Alexandre del Valle : l’attaque ukrainienne en territoire russe, baroud d’honneur, prouesse tactique ou futur élément de négociation ?
CHRONIQUE. Depuis le 6 août, 1 000 à 5 000 soldats Ukrainiens, grâce aux renforts en cours, et 30 blindés partis de la région de Soumy (nord de Kharkiv) ont pénétré l’oblast russe de Koursk sur une trentaine de km. L’attaque, qui a pris de court l’armée russe impréparée à ce risque, aurait comme objectif tactique la centrale nucléaire de Koursk et aurait permis de prendre Soudja (information non vérifiable actuellement), qui abrite la dernière station de transit du gazoduc Ourengoï-Pomary-Oujgorod, qui transporte la moitié du gaz naturel russe encore exporté vers l’Europe de l’Est (Hongrie et Slovaquie).
Les forces ukrainiennes composées des éléments de quatre brigades (infanterie, d’assaut, mécanisée et forces spéciales) appuyées par une défense anti-aérienne et des drones, cherchent à contrôler les villes de Koursk, Soudja et Korenevo. La presse ukrainienne et occidentale affirme que l’armée de Kiev a « conquis » 350 km2 à 430km2 en trois jours, soit l’équivalent des terres ukrainiennes prises par l’armée russe ces dernières semaines…
En réalité, le fait qu’une des 4 colonnes du raid ukrainien ait progressé sur une bande de 30 km ne signifie pas son contrôle total de la zone. Une conquête, qui nécessitant la mise en place d’une administration et d’une défense durable en terre ennemie, est impossible. Certes, c’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que des troupes ennemies pénètrent le territoire russe. Toutefois, Kiev « se retrouve maintenant dans la même situation que la Russie : elle a attaqué un pays souverain, des infrastructures civiles ont été détruits et des civils ont été tués par l’armée de Kiev », remarque le géopolitologue spécialiste de l’Europe de l’est, Nikola Mirkovic, auteur du Chaos ukrainien*.
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