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Cette nouvelle réalité multipolaire du monde que les élites européennes n’arrivent pas à intégrer

Atlantico : Le sommet des Brics se déroulait, cette année, en Russie, à Kazan. Plusieurs des partenaires européens ont décidé de participer à ce sommet, comme l'explique le Financial Times, parmi lesquels l'Égypte ou la Turquie. Pour Charles Michel, le président du Conseil européen, cette volonté d'afficher sa présence à Kazan constitue un message envoyé à l'Occident. Selon vous, que dit cela de la place de l'Europe en tant qu'entité géopolitique ? Qui la conçoit encore ainsi, selon vous ?




Alexandre del Valle : Le raisonnement de Charles Michel, qui consiste à affirmer que l’Europe ne traiterait pas ses partenaires commerciaux avec le respect qui leur est dû, est assez affligeant, tant parce qu’il est particulièrement naïf que parce qu'il est particulièrement erroné. Qui pourrait croire que l’Union européenne a mal traité la Turquie ou l’Égypte et que cela aurait poussé leurs dirigeants respectifs dans les bras de la Russie ? Penser ainsi, c’est ne pas comprendre la nature même du monde multipolaire dans lequel nous vivons aujourd’hui. Rappelons-nous, d’ailleurs, que la Turquie a envahi Chypre en 1974 et que cela ne nous a pas empêchés d’accepter sa candidature pour rejoindre l’Union européenne en 1999. Et ce, en dépit du fait qu’elle viole chacune des sanctions et l’ensemble des résolutions du Conseil de l’Europe, comme de l’Union elle-même. Elle va jusqu’à menacer un pays membre, la Grèce, en raison de ses revendications territoriales et maritimes. De même, elle n’a toujours pas retiré ses troupes de Chypre. Dire que l’on aurait mal traité la Turquie, c’est oublier qu’au regard des traités européens, elle a fait pire encore que la Russie, puisque l’Ukraine (ne l’oublions pas) n’est pas un pays membre de l’Union. Nous sommes bien plus liés à Chypre qu’à l’Ukraine. Sans doute Charles Michel ne connaît-il pas si bien l’entité qu’il est supposé servir.


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