Alexandre Del Valle : L’obsession de la Seconde Guerre mondiale empêche de comprendre la troisième
CHRONIQUE Des commémorations du débarquement du 6 juin 1944 hautement instrumentalisées sur fond de guerre en Ukraine et d’élections européennes et américaines…
Les dirigeants du monde se sont réunis en Normandie le 6 juin pour marquer le 80e anniversaire du débarquement. Vingt-cinq chefs d’État et de gouvernement et 250 vétérans ont assisté à l’hommage fort médiatisé. La Russie n’a, sans surprise, pas été conviée aux célébrations, une humiliation pour Poutine, même si Macron a tenu à rappeler dans son entretien avec France 2 et TF1 le rôle de l’URSS dans la victoire contre l’Allemagne nazie. Depuis ses déclarations choc de février sur l’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine, Macron veut apparaître comme le nouveau Churchill face au péril russe, sur fond d’élections européennes pour lesquelles il oppose les “fascistes” RN et autres populistes pro-Russes aux “résistants” macronistes et centristes pro-Ukraine.`
Paré des habits du leader de l’Occident devant un Biden affaibli, le président a déclaré devant Volodymyr Zelensky que « face au retour de la guerre sur notre continent, à la remise en cause de tout ce pour quoi ils se sont battus face à ceux qui prétendent changer les frontières par la force ou réécrire l’histoire, soyons dignes de ceux qui débarquèrent ici. Votre présence ici, en ce jour, monsieur le président d’Ukraine, dit tout cela ». Les choses sont en fait plus complexes sur le plan historique quand on sait que les nationalistes ukrainiens — qui ont poussé Zelensky à attaquer le Donbass depuis 2014, à violer les accords de Minsk, puis à insérer dans la Constitution l’impératif de faire entrer leur pays dans l’Otan (sources majeures de la guerre en Ukraine) — demeurent fort ambigus sur la Seconde Guerre mondiale, sachant que la milice de leur héros national, remis à l’honneur depuis 2014, Stepan Bandera, participait à la Shoah aux côtés de l’armée allemande.
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