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Alexandre del Valle : Génocide au Congo, le deux poids deux mesures de l’Occident

Le conflit en République Démocratique du Congo (RDC), notamment la région du Kivu, trouve ses origines dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 puis dans les événements liés au Burundi, qui virent des centaines de milliers de Hutus fuir ces deux pays pour l’Est de la RDC. Depuis 2021, la province du Nord-Kivu, région travaillée par des forces séparatistes à l’est de la RDC, est un théâtre d’affrontements entre forces gouvernementales et rebelles armés du Mouvement du 23 mars (M23), qui progresse vers le sud avec le soutien de l’armée rwandaise.



Le M 23 a récemment pris la capitale du Kivu, Goma, avec l’aide de 3500 soldats rwandais. Depuis janvier 2025, les combats ont fait plus de 400 000 déplacés selon l’ONU, ceci dans l’indifférence générale des médias et politiques occidentaux. Le M23, de plus en plus ouvertement appuyée par le Rwanda de Paul Kagame, qui lui fournit armements, soldats et entraînement militaire, serait coupable selon des rapports de l’ONU de massacres de civils, de viols, et de déplacements forcés dans les zones qu’il contrôlée.

Les Nations Unies ont également épinglé le groupe ennemi du M23, les FDLR hutu (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda).


Rappelons que les FDLR en RDC, qui contrôlent d’immenses camps de réfugiés, a été fondé en 2000 par des responsables hutus du génocide de 1994 au Rwanda exilés en RDC et déterminés à revenir au Rwanda pour y renverser le pouvoir du gouvernement pro-Tutsi de Paul Kagamé.


De son côté, ce dernier utilise cet état de fait pour justifier – comme Erdogan en Syrie du Nord face aux séparatistes kurdes anti-Ankara – un protectorat de facto qui lui permet surtout de faire main-basse sur les ressources naturelles de la RDC. Le Kivu est en effet très riche en coltan, cobalt, or, et autres ressources utilisées dans l’industrie technologique mondiale pour la fabrication de téléphones portables, d’ordinateurs et de batteries. Les entreprises chinoises, américaines, et européennes, liées au régime de Kagamé, sont d’ailleurs accusées par la RDC de soutenir des groupes armés pour sécuriser l’accès à ces ressources.


Le jeu trouble du Rwanda de Kagamé


En réalité, la présence des FDLR permet au Rwanda de justifier son contrôle de l’est de la RDC, notamment en soutenant les Tutsis revanchards du M23. Depuis 30 ans, le Rwanda cherche à dominer la région des Grands Lacs africains et ses richesses naturelles, dont celles du Kivu, ce qui passe par l’affaiblissement de l’État congolais.


Par ailleurs, le Rwanda, bien plus petit que la RDC, veut éviter qu’un pays aussi vaste et riche en ressources ne menace ses ambitions régionales en devenant une superpuissance locale.

Le Rwanda joue par ailleurs un rôle clé dans le commerce transfrontalier des matières premières. En déstabilisant la RDC et en soutenant des groupes rebelles, Kagamé veut obtenir un contrôle indirect sur les circuits de commerce illicite de ces minerais, ce qui permettrait à Kigali de maximiser ses profits en redirigeant le commerce de minerais par le Rwanda ou en créant un réseau parallèle de distribution des ressources naturelles, hors du contrôle du Congo.


Le silence des médias et le manque de réactions des dirigeants des pays occidentaux


La RDC est loin des priorités immédiates des médias occidentaux qui se concentrent naturellement sur des événements géopolitiquement plus proches et plus compréhensibles pour le public, comme la guerre en Ukraine ou le conflit au Proche-Orient. Une autre raison moins avouable de cette indifférence est que le Rwanda est un partenaire clé pour les multinationales occidentales, États-Unis et le Royaume-Uni en tête, qui ont souvent joué contre les intérêts de la France, d’ailleurs, dans la région.


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