Élection présidentielle au Brésil : le candidat populiste de droite Bolsonaro quasi certain d’être é
Le succès du Jair Bolsonaro, au premier tour de la présidentielle (46 % des voix) face au candidat de gauche (parti des Travailleurs, PT, 29 %), Fernando Haddad, avait créé la surprise. Les derniers sondages annoncent sa victoire au second tour à 53 %.
Les pays occidentaux n’en reviennent pas. Les médias officiels annoncent le danger d’un populisme « fascisant », voire la fin de la démocratie au Brésil, après des décennies de règne sans partage du parti des travailleurs, méga-corrompu, issu de l’extrême-gauche marxiste révolutionnaire, donc pas si « modéré » et propre sur lui que nos médias le laissent croire. En réalité, le PT, créé par le charismatique ex-président Lula da Silva (emprisonné pour corruption) et dont la dauphine, Dilma Roussef (destituée pour la même raison) fut la dernière présidente, est globalement rejeté par une majorité de Brésiliens. Ces derniers ne voient pas du tout les choses comme le dépeignent la presse « officielle » brésilienne et occidentale. Le succès de Bolsonaro, largement conspué par la classe médiatique et le show-bizz politiquement corrects brésiliens, doit d’ailleurs tout aux réseaux sociaux donc aux médias web « alternatifs », qui lui ont permis, comme Trump ou Salvini, de communiquer directement avec le « peuple » et ainsi court-circuiter les médias mainstream et leur censure idéologique.
Résultat encore inenvisageable il y a quelques années, la majorité des 30 partis politiques brésiliens, les milieux d’affaire, la Bourse, en passant par les célèbres footballeurs Ronaldinho, Cafu, Rivaldo et même l'ex-joueur du PSG, Lucas, sans oublier les très puissantes églises chrétiennes, et même nombre de juges, ont massivement rejeté le Parti-Etat (« Partido-Estado ») PT et permis l’ascension de l’ex-capitaine Jair Messias Bolsonaro. Un phénomène qui ne date pas de 2018, mais qui a commencé à être palpable dès 2014, année charnière durant laquelle des millions de Brésiliens révoltés contre la méga-corruption du PT et de ses ex-Leader-président Lula et Roussef, ont demander la destitution de Dilma Roussef et l’emprisonnement Ignacio Lula da Silva afin d’en finir une fois pour toutes avec la gauche corrompue et criminogène du PT, le nouvel homme de la situation étant l’ex-militaire et député depuis 30 ans, Jair Bolsonaro.
Étonnement, la presse occidentale n’a pas fait état des manifestations de dizaines de millions de Brésiliens, qui, depuis 2014 ont exigé et obtenu des juges la destitution de Dilma Roussef, et qui, encore ces derniers jours, tout aussi nombreux, ont continué à exiger l’éviction de la Gauche aux cris de « PT dégage » ou PT dehors » (PT fora »). Pendant ce temps, les médias occidentaux n’ont cessé de relayer les accusations souvent fallacieuses ou très exagérées du PT qui visent à assimiler Bolsonaro à un « raciste-fasciste-homophobe-intégriste chrétien-misogyne », sans presque jamais donner la parole au camp pro-Bolsonaro lorsqu’il répond aux « fake-news » et procès en reductio ad hitlerum du PT. Ceci rappelle chez nous les accusations permanentes de « fascisme » envers les « populistes » et même les procès en « lepénisation des esprits » à l’encontre de dirigeants politiques pourtant issus de la droite classique (hier Sarko ; aujourd’hui Morano ou Wauquiez), dès que ceux-ci osent évoquer sans complexe les questions régaliennes, migratoires ou identitaires.
« Un Trump tropical » ?
Qu’on le veuille ou non, Jair Messias Bolsonaro risque très probablement de succéder à Michel Temer, le président brésilien en exercice, lui-même successeur de Dilma Roussef destituée. Certes, le « Trump tropical », tel qu’on nomme parfois Bolsonaro, n’est pas exempt de reproches. Ses propos outranciers, lorsqu’il appelle à « liquider » les voyous, lorsqu’il dit qu’un « flic qui ne tue pas n’est pas un bon flic », lorsqu’il accuse le PT d’être un « parti du crime », ont de quoi choquer. Toutefois, les fake-news lancées via les médias mainstream par son rival de gauche Fernando Haddad (PT), qui attribuent aux partisans de l’ex-capitaine des actes d’agressions racistes dont les enquêtes ont pourtant prouvé qu’il s’agissait de manipulation, sont rarement évoqués dans la presse française. Et cela est dommage pour l’objectivité de l’information, car la vision donnée de la situation au Brésil est totalement irréaliste et ne rend pas compte du fait que, face au supposé « extrémisme d’extrême-droite populiste» de Bolsonaro, l’extrémisme d’extrême gauche du parti des Travailleurs que ne supportent plus les Brésiliens n’est jamais évoqué. Prenons par exemple le cas de l’affaire survenue le 7 octobre dernier, deux jours juste après le premier tour de l’élection présidentielle, lorsqu’une jeune brésilienne militante LGBT s’est plainte d’avoir été supposément agressée par des militants pro-Bolsonaro, qui lui auraient de surcroit lacéré une croix gammée sur le ventre, ce qui est bien sûr immonde et hautement condamnable. On sait aujourd’hui que la jeune militante de gauche a totalement inventé et mis en scène son agression « fasciste », la police ayant prouvé qu’elle s’était en réalité automutilée elle-même…. La fausse agression a entre-temps été très largement dénoncée et diffusée sur les réseaux sociaux et dans la presse brésilienne de gauche qui relaya l’affaire avant même de connaître les résultats de l’enquête. Le procédé de diabolisation, d’autant plus stupide que Bolsonaro est très philosémite et pro-Israël et aucunement issu d’une tendance idéologique « nazie », rappelle en Italie, il y a quelques mois, l’affaire de la sportive italienne noire Daisy qui avait accusé des militants « d’extrême-droite » pro-Salvini de l’avoir agressé de façon raciste (à coups d’œufs dans la figure), avant que la police ne révèle que les agresseurs étaient des troublions pas du tout issue de la droite salviniste et dont le chef de bande n’était autre que le fils d’un député du parti de gauche (PD), qui avait largement dénoncé l’agression et relayée la version fausse de Daisy… Mais en dignes adeptes de 1984 d’Orwell, les donneurs de leçons de morale persistent et signent même lorsqu’ils sont pris en flagrant-délit d’intox, leur argument étant le suivant : vraie ou fausse, l’affaire a permis de faire prendre conscience à « l’Opinion publique » que l’arrivée au pouvoir des populistes-nationalistes ou droitistes-identitaires risque d’entretenir un « climat d’intolérance et de racisme » …. CQFD. Quant au pédigrée idéologique de Bolsonaro, il est difficile de le qualifier de « fasciste-nazi » ou même d’extrême-droite, quoi qu’on en pense : élu depuis 30 ans, depuis qu’il a quitté l’armée après s’être fâché avec sa hiérarchie, il a été élu successivement sous les couleurs du parti démocrate-chrétien, du parti progressiste réformateur, du parti progressiste, puis du parti dont est actuellement le leader, le parti Social-libéral (PSL). Quant à sa nostalgie de la dictature militaire, elle se limite à des propos à l’emporte-pièce, très courants au Brésil, au Chili ou en Argentine, qui consistent à faire une remarque certes choquante mais partagée par des millions de citoyens latino-américains, selon lequel sous les militaires, il n’y avait pas 46000 homicides par an, les gens n’avaient pas peur de rentrer du travail ou d’aller au cinéma le soir, et l’idéologie socialiste ne régnait la société et les médias. Ce qui est loin d’être la même chose que qu’un appel à revenir à la dictature. De la même manière, si les propos hyper sécuritaires et militaristes de Bolsonaro sont assimilés à une idéologie « fasciste » qui n’est pas celle de ce candidat chrétien conservateur et libéral sur le plan économique, les médias européens ont peu fait cas de l’insécurité proprement incroyable que redoutent les Brésiliens qui ne supportent plus le laxisme judiciaire, la tolérance envers les cartels et les pays producteurs de drogue dont a fait preuve le PT, puis veulent avant tout faire baisser la criminalité devenue, avant même les questions économiques, le sujet de préoccupation numéro un : attaques contre les personnes, les voitures ; agressions en tout genre ; viols ; braquages collectifs (« arrastào ») etc. Pour prendre la mesure de l’ampleur de l’insécurité au Brésil, il est bon d’évoquer l’étude intitulé « Atlas 2018 de la violence » publiée conjointement par le Forum brésilien de sécurité publique (FBSP) et l'Institut brésilien de recherches économiques Appliqué (Ipea), qui dénombre pas moins de 300.000 victimes de meurtres crapuleux entre 2011 et 2015… soit 160 par jour, une toutes les 9 minutes, et plus qu’en Syrie pendant la guerre civile sur une période comparable ! C’est ainsi qu’entre 2006 et 2016, 553.000 personnes auraient été assassinées au Brésil, un chiffre en hausse depuis 2016 avec 64000 assassinats en 2017. Ce score funeste fait du plus grand pays d'Amérique latine et de ce pays émergeant l'un des plus violents au monde.
Ronaldinho, premier fan de Bolsonaro !
Les prise de position récente de Ronaldinho, qui explique pourquoi il vote pour Bolsonaro, illustre assez fidèlement la motivation principale de la majorité de citoyens qui veulent la victoire du candidat de droite-populiste : «Pour un Brésil meilleur, je désire la paix, la sécurité et quelqu'un qui nous redonne de la joie », a-t-il lancé sur les réseaux sociaux en se montrant en photo avec le logo de Bolsonaro. De son côté, Rivaldo, le Ballon d'or en 1999, a expliqué sur Instagram que « Jair Bolsonaro est le candidat idéal pour notre pays », ce que déclare également Lucas Moura. Plus sérieusement, on ne peut pas comprendre le succès de Bolsonaro si l’on ne voit le Brésil qu’à travers les prismes déformants du Carnaval de Rio, des jolies brésiliennes en string des plages d’Ipanema, ou encore des artistes français de gauche comme Lavilliers, qui y plaquent, comme pour Cuba, tous leurs fantasmes de société socialiste métissée idyllique et exotique. Car le Brésil est aussi une société très conservatrice, très chrétienne, catholique, en grande partie blanche-européenne comme les ancêtres de Jair Bolsonaro, et de plus en plus protestante-évangélique, donc très conservatrice. De ce fait, outre le péril majeur de la montée de l’insécurité, attribuée au PT, le programme anti-clérical du parti des Travailleurs de Lula da Silva et Dilma Roussef - qui a consisté à introduire le mariage gay, la lutte pour les minorités sexuelles LGBT, la défense de l’avortement, les théories du genre, dans ce pays où les Calvaires et autres signes chrétiens sont omniprésents - a profondément choqué non seulement les Brésiliens « blancs-bourgeois » italo-luso-hispano-judéo-germano-libanais du Sud riche du pays comme Bolsonaro, mais encore plus les masses de Brésiliens métissés et même noirs, souvent très pauvres, du centre et du nord du pays, très attachés aux valeurs chrétiennes que les idéologues marxistes du PT n’ont cessé de déconstruire. De ce point de vue, la croissance fulgurante des églises protestantes-évangéliques très enracinées au sein des milieux modestes, ont joué un rôle majeur.
Comme l’a rappelé récemment l'ex-milieu de terrain de la Juventus Felipe Melo, ou encore l’ex-footballeur Cafu, Jair Bolsonaro n’a pas été élu que par les « fachos » ou les milieux d’affaires du Sud, mais aussi très largement par la classe populaire (à part le Nord-Este qui est une exception et où le PT demeure majoritaire). On peut citer par exemple le Parti républicain brésilien (PRB), un mouvement chrétien-évangélique de droite lié à la très puissante Église universelle du « royaume de Dieu », qui a mis tout son poids en faveur de « Jair ». Et l’on ne peut comprendre le succès des thèses - jugées chez nous « réactionnaires » - anti-avortement et pro-famille des masses brésiliennes modestes sans rappeler que ces églises évangéliques représentent aujourd’hui 35 % des Brésiliens. Elles ont largement contribué à monter les populations attachées à un christianisme identitaire à adhérer à des visions du monde voisines de celles de l’aile évangélique du Tea Party américain. On compare d’ailleurs souvent à juste titre Jair Bolsonaro à Donald Trump aux Etats-Unis, ce qui est plus proche de la réalité que de lui coller une étiquette de « nazi-fasciste ».
Le « PT fora » ! ou le rejet du « lulopétisme », l’idéologie de Lula da Silva, le leader historique du PT jugé responsable de désastre économique et de l’insécurité croissante
Pour comprendre le « phénomène Bolsonaro », il suffit de lire les communiqués et pancartes diffusés par les millions de manifestants qui, depuis 2014, réclament la fin du « lulopétismo », hurlent « PT dégage » ou dehors (« PT fora », PT étant le nom du Parti des Travailleurs) et voient Jair Messias Bolsonaro comme le seul homme politique - certes radical mais non corrompu – capable d’en finir avec « l’Etat-parti-PT », avec la corruption endémique, et avec l’assistanat-fiscalisme créateur de déclin économique. A tort ou à raison les électeurs de Bolsonaro, accusé selon eux fallacieusement d’intolérance, ne supportent plus et dénoncent l’intolérance idéologique marxiste du PT, son anti-christianisme supposé ou réel, et sa « complicité-responsabilité » dans la croissance exponentielle du « crime », du narco-trafic sur le point train de détruire un pays qui aurait par conséquent besoin d’être « sauvé » par un « homme fort ». N’oublions pas que dans la devise et le drapeau national du Brésil, figure non seulement la parole progrès mais aussi « ordre » (« Ordem e progresso »)… «On ne veut plus jamais de la gauche, car c’est elle qui a coulé le pays, On est dans la rue parce qu’on souhaite du changement ! » ont ainsi hurlé des millions de Brésiliens durant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle dans toutes les villes du pays, avec des pancartes explicites : « PT fora ».
Le désastre du « Partido-Estado » PT, réelle explication du succès de Bolsonaro
Ce que la presse occidentale majoritairement « Lulophile » n’évoque hélas jamais, c’est que le « Parti Etat » PT - présenté comme une mouvance de gauche humaniste et modérée en raison de ses positions sociétales politiquement correctes (défense des minorités sexuelles, de l’avortement et des théories du genre ) - a avant tout réussi à plonger un pays – au départ pourtant doté de tous les atouts pour être une puissance mondiale majeure - dans la pire crise économique depuis 50 ans : chômage massif, paupérisation, insécurité inouïe et chaos en perspective sur le « modèle vénézuélien bolivariste », référence suprème du PT avec Cuba… Jair Bolsonaro est d’ailleurs très convainquant lorsqu’il martèle qu’avec la posture majoritairement adoptée par nos élites et médias européens et français visant à diaboliser le phénomène « populiste-Bolsonaro » peut permettre de paraître à bon compte politiquement correct, « anti-extrême », du « bon camp », mais elle ne permet ni d’empêcher les « affreux-populistes » de voter pour leur candidat, ni de comprendre pourquoi tant de Brésiliens de toutes les couleurs et de tous les milieux sociaux, y compris moyens et pauvres, vont dans ce sens. Certes, la presse occidentale a cité à l’appui des accusations d’extrême-droitisme, les propos « racistes-misogynes-militaristes» de l’ex-capitaine Bolsonaro, mais elle n’a jamais dit que le candidat le mieux élu à Rio est un noir de son parti (PSL), et que les deux femmes les mieux élues aux élections législatives de début octobre (en même temps que la présidentielle) sont également membres de son parti : Janaina Pascual, la professeur de droit qui initia l’impeachment contre Dilma Roussef, et Joyce Hasselmann, la journaliste à la tête de la des chaînes web politique la plus consultée.
Curieusement, l’ex-président brésilien Ignacio Lula da Silva, emprisonné pour faits très graves de corruption sur demande initiale de millions de manifestants, est souvent présenté en Occident comme un « réformiste » représentant d’une gauche « tolérante » et « moderne », puis récemment comme une « victime » des juges à la solde de la droite et des ennemis du PT décidés à l’empêcher de se présenter. Toutefois, la France qui a évincé judiciairement pour des faits bien moins graves et pas encore prouvés le candidat Fillon en pleine campagne, 2017, n’a pas de leçon de morale à donner, ni les démocrates américains qui tentent par tous les moyens de condamner et destituer Donald Trump. On oublie de préciser en Occident un fait bien réel et palpable, qu’on le veuille ou non, que cela soit « juste » ou non : les ex-présidents brésiliens du PT, Lula et Roussef, sont détestés par une majorité de Brésiliens, horrifiés par l’insécurité et de la corruption. Pour eux, le PT et ses leaders n’incarnent aucunement une gauche modérée et raisonnable, mais une extrême-gauche marxiste-trotskiste qui a des racines révolutionnaires, totalitaires et même pro-terroristes (Roussef elle-même fit partie dans sa jeunesse d’une organisation terroriste d’extrême-gauche). Une gauche extrême qui a soutenu depuis les années 1990, l’ensemble des partis et régimes rouges révolutionnaires, autoritaires et violents d’Amérique latine, du Vénézuéla des « révolutionnaires bolivaristes », Chavez-Maduro au narco-Etat bolivien en passant par la prison insulaire qu’est le Cuba des Castro sans oublier, ce qui est encore moins connu, les Farc en Colombie et des formations pro-terroristes brésiliennes pro-amérindiennes ou liées au crime organisé comme PrimerComando de Capital ou Comando Vermelho, groupes mafieux ultra-violents dignes de Gomorra… C’est en tout cas ce que pensent les électeurs de Bolsonaro et ce qu’affirme le candidat à longueur de journée.
Guerre des représentations : méchants de la droite chrétienne contre gentils de la gauche marxiste
Fidèle à la « guerre des représentations » fondée sur la diabolisation et les procès en « fascisme », que toutes les gauches marxistes ont toujours manié avec grand art depuis Staline jusqu’à nos jours pour disqualifier leurs adversaires « bourgeois » ou « ennemis du peuple », le PT brésilien a inauguré la campagne présidentielle de 2018 en qualifiant systématiquement Bolsonaro et ses partisans de « fascistes », « nazis », « racistes », « misogynes », ou « homophobes ». Toutefois, cette stratégie de l’intimidation médiatique – qui impressionne encore que le bisounoursland ouest européen en voie de rétrécissement - n’a pas plus dissuadé des millions de Brésiliens de voter en faveur de Bolsonaro que la stratégie d’intimidation physique qui a failli couter la vie au candidat agressé de plusieurs coups de couteaux en pleine rue par un militant de gauche en septembre dernier. L’invocation du spectre du « retour de la dictature » d’extrême-droite n’a pas effrayé les Brésiliens qui n’ont pas donné de crédit à ces accusations d’autant qu’elles venaient d’un parti d’extrême-gauche idéologiquement intolérant et lié aux dictatures rouges les plus violentes. Le sentiment de supériorité morale affiché par le candidat du PT Fernando Haddad a finalement joué contre lui. Ceci n’est d’ailleurs pas sans rappeler la stratégie perdante d’Hillary Clinton et des démocrates américains qui ont également cru (à tort) pouvoir battre Trump en affirmant que les démocrates étaient plus « éclairés » et moralement « supérieurs » au méchant « milliardaire-populiste » qui « flattait les bas instincts du peuple ». Le défaut manifeste de ce genre de rhétorique anti-populiste est qu’elle achève de persuader le « bas peuple » dont on se « méfie des instincts » que l’Establishment le méprise. D’évidence, ceci ne fait que renforcer la popularité des « populistes » diabolisés, qu’il s’agisse de Trump aux Etats-Unis, de Salvini en Italie, d’Orban en Hongrie ou de Bolsonaro au Brésil. Certes, on peut comprendre ceux qui sont choqués par les provocation-slogans de l’ex-capitaine souvent outrancier qui prône la généralisation du port d’armes, la « liquidation physique des criminels », qui aurait dit que telle femme était « trop moche » pour être violée, etc. Toutefois, en réalité, le ras-le-bol du parti (PT) de Lula et Roussef, englués dans des gigantesques affaires de corruption et prébendes mafieuses ; l’exigence première de sécurité dans l’un des pays les plus violents au monde ; la généralisation du droit l’autodéfense et du port d’armes, proposition de loi largement plébiscitée durant le règne de Ignacio Lula da Silva mais que ce dernier refusa d’appliquer ; sans oublier la défense des valeurs familiales chrétiennes bafouées par les adeptes des « minorités sexuelles » oublieux de la majorité hétérosexuelle chrétienne qui se sent à tort ou à raison de ce fait méprisée, expliquent le rejet massif du PT et le succès du candidat Bolsonaro. En guise de conclusionCertes, rien n’assure que la promesse de « faire le ménage » et de « dégager » la classe politicienne corrompue dans le cadre de vastes opérations du type « main propres » (en référence à « mani pulite » en Italie dans les années 1990 qui renversa les partis traditionnels) sera tenue par le candidat « populiste ».
Celui est peut-être aussi démagogue que ses détracteurs de gauche. Mais il ne l’est peut-être pas, et s’il ose appliquer son programme, comme Trump aux Etats-Unis, les meutes bien-pensantes de tout l’empire occidental « McWorld » ne vont pas cesser de lui trouver des poux et de lui mettre des bâtons dans les roues. A moins que les milieux de la finance qui l’appuient contre les dérives étatistes du PT ne « canalisent » son énergie et ne « freinent ses passions ». Seul l’avenir confirmera si cet homme politique député depuis 30 ans et qui n’a aucune affaire de corruption à son débit sera un bon président, s’il sera plus raisonnable qu’on le craint, s’il sauvera le pays de la crise économique comme le croient les milieux d’affaire. Toutefois, une chose est sure : celui que l’on accuse d’être un « nostalgique de la dictature militaire » a été plébiscité par des millions de Brésiliens exaspérés par la dictature soft, marxiste, du PT et qui veulent avant tout en finir avec la corruption et l’insécurité que « Jair » promet de combattre sans relâche. En Europe comme aux Etats-Unis ou au Brésil, le fait d’analyser le succès des populistes qu’à travers une grille de lecture démonisante, moralisatrice et de facto méprisante envers le peuple qui y adhère, ne peut en aucun cas aider à comprendre les raisons réelles de succès des Trump, Salvi, Orban ou Bolsonaro, or ces raisons sont avant tout les erreurs, l’incurie, l’incompétence, la corruption, le mépris et parfois même la forfaiture dont se sont rendus coupables durant des décennies les pouvoirs en place trop sûrs d’eux et dont l’arrogance a scellé leur propre éradication par un peuple, certes, dangereux pour eux, en effet, car révolté et qui réclame justice...
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