Alexandre del Valle : Les difficiles pré-conditions d’une paix en Ukraine ou les 12 Travaux d’Hercule de Trump
- AdV
- 22 mars
- 3 min de lecture
CHRONIQUE. Alors que plusieurs initiatives ont été entreprises par les États-Unis pour parvenir à une paix en Ukraine, Donald Trump sait que sa prochaine mission, à savoir ne pas céder aux conditions maximalistes imposées par Moscou, s'annonce ardue. À l'occasion des pourparlers qui commenceront lundi en Arabie saoudite, un accord temporaire de cessez-le-feu limité aux frappes contre les infrastructures énergétiques des deux belligérant pourrait être conclu avec la double approbation de la partie russe, qui pâtit de maintes attaques ukrainiennes sur les dépôts de pétrole et les raffineries, et des Ukrainiens pour qui ceci est un début.

Depuis l’investiture de Donald Trump en janvier 2025, plusieurs initiatives ont été entreprises pour parvenir à une paix en Ukraine et surtout rétablir les relations entre les États-Unis et la Russie. Tout d’abord la rencontre, à Riyad, le 18 février 2025, entre les chefs de la diplomatie américain et russe, Marco Rubio et Sergueï Lavrov, qui a jeté les bases d’une « future coopération ». Ensuite, l’appel Trump-Poutine en vidéoconférence du 18 mars dernier, aux termes duquel Vladimir Poutine a rejeté l’idée d’un cessez-le-feu inconditionnel et s’est contenté d’évoquer un échange de prisonniers et une pause dans les attaques énergétiques. Celle-ci n’a d’ailleurs été respectée par aucune des parties.
Le chef du Kremlin a posé comme première précondition à toute trêve durable l’arrêt de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine, la fin de la mobilisation et le non réarmement de l’armée de Kiev. La deuxième est la levée des sanctions américaines contre la Russie, bien que ce point n’ait pas été mentionné dans les communiqués officiels. Il s’agit certes du seul vrai levier que les Etats-Unis pourraient actionner – avec l’aide militaire et technologique – pour faire pression sur Moscou. Parallèlement aux contacts croissants entre diplomates et services russes et américains, les visites des négociateurs américains, Steve Witkoff et Keith Kellog, en Ukraine et en Russie, ont montré que la paix sera plus longue et difficile que ne l’avait annoncé The Donald (« en 24 h ») durant sa campagne.
Notons que le général Kellogg a été dessaisi du dossier russe après avoir été nommé, le 15 mars, « émissaire pour l’Ukraine », tandis que son rival, Witkoff, est désormais en charge des négociations avec le Kremlin. On se rappelle que lorsque Donald Trump avait qualifié, fin février, son homologue ukrainien de « dictateur », Kellogg , jugé trop pro-Ukraine par la Russie, l’avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé ». Moins imprégné de prismes de guerre froide, Steven Charles Witkoff, ami de longue date de Trump, propriétaire fondateur du Witkoff Group (empire immobilier évalué à un milliard de dollars), est un pur pragmatique. Sa priorité est d’obtenir un deal géoéconomique et stratégique global qui dépasse de loin la simple recherche d’une paix en Ukraine.
D’autres négociations sont de ce fait prévues pour établir un cessez-le-feu maritime en mer Noire et pour explorer des solutions en vue d’une paix durable qui passe par un reset cynique russo-américaine face à la Chine que l’on cherche à découpler de Moscou et contre laquelle est déclenchée une guerre géoéconomique. La vraie difficulté pour Trump sera de faire accepter par ses équipes, son peuple et le Deep state – la prise en compte des « préoccupations sécuritaires de la Russie. Cela implique une vaste négociation sur les traités de non-prolifération nucléaire, la limitation des missiles/antimissiles ; les bases américaines en Europe, puis le destin de l’OTAN.
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