Des guerres syrienne et ukrainienne aux filières djihadistes tchétchènes en Europe
CHRONIQUE. Alexandre Del Valle revient sur la présence significative des Tchétchènes au sein des divers conflits planétaires.
Le 3 janvier dernier, un djihadiste franco-tchétchène, Khassanbek Tourchaev, naturalisé français en 2008, qui a combattu au sein de l’Émirat du Caucase affilié à Ahrar Al-Cham, en Syrie, entre 2013 et 2014, a été déchu de la nationalité française. Il avait été condamné en 2019 à une peine de dix ans de prison, assortie de la sûreté aux deux tiers, par la cour d’assises spéciale de Paris.
Rappelons qu’en France, nombre de Tchétchènes sont à l’origine d’actes terroristes : décapitation, le 16 octobre 2020, de Samuel Paty par Abdoullakh Anzorov ; attentat au couteau perpétré deux ans plus tard, par Khamzat Azimov; assassinat de Dominique Bernard, à Arras, par Mohammed Mogouchkov, etc. Rappelons que dans le cadre de leurs guerres d’indépendance anti-russe, nombre de Tchétchènes indépendantistes (devenus jihadistes après avoir été entraînés en Afghanistan), ont ramené le salafisme violent dans le Nord-Caucase pour combattre Moscou.
D’où la proclamation, en 2007, de « l’Émirat du Caucase », qui prête allégeance à Daech en juin 2015. Ceci accentuera la radicalisation de Nord-Caucasiens « réfugiés » en France, certains rejoignant la zone irako-syrienne pour faire le djihad contre la Russie et ses alliés » « mécréants » syriens. Nombre d’opposants islamistes au dictateur tchétchène Ramzan Kadyrov, qui combat sans pitié les salafistes, trouveront alors refuge en Europe et en France, l’idéologie islamiste de ces Tchétchènes étant un temps « pardonnée » car tournée contre l’ennemi russe qui dirige la Tchétchénie d’une main de fer via Kadyrov.
La DGSI estime à environ 60 000 les Tchétchènes présents en France, dont nombre de déboutés du droit d’asile jamais expulsés de peur de les livrer à Kadyrov. Dès 2013, la jeunesse tchétchène est la cible de la propagande de Daech dans le contexte de jihad en Syrie contre Poutine et Bachar el-Assad. Toutefois, les procédures d’expulsion sont fort compliquées, comme pour les Afghans ou les Syriens, car la CEDH et les cours constitutionnelles des Etats craignent un traitement contraire à l’état de droit dans leur pays d’origine.
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