment les condamnations à mort que l’Etat irakien souverain a le droit de prononcer.


Deuxièmement, si la France et les autres pays européens (sauf l’Espagne) n’avaient pas rompu les relations diplomatiques avec la Syrie de Bachar al-Assad, nos dirigeants pourraient laisser le régime syrien juger les prisonniers jihadistes qu’il détient et que détiennent surtout les forces kurdes, lesquelles exercent moult pressions sur leurs alliés occidentaux (qui les ont en partie lâchés face aux Turcs) pour qu’ils les récupèrent. Aussi nos Etats hypocritement scrupuleux ne veulent pas voir les jihadistes détenus par les Kurdes remis dans les mains du régime de Bachar, sous prétexte que celui-ci serait une dictature et même un « ennemi ».


D’où l’actuelle politique des Etats européens qui consiste à faire en sorte de transférer vers l’Irak les détenus des Kurdes au lieu de les livrer aux forces syriennes légales dont les Occidentaux violent de facto et de jure la souveraineté nationale et bafouent les prérogatives en passant par les forces kurdes et par l’Etat irakien. Une situation de « transfert » d’autant plus ubuesque qu’il s’agit de personnes ayant commis des crimes sur le sol syrien au nom d’un Etat islamique lui-même décidé à détruire l’Etat syrien et tous les Etats souverains de la planète au nom d’un projet totalitaire universel.


En guise de conclusion

Le fait de s’en remettre à la justice irakienne, n’est pas forcément mauvais en soi, à condition, premièrement de ne pas donner de leçons de morale à l’Etat irakien et de faire de même avec TOUS les pays, y compris la Syrie : chaque pays qui détient des terroristes jihadistes « européens » ou de n’importe quelle nationalité sur son sol, peut et doit les juger selon son droit et sur son sol.


Il convient donc, au nom de la logique de l’ennemi principal, de reprendre les relations diplomatiques avec le régime syrien, puis d’instaurer face à l’ennemi islamiste/terroriste commun, une coopération sécuritaire et judiciaire minimale. Si nous avions respecté le principe de pleine souveraineté des Nations, y compris syrienne, et si le principe de défense de nos intérêts nationaux avait primé sur l’idéologie droit-de-l’hommiste, alors nous ne serions pas obligés de demander quoi que ce soit aux Irakiens, nous n’aurions jamais eu besoin de demander à transférer vers l’Irak les jihadistes européens des terroristes détenus par les Kurdes de Syrie. D’évidence, les 12 Français jihadistes jugés depuis mars (dont 7 condamnés à mort) par les tribunaux irakiens après avoir été capturés en Syrie puis transférés en Irak auraient en fait dû être jugés par l’Etat syrien lui-même. L’épineuse question des « retours » pourrait donc être bien plus efficacement gérée 1/ si nous laissions faire tous les Etats arabes concernés juger les terroristes islamistes comme leur système juridique interne le prévoit 2/ si nous reconnaissions à nouveau officiellement le gouvernement syrien puis rétablissions les relations diplomatiques et judiciaires avec lui, ceci que ce régime nous plaise ou non, pour la bonne et simple raison qu’il a les mêmes ennemis jihadistes que nous ; 3/ si nos Etats étaient moins prisonniers de leurs scrupules et s’ils déchoyaient massivement de leurs nationalités française, britannique, belge, etc les jihadistes européens ayant retourné les armes contre leur propre patrie et qui ont rejoint le Califat islamique en guerre totale contre nous.


Question de bon sens. Et que l’on ne nous réponde pas que les « traités internationaux » nous en empêchent, car un Etat reste toujours souverain, il a de ce fait toujours le droit de dénoncer un traité qui ne convient plus à ses intérêts, d’autant que les ordres juridiques et législations internes des Etats européens et occidentaux prévoient tous dans leur système judiciaire la possibilité de déchoir un citoyen de sa nationalité secondaire (pour les double nationaux) et même principale (pour les Français, Belges dits « de souche »).

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