Alexandre del Valle : La stratégie de Zelensky pousse au conflit direct avec la Russie et augmente les risques de guerre nucléaire
CHRONIQUE. Face aux pertes d’hommes, à l’inexorable progression des troupes russes en Ukraine, conscient du fait que son armée manque de plus en plus d’hommes et que son moral est au plus bas — malgré l’incursion vers Koursk — le président ukrainien joue le tout pour le tout. Zelensky sait que la guerre en Ukraine commence à se retourner contre lui.
Face à cette réalité, Zelensky joue la seule carte qui lui reste : impliquer directement l’Otan dans le conflit, en espérant que l’engrenage de la livraison d’armes autorisées à frapper la Russie déclenche une guerre avec Russie qui obligera l’Alliance à envoyer des troupes. Après l’attaque contre-productive sur le territoire russe — qui a plus dégarni les troupes ukrainiennes d’élite en Ukraine que les troupes russes —, Zelensky cherche donc à impliquer de plus en plus les armées des pays de l’Otan dans la guerre, en espérant que cela s’opèrera par le biais de l’engrenage.
“Ignorer les lignes rouges de Poutine”
Le 6 septembre dernier, lors de la réunion du Groupe de contact à Ramstein, en Allemagne, puis le 7 septembre lors du forum économique de Cernobbio (Italie), Volodymyr Zelensky a lancé un appel solennel aux alliés de l’Otan en les sommant d’« ignorer les lignes rouges de Poutine », notamment en leur demandant non seulement plus de missiles à longue portée, mais aussi le droit d’utiliser ces armes pour frapper de plus en plus en profondeur et en intensité la Russie. Celle-ci ne serait donc plus sanctuarisée par la détention de l’arme atomique.
De ce point de vue, l’incursion ukrainienne de Koursk a atteint un objectif majeur : pas celui de conquérir des terres russes— qui seront reprises et qui ont obligé Kiev à dégarnir le front du Donbass —, mais celui visant à démontrer que l’on peut faire la guerre à la Russie sans déclencher ni l’apocalyptique ni une punition dissuasive d’un Poutine lâche qui comprendrait le seul langage de la force. Cette idée paraît vérifiée à la lumière de la lenteur de la contre-offensive russe dans l’oblast de Koursk. Toutefois, les déclarations de Zelensky, qui estime que cette attaque prouverait la pertinence de frapper toujours plus la Russie avec des armes occidentales, peuvent finir par déclencher un vrai engrenage infernal. Et transformer cette guerre, initialement régionale, en une guerre Occident-Russie aux conséquences imprévisibles.
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