top of page

Sortie de crise en syrie : la nouvelle donne

* Essayiste et éditorialiste. Auteur, entre autres publications, de : La Turquie dans l’Europe, un Cheval de Troie islamiste ?, Les Syrtes, 2003 ; Le Complexe occidental. Petit traité de déculpabilisation, Éditions du Toucan, 2014 ; Le Chaos syrien (avec Randa Kassis), Dhow éditions, 2014 ; Les Vrais ennemis de l’Occident, L’Artilleur, 2016 ; La Stratégie de l’intimidation, L’Artilleur, 2018.

Comment sortir du « chaos syrien » (1) ?

Plus que jamais, la question relève de l’exercice à haut risque. Sur le terrain, de nouveaux rapports de force se sont mis en place : partout, Daech recule et le régime syrien engrange les victoires face aux rebelles et aux djihadistes. Mais c’est la Russie qui « mène le bal » en tentant de nouer très pragmatiquement des accords avec l’ensemble des acteurs en présence. L’État syrien étant apparemment hors de danger, le moment est venu pour Moscou de lancer la phase du règlement politique — un objectif que partagent à présent les Occidentaux et leurs partenaires sunnites (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Jordanie, Turquie).

Changement de priorités en Syrie et forces en présence

Depuis la défaite de Daech, le régime syrien a repris le contrôle de la « Syrie utile » (Damas, Homs, Hama, Alep, Deraa) et personne ne fait plus du départ de Bachar al-Assad une condition préalable à des discussions de paix. Lors de son voyage à Saint-Pétersbourg les 26 et 27 mai 2018 (2), le président Emmanuel Macron a reconnu officiellement que le régime de Damas est le gouvernement « légal » de la Syrie. Fort de ce constat, la Turquie a renoncé à renverser Bachar et s’est rapprochée de la Russie durant l’été. Face au camp loyaliste « vainqueur », qui est venu à bout du gros de la rébellion anti-Assad et des djihadistes, on distingue trois groupes de perdants :

1) les rebelles, aussi bien islamistes que djihadistes, et l’opposition sunnite (3) soutenue par les monarchies du Golfe ;

2) les États qui ont aidé les djihadistes et les Frères musulmans, comme le Qatar ;

3) les réfugiés syriens, majoritairement sunnites, qui reviendront difficilement dans une Syrie reconquise où des alaouites et des sunnites pro-gouvernementaux les ont remplacés...

À cet ensemble, on peut ajouter trois autres groupes « moins gagnants » que prévu :

1) les Kurdes syriens des YPG (4), dont le rêve d’un État indépendant (« Rojava ») a capoté. Abandonnés par les Russes et les Occidentaux, ils ont été empêchés par l’armée turque de faire la jonction entre les cantons kurdes de l’est et ceux situés à l’ouest de l’Euphrate ;

2) les Occidentaux, qui ont contribué à faire reculer Daech, mais qui n’ont pas réussi à arrêter les massacres et à renverser Bachar al-Assad ;

3) la République islamique d’Iran et les milices chiites (Hezbollah libanais, etc.), qui voulaient implanter des forces aux portes de l’État juif et qui se sont heurtées à l’armée israélienne avec l’assentiment de la Russie.

La mainmise de Moscou sur le régime de Damas

Les buts de guerre de Moscou en Syrie sont connus : le sauvetage du régime (qui ne saurait être réduit à la personne de Bachar al-Assad) ; l’élimination des terroristes russophones ayant rejoint Daech ou Al-Nosra avant qu’ils ne reviennent chez eux ; et le maintien des deux grandes bases militaires, Hmeimim et Tartous. L’accès aux mers chaudes constitue, en effet, pour la Russie un objectif géopolitique majeur ; et cela, depuis les tsars. Le régime de Damas dispose, grâce à son allié russe, d’une supériorité militaire aérienne sur les rebelles, mais l’armée syrienne est de ce fait de plus en plus inféodée à l’armée russe. Moscou supervise des bataillons, double les commandements, nomme certains officiers, fournit des armes et stationne sur place quelque 4 000 hommes (5), un groupe naval et des avions de combat. Le régime de Damas, ruiné, ne contrôle et n’entretient financièrement qu’une petite partie de son armée exsangue dont des bataillons entiers, « autofinancés » localement, n’obéissent plus au président syrien. Depuis 2014, l’armée syrienne peine à renouveler ses effectifs qui subissent de lourdes pertes face aux rebelles et aux djihadistes.

L’allié jusqu’au-boutiste iranien et l’expansionnisme chiite

Pour sa part, la République islamique forme des soldats et des officiers chiites et apporte une aide considérable au régime syrien. Elle a dépêché sur place des milliers de Pasdarans (dont des combattants de la force Al-Qods) et supervise les bataillons chiites pro-iraniens (constitués de Libanais, d’Irakiens et d’Afghans) réunis dans des unités (6) pilotées par le général Qassem Soleimani. Contrairement à une idée reçue, les « buts de guerre » de Téhéran ne sont pas identiques à ceux de Moscou. Si l’Iran a convergé avec la Russie dans la phase de « sauvetage » de l’État syrien face aux rebelles afin de consolider ses bases aux portes du Liban et d’Israël, il n’a en revanche aucun « plan B » en dehors de Bachar al-Assad. Il cherche donc à dissuader le président syrien d’œuvrer à la solution politique durable que réclame la Russie. La volonté iranienne de profiter du chaos syrien pour renforcer sa profondeur stratégique et implanter des bastions militaires près du Golan israélien est perçue par l’État hébreu, les monarchies du Golfe et les États-Unis comme un casus belli. Cela dit, cette position pourrait évoluer sous l’effet des sanctions économiques occidentales et des pressions russes. Téhéran n’exclut d’ailleurs pas un retrait du théâtre syrien une fois le régime stabilisé, à supposer que Damas le demande.

L’ingérence de l’Iran ne fait pas l’unanimité en Syrie, y compris au sein de l’armée. Ainsi, en 2015, le lieutenant-général Rustum Ghazaleh, chef de la sécurité politique, fut tabassé à mort après avoir dénoncé l’emprise de la hiérarchie militaire iranienne (7). Quant à la Russie, elle tente depuis 2017 de convaincre les Occidentaux, les monarchies sunnites et Israël d’accepter son plan de sortie de crise en promettant de limiter la présence iranienne en Syrie. Lorsqu’il a rencontré son homologue syrien Bachar el-Assad, le 17 mai 2018 à Sotchi, Vladimir Poutine a ainsi rappelé que la paix passe par le départ des « forces militaires étrangères » (8), sans préciser s’il faisait référence à l’armée turque qui occupe Afrine et y massacre les Kurdes (9) ; aux forces américaines présentes aux côtés des Kurdes, aux rebelles et djihadistes d’Idlib (nord-ouest) ou aux forces iraniennes-chiites.

L’accord russo-israélien

Depuis le début de la guerre civile, la position israélienne ne vise pas le « regime change » mais l’endiguement des forces iraniennes et du Hezbollah (ennemi principal de Tsahal), quand bien même ces forces irano-chiites luttent contre les djihadistes. Depuis la rencontre Poutine-Netanyahou à Moscou, le 9 mai 2018, les Israéliens se sont entendus sur ce point avec les Russes. Première manifestation de cette entente de « non-nuisance » réciproque, le même jour, Vladimir Poutine n’a pas condamné les raids de Tsahal contre des installations et miliciens chiites pro-iraniens. Dans la foulée, Vladimir Kojine, le conseiller spécial chargé des coopérations militaires et techniques du président russe, a proposé d’annuler la vente à la Syrie des anti-missiles S-300, fermement condamnée par Israël (10). Les Russes ont alors scellé un accord pragmatique avec les Israéliens : Tsahal ne cherche pas à renverser le régime syrien et Moscou fait respecter les lignes rouges concernant l’activisme iranien.

En fait, si la Russie a eu besoin de l’appui au sol de l’Iran et du Hezbollah pour combattre les rebelles sunnites anti-Assad, Vladimir Poutine ne tient pas pour autant à voir ces alliés encombrants implanter durablement en Syrie des bases arrière qui leur permettraient d’attaquer Israël. Et Moscou ne tolère plus que l’Iran encourage Bachar al-Assad à saboter les négociations en vue d’une solution politique (11). L’été 2018, qui fut marqué par la reprise de plusieurs districts du Sud (aux frontières d’Israël et de la Jordanie) par l’armée loyaliste, a confirmé cette nouvelle entente israélo-russe. Le 11 juillet 2018, à l’occasion d’une nouvelle rencontre, le premier ministre israélien a demandé à M. Poutine de faire pression sur l’Iran pour qu’il se retire de Syrie. Le 23 juillet, le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov et le chef d’état-major de l’armée russe, Valeri Guerassimov ont proposé à Benyamin Netanyahou d’instaurer une zone tampon de 100 kilomètres entre Israël et la Syrie. Il a également été question d’un projet de cessez-le-feu dans le Sud, du retrait progressif des « forces non syriennes » et du déploiement de troupes syriennes à la frontière israélienne. Autre marque de l’évolution d’Israël depuis l’accord avec Moscou : le ministre de la Défense israélien Avidgor Liberman a reconnu que, à condition que les Iraniens soient éloignés, la reconquête de la Syrie par l’armée de Damas « présente des avantages ». Il a accepté que Moscou déploie dans le Golan syrien huit postes d’observation afin d’empêcher les provocations iraniennes ou djihadistes dans le Golan israélien (12). La police militaire russe, devenue de ce fait médiatrice entre Damas et Israël, a non seulement respecté ses engagements et bloqué les forces chiites-iraniennes dans cette zone mais elle a aussi aidé les Nations unies à reprendre ses missions d’observation sur place.

La Jordanie renoue avec Damas et l’Arabie saoudite lâche les djihadistes en Syrie

Fin 2015, sous la pression de Moscou, le royaume hachémite a réduit son soutien aux rebelles sunnites anti-Assad dits du « Front du Sud » et rétabli une coopération sécuritaire avec Damas. Ce processus, parrainé par la Russie, s’est accentué en juillet 2017 lorsque Amman a négocié avec Washington et Moscou un cessez-le-feu dans le sud de la Syrie dans le cadre des accords de « désescalade » (13). Depuis juin 2018, les dernières poches tenues par Daech près du Golan, à Deraa (berceau de la révolte anti-Assad), Quneitra et Soueïda (Sud) ont été reconquises par l’armée syrienne avec la bénédiction des États-Unis, d’Israël et de la Jordanie. Quarante localités des provinces jadis tenues par les rebelles ont passé des accords de « réconciliation » qui prévoient la remise des armes les plus lourdes et le retour des institutions étatiques en échange d’un cessez-le-feu et d’une amnistie (14). L’État syrien a ainsi récupéré d’anciennes positions rebelles le long de la frontière jordanienne, la reprise de Nassib et le retour du régime dans le Sud-Ouest faisant espérer à Amman le redémarrage des échanges commerciaux avec la Syrie (15).

Quant à l’Arabie saoudite du prince-héritier Mohamed Ben Salmane, en guerre contre l’islam politique des Frères musulmans et l’expansionnisme chiite-iranien (Yémen, Syrie, Liban), elle a également cessé de soutenir les rebelles islamistes, les djihadistes et même les opposants les plus radicaux (16) que seul le Qatar continue à aider. Riyad a pris acte de la pérennité du régime et de l’échec de la révolution sunnite en Syrie — une nouvelle posture qui va faciliter une solution politique.

Groupes islamistes anti-Assad et djihadistes en perte de vitesse

Globalement, le camp rebelle sunnite, majoritairement islamiste, doit sa défaite à sa division et à l’hétérogénéité de ses soutiens extérieurs. Certaines de ses légions ont été représentées dans la Coalition nationale syrienne (CNS), devenu Comité des négociations. Les groupes armés sunnites se sont largement réclamés de l’Armée syrienne libre (ASL) qui émergea au début de l’insurrection en 2011. Composée de déserteurs de l’Armée arabe syrienne (AAS), cette ASL a vite été absorbée par les islamistes. Les milices sunnites rattachées à l’ASL et les groupes islamistes radicaux les plus puissants — Front islamique, Ahrar al Sham, Jaych al-Islam, Faylaq al-islam, Al-Nosra (rebaptisé Jabhat Fatah al-Cham puis Hayat Tahrir al-Sham (17)) — qui ont « résisté » à la Ghouta et à Alep, ont bénéficié d’un appui étranger considérable. Leur déclin a préparé celui de l’État islamique en 2017 face aux avancées des coalitions kurdo-occidentales et des forces syriennes épaulées par leurs alliés russo-iraniens. Les dernières poches importantes de rebelles et jihadistes se situent à l’est (Daech) (18) et au nord, à Idlib, où ont été accueillis des milliers de combattants évacués des ex-fiefs rebelles djihadistes (Alep, Homs, Ghouta, Deraa, Kuneitra). Habitée par trois millions de personnes dont nombre de réfugiés de l’intérieur, Idlib est contrôlée à 60 % par les jihadistes du Hayat Tahrir al-Sham (HTS, dont le noyau dur est Al-Qaïda en Syrie, ex-Al-Nosra), qui domine le nord de la province notamment. Le HTS domine la partie nord de la province à la frontière de la Turquie. La partie sud d’Idlib est aux mains d’autres groupes rebelles pro-turcs qui se sont réunis en mai 2018 au sein de la coalition Jabat al-Wataniya al-Tahrir (Front pour la Libération nationale, FLN). Majoritairement islamistes, ces groupes membres du FNL (Ahrar al-Sham, Harakat Nour al-Din al-Zenki (19), etc.) sont opposés au HTS bien que certains, tout aussi islamistes, aient été dans le passé récent alliés à l’État islamique ou à Al-Qaïda.

Toujours au nord, à l’ouest de l’Euphrate, Afrine et Jarablous sont investis par l’armée turque qui y accueille les groupes venus des zones reconquises par l’armée syrienne (Al-Hamza, Ahrar al-Sharqiya, Mourad Sultan, al-Zinki, etc.) exfiltrés de la Ghouta ou du Sud pour venir y combattre les Kurdes (20). La victoire définitive du régime de Damas sur les rebelles et les djihadistes passe donc par Idlib et la reconquête du Nord, face à l’armée turque et à ses groupes rebelles protégés qui auraient voulu y créer une zone tampon durable afin d’y reloger les trois millions de réfugiés syriens exilés en Turquie. Moscou a donc tout fait pour associer Ankara, en tant que garante de la « zone de désescalade » d’Idlib —l’une des quatre zones négociées avec Damas et Moscou à Astana (21) — à ce processus de reconquête. Rappelons qu’Ankara était censée séparer les « rebelles modérés » des djihadistes. Mais elle s’est afforcée de retarder l’échéance, dans la mesure où le HTS (Al-Qaïda) contrôle la zone nord d’Idlib par où l’armée turque doit passer pour alimenter le FNL au sud de la province. La Russie a donc tenté de convaincre Ankara de l’aider à reproduire à Idlib le scénario de Deraa, qui avait permis à l’armée syrienne d’écraser les djihadistes récalcitrants.

Cet objectif était au cœur de la rencontre tripartite Iran-Russie-Turquie organisée le 7 septembre 2018 à Téhéran en présence des présidents Erdogan et Poutine, qui n’a pas abouti, et de celle du 17 septembre, à Sotchi, qui a débouché sur un nouvel accord pragmatique entre les deux alliés-ex-ennemis : Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan se sont mis d’accord sur la création d’une « zone démilitarisée » dans le nord de la Syrie (de 15 à 20 kilomètres de large au nord d’Idlib), contrôlée conjointement par les forces turques et la police militaire russe, le but immédiat étant de « séparer » les forces gouvernementales syriennes et la rébellion, et donc d’exclure les rebelles « radicaux » (surtout les djihadistes du HTS pro-Al-Qaïda), sommés de quitter la région sous peine d’attaques massives. Toutes les armes lourdes devront être retirées d’ici au 10 octobre 2018.

Cet accord n’est toutefois qu’un pis-aller nécessairement précaire, car le régime syrien ne pourra pas accepter indéfiniment que les milices islamistes anti-Assad de l’ex-ASL et du FNL, proches de la Turquie, continuent à défier la souveraineté de l’État syrien. L’accord permet, en fait, à M. Erdogan de ne pas « lâcher » d’un coup ses protégés islamistes anti-Assad. Il peut de la sorte se vanter auprès de ses électeurs islamistes et des capitales sunnites d’avoir obtenu la « zone tampon » qu’il exigeait depuis le début de la guerre — une zone certes plus étroite qu’espéré, mais l’important pour le néo-sultan est de gagner du temps afin de permettre aux djihadistes de quitter la zone et de négocier avec Moscou et Damas les accords les moins défavorables possibles. Quant aux Russes, qui semblent avoir cédé aux exigences turques, ils ont obtenu le départ des djihadistes (qu’ils peuvent attaquer avec l’aval d’Ankara s’ils ne partent pas) ainsi que le recul plus au nord des milices pro-turques qui menaçaient jusqu’alors le fief des alaouites et la ville d’Alep.

L’accord russo-turc permet de calmer les faucons américains interventionnistes qui entourent Donald Trump et donc de créer un climat plus propice à une solution politique. Cette solution politique demeure la priorité du Kremlin qui continue de négocier des accords de non-nuisance réciproques avec toutes les parties prenantes, locales, régionales et internationales. Cette realpolitik qui vise aussi à neutraliser les Occidentaux, n’empêche pas pour autant les démonstrations de force. On l’a vu fin août 2018 avec l’imposant déploiement naval russe au large de la Syrie, composé de navires de guerre et de sous-marins prêts à frapper, puis avec l’impressionnant exercice militaire baptisé « Vostok 2018 » organisé en septembre 2018 dans l’est de la Sibérie, avec la participation des armées chinoise et mongole. Près de 300 000 hommes, 36 000 véhicules blindés, des systèmes S-400 et S-300, des Tor et Bouk, 80 bâtiments et plus d'un millier d’avions et de drones ont participé, dans l’Extrême-Orient russe, aux plus importantes manœuvres militaires depuis 1981. Il s’agissait notamment d’afficher l’« expérience acquise en Syrie ». Ce message géostratégique était clairement destiné à dissuader les pays de l’Otan et Washington de lancer des raids contre le régime de Damas en cas (ou sous prétexte) d’emploi d’armes chimiques ou de massacres de civils à Idlib.

La Turquie néo-ottomane d’Erdogan

Lors du « printemps arabe », le président Recep Tayyip Erdogan a pris la défense des rebelles islamistes proches des Frères musulmans et a même favorisé un temps l’expansion de l’État islamique en lui achetant son pétrole et son coton. Rompant avec l’ancien allié syrien bassiste, Ankara a accueilli les QG de l’Armée syrienne libre et deux millions de réfugiés syriens. Afin de les relocaliser, elle réclame une zone tampon et d’exclusion aérienne au nord de la Syrie. Cette demande se heurte à l’opposition du régime syrien, des forces kurdes et de leurs protecteurs américains, mais est accueillie favorablement par Moscou. L’objectif de la Turquie est d’enrayer au nord-ouest de l’Euphrate la progression des Unités de défense kurdes (YPG) qui rêvent d’un État indépendant et contrôlent un quart du territoire syrien (22). En réaction à la proclamation, le 17 mars 2016, d’un « État kurde » en Syrie appelée « Rojava » (23), Ankara a lancé des opérations militaires contre les forces kurdes en s’appuyant sur les milices rebelles islamistes syriennes. Cette offensive a été favorisée par le rapprochement entre Ankara et Moscou initié à la suite du coup d’État avorté de l’été 2016 contre le président turc. En échange du lâchage des Kurdes par la Russie (Moscou a laissé les Turcs s’emparer des zones kurdes contrôlées par les YPG à l’ouest de l’Euphrate avec l’aide des milices islamistes arabes qui en ont chassé les populations kurdes), la Turquie a aidé les forces russes et syriennes à reprendre Alep et la Ghouta. En dehors de ce réduit islamiste pro-turc, Ankara a stoppé son soutien aux djihadistes qui ont été contraints d’abandonner Alep, la Ghouta, Idlib ainsi que leurs fiefs du Sud.

Les Kurdes de Syrie

Les Kurdes contrôlent 30 % du territoire syrien, dont d’importants champs pétrolifères. Depuis 2011, ils se sont dotés d’une Constitution et ont créé des écoles en langue kurde. L’essentiel de leurs troupes sont regroupées au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), composées de Kurdes et de miliciens arabes soutenus par les États-Unis. L’avancée du régime syrien les a cependant contraints à renoncer à l’indépendance puis à négocier avec Damas (24). Une première réunion a eu lieu le 26 juillet entre des représentants d’Assad et une délégation kurde conduite par la présidente du Conseil démocratique syrien, Elham Ahmad. Jamais les forces kurdes n’accepteront d’être désarmées, car elles savent qu’un jour leurs protecteurs américains quitteront la Syrie. Pour Damas, qui partage avec elles des ennemis communs (Turcs et rebelles islamistes), un terrain d’entente devra néanmoins être trouvé, faute de quoi la « guerre dans la guerre » se poursuivra. Toute solution négociée devra accorder une autonomie aux Kurdes qui ont versé leur sang pour arracher des territoires à l’EI.

L’espoir des pourparlers de paix

Jusqu’à une période récente, l’ONU et 80 États, dont l’Union européenne et les États-Unis, reconnaissaient comme « représentants légitimes » de l’opposition le Conseil national syrien (CNS), fondé en octobre 2011 à Istanbul (25). Le 11 novembre 2012, le CNS a adhéré à la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (26) constituée sous l’égide des monarchies du Golfe, avant d’intégrer le Haut comité des négociations (HCN), créé en décembre 2015 à Riyad et rebaptisé Comité des négociations en novembre 2017. Cette opposition, sunnite de tendance islamiste, a pris part aux pourparlers de Genève sous l’égide des Nations unies, mais n’a pas été reconnue par le régime syrien et ses alliés russes et iraniens, notamment en raison de ses liens avec des groupes djihadistes (Al-Nosra) et, surtout, de son appel à renverser Bachar al-Assad. Toutefois, cette exigence a été récemment mise en sourdine par une partie des forces d’opposition (27). Ces nouveaux rapports de force favorables aux loyalistes ont fait naître un espoir de dialogue entre le régime et l’opposition dans la mesure où les opposants anti-Assad jadis liés aux rebelles sont désormais plus enclins à composer (28).

Face à ces formations islamistes, quatre mouvements d’opposition « alternatifs » appuyés par la Russie et de plus en plus actifs acceptent un dialogue sans pré-conditions. Il s’agit de la Coalition des partis démocratiques de Syrie, présidée par Haytham Manna, opposant laïque pluraliste ; de la plateforme d’Astana de Randa Kassis, également leader du mouvement pour la Société pluraliste ; de celle de Moscou, présidée par Qadri Jamil, ex-vice premier ministre de Syrie limogé en octobre 2013 ; et du courant Al-Ghad al-Suri (« demain la Syrie »), basé au Caire et présidé par Ahmed Jarba, ancien dirigeant de la Coalition nationale. Ces groupes ont constitué le noyau des rencontres de Sotchi parrainées par Moscou et, hélas, rejetées par les Occidentaux. Tous reconnaissent que « faire du départ d’Assad un préalable est un obstacle aux négociations » (29).

Ouvrir le processus de Genève à l’opposition pluraliste

Les pourparlers de Genève sont longtemps restés infructueux. En cause l’intransigeance de Damas — qui refusait de discuter avec les opposants islamistes et rejetait toute transition posant comme condition la mise à l’écart de Bachar — et celle de l’opposition sunnite qui exigeait le départ du président. Mais des progrès ont été réalisés depuis que, lors de la réunion de Riyad du 24 novembre 2017, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Sultan a décidé d’écarter de l’opposition présente à Genève les islamistes les plus fanatiques. De son côté, le régime syrien a été contraint par la Russie d’aborder avec des opposants modérés la question d’une nouvelle Constitution. Le chef du Comité des négociations syriennes, Nasr al-Hariri, opposant proche des monarchies du Golfe, a lui-même admis que « le processus de Genève est resté bloqué en raison de l’exigence d’un départ de M. Assad ». Il préconise de négocier avec Damas. Prenant acte des « pertes militaires significatives de l’opposition armée », il rejette l’option militaire et appelle à l’ouverture d’un processus politique sur la base de la déclaration de Genève et de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. L’objectif est la formation d'un gouvernement d’union nationale et l’organisation d’élections libres, celles (locales) de septembre 2018 (30) ayant valeur de test (31).

Quant à la Russie, elle n’est pas opposée aux pourparlers de Genève et tente d’inciter Bachar à y participer : le volet onusien demeure essentiel dans la phase de légitimation internationale du processus de transition initié par Moscou et ses partenaires (à Sotchi et à Astana). Vladimir Poutine sait, en effet, que la reconstruction — dont le coût est estimé à au moins 300 milliards d’euros (32) — ne se fera pas sans les États occidentaux, la Chine, les pays du Golfe et les institutions onusiennes.

Vers une convergence des pourparlers

Le processus d’Astana a permis de faire baisser l’intensité des combats et d’approfondir le dialogue. Le 4 mai 2017, quatre « accords de désescalade » (33) (qui excluent Daech et les groupes affiliés à Al-Qaïd (34)) ont été conclus, qui prévoient des cessez-le-feu et la création de couloirs humanitaires. Grâce à ces accords, la Turquie a pu convaincre certains rebelles et djihadistes de se rendre ou de s’exfiltrer vers le Nord (Idlib, Jarablous).

Dans un second temps, Moscou et ses partenaires sont passés à la « phase politique » dans le cadre du « Congrès du dialogue national » syrien ou « Congrès pour la paix ». Organisée à Sotchi le 29 janvier 2018 (35) avec le soutien de la Turquie et de l’Iran, cette réunion s’est tenue en présence de toutes les composantes du pays. Sans surprise, elle a été boycottée par le Comité de négociation et la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (36), proche de Riyad, ainsi que par les rebelles de l’ASL et les leaders kurdes du PYD — lesquels ont dénoncé l’offensive turque au Kurdistan (37). L’idée du chef du Kremlin était de suggérer une nouvelle constitution dont les grandes lignes ont été conçues par une équipe d’experts syriens et français sollicités par la « plateforme d’Astana » de Randa Kassis. Les groupes d’opposition pro-russes ont profité de cette rencontre pour mieux faire connaître leurs points de vue.

Sotchi a d’ailleurs mis à l’ordre du jour une partie des propositions formulées par les Nations unies. Cette idée a été reprise par le président Emmanuel Macron qui, lors de son voyage à Saint-Pétersbourg à l’invitation de Vladimir Poutine, le 25 mai 2018, a préconisé de rapprocher le processus (« russe ») d’Astana et les pourparlers onusiens de Genève, tout en enrichissant ces initiatives de la proposition française du « small group » (38). M. Macron a estimé que la priorité de la France n’est pas de soutenir, « depuis l’extérieur, quelque changement de régime que ce soit », mais de se concentrer sur « la lutte contre le terrorisme islamiste »(39). Depuis les frappes aériennes déclenchées par Paris, Londres et Washington le 14 avril 2018 contre des bases syriennes — dénoncées par Moscou —l’Élysée cherche une porte de sortie avec le Kremlin, le chef de l’État français reconnaissant que la désescalade militaire est à mettre au crédit des réunions d’Astana. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, ce rapprochement franco-russe marqué par un « néo-réalisme géopolitique » s’est concrétisé par la livraison de 50 tonnes d’aide humanitaire destinée aux habitants de la Ghouta — aide fournie par Paris et acheminée en Syrie par un avion russe via la base (russe) de Hmeimim près de Lattaquié (40).

Pour l’heure, il est urgent de poursuivre le double processus (militaire) d’Astana et (politique) de Sotchi, lancé par Moscou avec ses partenaires et de les faire converger dans la même direction que la diplomatie onusienne. C’est le vœu qu’ont exprimé les participants — le régime syrien, l’ONU, l’« opposition » pragmatique et les trois pays garants du processus d’Astana (Russie, Turquie, Iran) — au 10e round de pourparlers qui s’est tenu le 30 juillet dernier à Sotchi. La déclaration finale a mis l’accent sur l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie — ce qui signifie que l’armée syrienne a vocation à se redéployer dans le Nord et que la Turquie devra s’en retirer.

Le départ non préalable de Bachar al-Assad et la figure montante de l’alaouite Souheil al-Hassan

L’une des pierres d’achoppement entre Russes et Iraniens, mais aussi entre Moscou et le régime de Damas, est l’avenir de Bachar al-Assad après la fin de son mandat (2021). En fait, la Russie n’a jamais écarté une alternative à Bachar, mais elle toujours refusé le préalable de son départ tant que la priorité était de sauver le régime syrien du chaos révolutionnaire. En fait, M. Poutine pousse son protégé à prendre part aux pourparlers onusiens avec l’opposition dans le cadre d’un processus de transition, mais les Iraniens qui, on l’a dit, n’ont pas de « plan B », somment le dictateur syrien de le saboter. Détail symbolique qui a son importance : lors d’une visite de Vladimir Poutine sur la base russe de Tartous, le 11 décembre 2017, Bachar al-Assad fut écarté d’une photo officielle par le président russe lui-même au profit de la figure militaire montante du régime de Damas, le fameux Souheil al-Hassan, alias « Le Tigre » — un officier alaouite héros de la reconquête de la Syrie (Alep, La Ghouta, et Idlib depuis septembre 2018) face aux rebelles et aux djihadistes. Souheil al-Hassan est très populaire dans les milieux alaouites et bénéficie de la confiance de Moscou, qui le verrait bien ministre de la Défense dans la Syrie de demain — une Syrie fondée sur une nouvelle répartition des pouvoirs : un pluralisme intercommunautaire et la préservation des structures de l’armée, garante de la pérennité de l’État.

Une nouvelle constitution pour une Syrie « décentralisée »

Le projet fédéraliste a toujours été un repoussoir, tant pour les militaires syriens que pour les membres du parti Baas. Toutefois, à la faveur de la guerre, un quasi-fédéralisme s’est mis en place sur le terrain : l’armée syrienne, désireuse d’alléger son fardeau, a en effet accepté que des régions entières tombent sous la coupe de milices libres, avec à leur tête des barons locaux. Dans la région druze, par exemple, l’armée s’est retirée ; et, en échange de leur loyauté envers Damas, les chefs tribaux se sont vu confier le règlement des litiges. Dans la « vallée des chrétiens », près du Crac des chevaliers, l’autonomie régionale a également été renforcée, l’armée ayant concédé aux Forces de défense nationale locales une grande liberté de manœuvre. Quant à la région kurde, elle est de facto un quasi-État indépendant.

Conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité, qui appelle à préserver l’unité de la Syrie tout en donnant des gages aux minorités — lesquelles redoutent la création d’un gouvernement fondé sur la charia voulu par nombre de sunnites — la nouvelle constitution devra donc prévoir une forte autonomie des régions. Randa Kassis explique que ces « super régions » devront disposer de statuts propres pour les minorités (région kurde, région alaouite, région druze, etc.). Un statut d’autonomie peut même être accordé pendant un temps aux dernières poches de rebelles islamistes qui disposent de fiefs dans le Nord-Ouest. L’idée des opposants « réalistes » comme Kassis est de s’assurer que l’armée syrienne demeure aux mains des alaouites, via notamment Souheil al-Hassan, afin de préserver les structures de l’État et d’empêcher une prise de pouvoir par les islamistes qui relègueraient chrétiens, alaouites et druzes à la condition de dhimmis soumis à la charia. La nouvelle constitution garantirait à la fois le statut juridique des communautés déjà reconnues par l’État syrien (Druzes, sunnites, chiites, chrétiens) et celui d’un « cinquième pilier », laïque. Indépendamment de leur confession, les Syriens pourraient opter pour un statut civil qui les soustrairait à la charia — ce qui n’empêcherait en rien ceux qui y sont favorables de s’y conformer. Ce système permettrait de garantir un nouveau « vivre-ensemble ».

En guise de conclusion…

À ce stade, trois scénarios sont envisageables.

• Le pire des trois, celui de la partition et du chaos, consisterait en la poursuite des « guerres dans la guerre ». Celles-ci n’opposeraient plus seulement les loyalistes aux rebelles et aux djihadistes, mais les Kurdes à l’armée turque ou au régime de Damas ; ainsi que les forces chiites-iraniennes et Damas à Israël. Dans ce scénario noir, le régime ne parviendrait pas à rétablir l’unité territoriale de la Syrie qui s’enliserait dans la partition : Kurdistan au nord et à l’est ; Nord-Ouest aux mains des Turcs et des islamistes (« zone tampon »); réduits druzes et alaouites au nord et au sud-ouest ; zones désertiques au centre investies par des djihadistes.

• La deuxième hypothèse, plus optimiste, passerait par une entente Moscou-Ankara-Jérusalem-Washington-Riyad. Il faudrait, pour cela, que l’Iran renonce à établir des bases en Syrie. Le régime syrien, libéré de l’influence jusqu’au-boutiste de Téhéran, serait acculé par la Russie à dialoguer avec l’opposition en vue d’une solution inclusive. Les forces d’opposition, le régime et les groupes minoritaires ethno-religieux s’entendraient dans le cadre d’un projet fédéral sur le terrain mais centralisé sur le papier. La Turquie d’Erdogan accepterait de renoncer à un protectorat néo-ottoman au nord (« zone tampon démilitarisée » négociée le 17 septembre 2018 avec Moscou), et Bachar al-Assad quitterait progressivement le pouvoir aux termes d’élections libres et pluralistes…

• Le troisième scénario, celui du statu quo, verrait le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, Moscou ayant renoncé à le pousser vers la sortie. Considéré par nombre de Syriens (pas seulement alaouites et chrétiens) comme un « sauveur », Bachar n’a d’ailleurs aucune intention de se joindre à un processus de paix qui impliquerait son éviction... Ce scénario —probable, compte tenu des relations de plus en plus tendues entre les pays occidentaux et la Russie — présente un inconvénient de taille : en refusant d’éliminer les causes de la guerre, il contribuerait à la perpétuer. À moins que ladite « communauté internationale » finisse par s’accommoder du statu quo au nom de la guerre contre le terrorisme et du retour en force de la realpolitik prisée par Donald Trump autant que par Poutine…

(1) Randa Kassis et Alexandre Del Valle, Comprendre le Chaos syrien, L’Artilleur, 2016.

(2) Isabelle Lasserre, « Macron veut retisser les liens avec Moscou », Le Figaro, 27 mai 2018.

(3) L’opposition sunnite, majoritairement islamiste, a été obligée de revoir à la baisse ses exigences en raison non seulement des revers subis par l’ALS et les Frères musulmans sur le terrain, mais aussi de la baisse des soutiens extérieurs en provenance de Turquie et des pays du Golfe. De leur côté, des Occidentaux ont cessé de caresser le rêve d’un « regime change » en Syrie et ne soutiennent plus réellement que les Kurdes.

(4) Les YPG, pendant militaire du PYD, le parti kurde syrien, partagent la même idéologie que le Parti des travailleurs du Kurdistan de Turquie (PKK marxiste-révolutionnaire).

(5) L’estimation date de novembre 2015.

(6) « Syria : Pro-Government paramilitary forces », The Carter Center, novembre 2013.

(7) Ignace Dalle et Wladimir Glasman, Le Cauchemar syrien, Fayard, 2016, pp. 237-275.

(8) Gil Mihaely, « Poutine et Assad veulent pousser l’Iran hors de Syrie », Causeur,

(9) Afrine a été conquise par l’armée turque le 18 mars 2018 avec des djihadistes venus de la banlieue de Damas, Deir al-Zor et Yarmouk. Elle a été pillée par ces milices qui ont délogé les Kurdes. Cf. « Afrine, village martyr », Le Point, 24 mai 2018.

(10) Pascal Airault, « Benjamin Netanyahou négocie avec Vladimir Poutine ses lignes rouges en Syrie », L’Opinion, 11 mai 2018.

(11) Anaïs Llobet, « Moscou, arbitre de facto entre l’Iran et Israël », L’Orient-Le Jour, 11 mai 2018.

(12) Cité in AFP et Times of Israel, 2 août 2018

(13) Benjamin Barthe, « Damas reprend le contrôle de la frontière avec la Jordanie », Le Monde, 7 juillet 2018.

(14) Accords confiés au sous-secrétaire aux affaires extérieures russe Mikhaïl Bogdanov et à l’opposant syrien modéré Nasra al-Hariri.

(15) « Syrie : le régime et les rebelles annoncent un accord dans le Sud », La Dépêche, 6 juillet 2018.

(16) Pierre Avril, « Le roi d’Arabie saoudite reçu en fanfare en Russie », Le Figaro, 5 octobre 2017.

(17) « Le Front al-Nosra rompt avec Al-Qaïda et devient le Front Fateh al-Cham », L’Orient-Le Jour, 28 juillet 2016.

(18) Daech a encore des djihadistes au sud, près de la Jordanie (Taloul al-Safa), en zone désertique, près de Deir al-Zor, et à l’intersection de la Jordanie, de la Syrie et de l’Irak (Al-Tans).

(19) « Al-Nosra prépare l’État islamique », Le Journal du Dimanche, 28 avril 2013.

(20) 10 000 déplacés — dont des djihadistes de la Ghouta — ont été relogés en mai 2018 à Afrine dans les communes de Jinderes et de Deir Balut. Cf. « Afrine, village martyr », Le Point, 24 mai 2018.

(21) Ces quatre zones, négociées à Astana en mai 2017 entre le trio Turquie, Russie, Iran et les forces belligérantes syriennes loyalistes et rebelles, étaient la Ghouta orientale, Homs, Lattaquie, Ale, Hama et Idlib — la dernière non encore reconquise par le camp loyaliste à l’heure où nous écrivons ces lignes.

(22) Tom Perry, « Syrian Kurds Now Say They Now Control Territory the Size of Qatar and Kuwait Combined », UK Business Insider, 14 août 2015.

(23) « Syrie : la Turquie poursuit son offensive… contre les Kurdes », L’Express,‎ 24 août 2016.

(24) Paul Khalife, « Les Kurdes négocient leur avenir à Damas en Syrie », RFI, 27 juillet 2018.

(25) « Burhan Ghalioun reconduit à la tête du Conseil national syrien », Le Monde, 16 février 2012.

(26) « Syrie : le principal groupe d’opposition refuse de participer à la conférence pour la paix », Le Monde, 13 octobre 2013.

(27) Benjamin Barthe, « Syrie, l’opposition met en sourdine la question du départ d’Assad », Le Monde, 25 novembre 2017.

(28) M. Blanchard et alii, « Armed Conflict In Syria : Overview And U.S. Response », Congressional Research Service, 9 octobre 2015.

(29) Qadri Jamil, « Poser le départ d’Assad comme condition est un obstacle aux négociations », France 24, 6 novembre 2013.

(30) In Le Figaro.fr -AFP, 8 août 2018.

(31) Le scrutin municipal s’est tenu dans la majeure partie du territoire syrien à la faveur des succès militaires enregistrés depuis 2017 6 550 bureaux de vote ont ouvert le 16 septembre 2018 dans les régions tenues par le régime (deux iers du pays). 40 000 candidats étaient en lice pour 18 478 sièges dans toutes les provinces. Certes, la plupart des candidats élus sont des membres du Baas au pouvoir, mais des indépendants, des membres de l’opposition légale, des représentants des minorités, ont également pu se présenter. Les élus auront un certain pouvoir local et ils seront chargés de la question stratégique du retour des civils.

(32) Lors d’un séminaire organisé à Beyrouth les 7 et 8 août 2018, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (ESCWA) de l’ONU a estimé les dommages de guerre pour la Syrie à 388 milliards de dollars. Cf. « Guerre en Syrie : 388 milliards de dégâts », Wikistrike, 9 août 2018.

(33) 1) Idlib, environnements de Lattaquié, Hamas et Alep ; 2) gouvernorat de Homs (nord) ; 3) la Ghouta ; 4) Deraa et Kuneitra (sud). Voir : « Guerre en Syrie : que contient l’accord d’Astana ? », Le Monde, 5 mai 2017.

(34) Comme le groupe Jaysh Khalid ibn al-Walid (JKW), créé en mai 2016, qui réunit trois factions pro-EI au Golan. Cf. « Syrie, des navires de guerre russes entrent dans les eaux syriennes pour empêcher l’attaque de l’Otan », Le Post, 18 novembre 2011.

(35) Isabelle Mandraud, « Sotchi : après l’échec de Sotchi, la stratégie russe en question », AFP, 31 janvier 2018.

(36) « À Sotchi, le congrès pour la paix en Syrie organisé par la Russie tourne court », France 24 avec AFP, 30 janvier 2018.

(37) « Syrie : après l’opposition, les Kurdes boycottent la conférence de Sotchi », Le Monde, 28 janvier 2018.

(38) Damas (France, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Arabie saoudite et Jordanie).

(39) « Poutine reçoit Macron à Saint-Pétersbourg pour parler Iran, Syrie et Ukraine », AFP, 24 mai 2018.

(40) Isabelle Mandraud,« Une opération humanitaire franco-russe à la tonalité très politique », Le Monde, 25 juillet 2018.

Mots-clés :

Comments


A la une

INFOLETTRE (NEWSLETTER)

bottom of page