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Ivan Rioufol : "Le totalitarisme islamique joue de l’imposture victimaire permise par l’idéolog

L’éditorialiste du Figaro Ivan Rioufol a été la cible d’une attaque en règle de la part des lobbies islamiquement corrects qui le menacent de procès et réclament à son endroit une réduction de la liberté d’expression en matière d’islam et d'immigration. Cette stratégie de l’intimidation s’intensifie depuis des années selon Ivan Rioufol, ceci en dépit des vagues d’attentats islamistes.


Alexandre del Valle : Ivan Rioufol, vous dénoncez la psychologie totalitaire de ceux que vous appelez "les délateurs décomplexés", qui cautionnent l’intolérance islamique. Vous les accusez d’être les "nouveaux collabos" qui rendent la presse perméable à l’islamisme radical. Vous avez également été la cible d’autres journalistes comme Dominique Farrugia sur C8. Comment expliquez-vous ces complaisances de certains de vos « confrères » ou de nombre d’intellectuels ? Sont-ce là des exceptions ou la marque d’un phénomène plus global?


Ivan Rioufol : Aphatie est sans doute le summum dans la dérive la plus abjecte de la presse, puisque voici un journaliste célèbre qui réclame la censure d’un autre journaliste, en appuyant ceux qui voudraient en réalité que le blasphème soit reconnu comme un délit. Farrugia a répété sottement, pour sa part, cette dialectique assez répandue dans les rédactions et sur les plateaux des télévisions, qui voudrait que celui qui critique l’islam radical manifesterait en réalité un racisme anti-arabe comparable à l’antisémitisme des nazis. Le totalitarisme islamique, antisémite et sexiste, joue beaucoup de cette imposture victimaire permise par l’idéologie « antiraciste », qui présume innocentes les nouvelles minorités. Cette pensée fausse, si elle ne produit pas toujours la traitrise d’Aphatie ou les insultes de Farrugia, imprègne encore les médias paresseux et conformistes, dans une proportion qui me semble être majoritaire. Tant que la presse ne se sera pas délivrée de la chappe de plomb du politiquement correct, qui voit dans le musulman le damné de la terre et dans l’islam la religion des faibles, elle continuera à fermer les yeux sur la pensée totalitaire de l’islam politique, qui se joue de nos naïvetés et de nos somnolences. En fait, ceux qui jadis n’avaient rien voulu voir des dangers du communisme ou du nazisme ont fait des petits… Mais les faits sont têtus. L’islam politique est répulsif. Il faut soutenir les musulmans qui en sont conscients. Toute mon admiration va à ces femmes musulmanes qui se battent contre ce que les Aphatie et le Farrugia défendent en croyant tenir le beau rôle.

Dans votre dernier ouvrage, vous parlez de « fausse démocratie », est-ce une tendance lourde du monde occidental ?


Je soutiens, dans La grande mascarade, que Macron n’a rien réglé de la crise démocratique qui l’a poussé au pouvoir dans le chaos politique que l’on sait. Alors qu’il a été élu sur le diagnostic de la fracture entre les élites et le peuple, il s’est empressé une fois au pouvoir de creuser encore davantage ce gouffre. La collaboration entre le pouvoir et la société civile s’est révélée être une arnaque : la présidence est devenue « jupitérienne » et jacobine, c’est-à-dire hors-sol et éloignée des gens, tandis que les élus de la société civile ont été vite réduits à des députés godillots au service de l’Elysée. En réalité, le rejet du « populisme », qui n’est autre que la défiance vis-à-vis du peuple, oblige à promouvoir une démocratie d’apparence. Cet entre-soi, que reproduit le macronisme en recyclant le vieux monde des technocrates et des financiers, n’a rien de révolutionnaire. C’est un retour en arrière, au contraire. C’est pourquoi je prédits l’échec de cette politique, beaucoup trop méprisante à l’égard de l’ « ancien monde » qui n’entend pas disparaître. Macron ne comprend rien à son époque. Il va à rebours du sens de l’histoire. Celle-ci, partout en Europe et aux Etats-Unis, montre que les peuples oubliés désirent reprendre leur destin en main, et se protéger d’une mondialisation post-nationale que Macron trouve enchanteresse. Tout cela finira mal, si Macron persiste dans ses erreurs de jugement.


Constatez-vous une fracture interne au continent européen et même à l’Union européenne à l’aune de l’évolution « populiste » et de plus en plus nationaliste de pays comme la Pologne, la Roumanie et bien sûr la Hongrie du diabolisé en chef Victor Orban?


L' Union européenne, qui s’est notamment construire sur l’immigration et la promotion du multiculturalisme, est incapable de se remettre en question. Elle est vouée à l’échec. L‘histoire désormais s’écrit à l’Est. Elle s’élabore loin des médias, dans ces pays détestés par la caste mondialiste, par l’Union européenne et par le chef de l’Etat français. Dernièrement, Macron n’a pas ménagé ses attaques contre la Pologne. Elle sait pourtant de quoi elle parle, elle qui a combattu jadis l’invasion ottomane puis le totalitarisme communiste : des expériences qui laissent l’esprit en alerte devant les dangers futurs.Quand Trump est venu en juillet à Varsovie pour déclarer aux Polonais : "Vous êtes l’âme de l’Europe", les médias français ont négligé l’évènement. A tort. Comme le soutient le spécialiste Tony Corn dans la dernière livraison de la revue Le Débat, "Washington va s’investir massivement (politiquement, militairement et économiquement)" dans le club dit de L’initiative des trois mers (Baltique-Adriatique-Mer Noire), qui comprend douze pays membre de l’UE (les quatre pays du Visegrad plus l’Autriche, la Slovénie et la Croatie, ainsi que les trois pays baltes, la Roumanie et la Bulgarie). Selon Corn, "l’Amérique va promouvoir le rôle régional de la Pologne et de la Roumanie, deux pays qui sont considérés comme les alliés européens les plus fiables". A Davos, l’assemblée huppée a applaudi mollement, le président américain et ses manières de plouc. Ces économiquement snobs feraient pourtant bien de méditer le conseil de Trump, de ne "pas oublier les gens" et de "répondre aux voix des oubliés". C’est le peuple qui fait l’histoire.


Vous êtes critique de l'interventionnisme américain. Selon vous, Donald Trump n’est pas aussi stupide que l’on croit et il prendrait des mesures ou des engagements qui vont dans le bon sens. Pourriez-vous nous en dire plus?


J’ai en effet critiqué la guerre faite aux Serbes, nos superbes alliés durant la Grande Guerre, qui ne voulaient pas avec raison du multiculturalisme islamisé que les Etats-Unis et leurs toutous – dont la France - voulaient leur imposer. Mais j’ai soutenu Bush dans son expérience de démocratisation de l’Irak ; j’ai regretté la décision d’Obama de retirer trop tôt les troupes américaines, avec les conséquences catastrophiques que cela a entraîné. Mais passons. Concernant Trump, j’ai compris très vite, avant son élection, qu’il valait mieux que sa caricature. Je le crois plus novateur que beaucoup de chefs d’Etat qui se gaussent, avec raison, de ses vulgarités. Non seulement je ne le crois pas sot, mais je suis bluffé par son intuition et par sa jubilation à éreinter le politiquement correct. Entre Macron et lui, le révolutionnaire n’est pas celui qu’on croit. Trump, qui a été élu avec le soutien des réseaux sociaux, invente une nouvelle manière de faire de la politique, en passant par-dessus les intermédiaires. Il est en train de réconcilier, justement, le peuple et la démocratie. Sauf scandales personnels, il peut être réélu, d’autant que sa politique économique fait des étincelles et que sa diplomatie est loin d’être erratique : c’est lui qui est derrière l’ouverture à la modernité de l’Arabie saoudite.


Bien que catholique, vous semblez ne pas être papolâtre, en tout cas vous n’êtes pas un inconditionnel du Pape François qui vous paraît lui aussi céder à la tentation de l’islamiquement correct, est-ce là également une tendance lourde de l’Eglise depuis le Concile Vatican II, avant et après la parenthèse de Benoit XVI?


Je reproche au pape d’appliquer la religion des droits de l’homme plus que la religion catholique. Jésus nous a dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Or François ne cesse de culpabiliser ses ouailles, qui en viennent à oublier leur propre histoire et à se détester. C’est parce que le catholicisme a créé un grand vide que l’islam s’y installe. François ne fait rien pour l’en dissuader.


Le titre même de votre livre indique que vous ne faites pas partie de ceux qui voient dans le président français Emmanuel Macron un espoir pour réformer et renforcer la France face à ses dysfonctionnements internes et ses périls externes. Pourtant, il semble être déjà allé plus loin que Nicolas Sarkozy en matière de réformes économiques, puis a donné une véritable leçon de realpolitik à son prédécesseur François Hollande en matière de politique étrangère. Vous inscrivez-vous en faux contre cela?


Je reconnais volontiers au chef de l’Etat d’avoir fait valser le vieux monde politique et de l’avoir obligé à se recomposer. Je l’appuie dans sa politique libérale et j’applaudis son ministre de l’Education, qui applique un conservatisme qui ne correspond en rien au progressisme dont se réclame Macron. Au plan international, Macron fait bonne figure, mais il est facile de briller après François Hollande, non ? Pour le reste, j’attends de voir. Sa menace de frapper la Syrie si elle devait franchir la ligne rouge me parait loufoque. S’il veut faire la guerre, les ennemis intérieurs ne manquent pas : eux franchissent tous les jours les bornes en humiliant la démocratie française et sa laïcité.

Concluons avec le président russe Vladimir Poutine, bête noire des faucons atlantistes, des démocrates américains qui tentent de disqualifier Donald Trump sur ses liens occultes supposés avec le Tsar russe, et en général de tous les adeptes du politiquement correct, d’où sa popularité au sein des mouvances droitières, souverainistes. Quelle est votre vision, apparemment assez équilibrée, de la Russie de Poutine? Y voyez-vous comme beaucoup un danger géopolitique ou idéologique?


Je me suis construit intellectuellement dans le rejet de la pensée totalitaire et de l’esprit de système, mais aussi dans l’exigence d’une liberté d’esprit et de parole préservée à tout prix. Je me méfie donc des régimes autoritaires et de leurs dérives dictatoriales. De ce point de vue, Poutine n’est pas mon idéal. Mais je lui reconnais une efficacité remarquable dans la défense de son peuple et je suis très sensible à cet aspect bien sûr. En tout cas, je ne le vois pas comme un danger et l’Occident aurait tort de l’exclure. Je n’oublie pas que c’est lui qui est venu au secours des Chrétiens d’Orient et qui a vaincu l’Etat islamique, notre ennemi commun.




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