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Quand l’attentat de Berlin révèle à ceux qui en doutaient encore la vraie nature de l’hostilité de l

Alors que l'Allemagne a un rôle marginal dans la coalition internationale anti-EI, un attentat sur un marché de Noël à Berlin a fait douze morts et plusieurs dizaines de blessés ce lundi soir. Cette attaque montre que les terroristes, avant de réagir aux interventions occidentales dans les pays musulmans, cherchent à déstabiliser les sociétés européennes ouvertes et multiculturelles.



Atlantico : L'Allemagne, qui a accueilli de nombreux réfugiés et participe de façon très symbolique à la coalition internationale contre Daech en Syrie et en Irak a été la cible d'un attentat ce lundi soir sur un marché de Noël de Berlin. Que nous apprend le fait que l'Allemagne ait été visée des motivations des terroristes islamiques ?


Alexandre del Valle : Cela nous apprend que les terroristes ne nous détestent pas pour ce que nous faisons de mal ou de bien (le colonialisme, les bombardements en Syrie ou en Irak) mais pour ce que nous sommes. Nous avons affaire à un totalitarisme chariatique qui veut répandre sa vision totalitaire et théocratique de l'islam dans le monde entier. Leur stratégie de la tension et de la terreur repose sur un terrorisme psychologique qui vise à terrifier des populations en attirant les médias pour faire parler d'eux. Leur but est de tuer un Occidental parce qu'il est occidental, peu importent ses origines.

Personne n'est pardonné, pas même un régime pro-immigrés comme l'Allemagne qui a accueilli de nombreux réfugiés, dont des islamistes.

Dans les années 2000, certains considéraient qu'Israël était la source du djihadisme et que si l'Occident avait défendu les Palestiniens, n'avait pas aidé les Israéliens et ne s'était pas engagé dans la guerre d'Irak, il aurait été épargné. L'attentat de Berlin invalide cette idée puisque l'Allemagne n'est pas dans une optique interventionniste, elle ne participe pas à des guerres à l'étranger contre des pays musulmans, elle accueille des islamistes sur son sol et elle est victime d'attentats.

Que l'on soit pro-israélien ou anti-israélien, pro-américain ou anti-américain, un pays colonial ou pas, islamophobe ou islamophile, nous sommes, aux yeux des islamistes, des Européens mécréants considérés comme des ennemis. C'est notre nature même de mécréant qui est détestée.



Dans quelle mesure l'attentat de Berlin invalide-t-il la théorie selon laquelle la France, qui a un rôle de premier plan dans la coalition internationale contre Daech, serait "responsable" de la vague d'attentats qui frappe plusieurs pays européens ?


Il n'est pas tout à fait faux que la France, par son action en Syrie, en Irak, en Libye et au Mali, a attiré les foudres de nombreux djihadistes. L'expérience française au Mali, américaine en Afghanistan, et plus généralement les interventions de mécréants en pays musulmans suscitent une hostilité. Si cette théorie sur la responsabilité de la France peut en partie être invalidée, la France cumule tout de même les tares. En-dehors de son abstention en 2003 pour la guerre d'Irak, elle est sur tous les fronts contre l'islamisme.

La France est un pays laïc qui a fait des lois contre le foulard islamique, contre la burqa et contre le foulard dans les lieux publics. C'est un pays qui a une vision anticléricale de la foi, c'est le pays d'Europe qui est le plus dur envers les signes extérieurs de religion et contre le prosélytisme en général. C'est le pays qui a défendu Charlie Hebdo alors qu'en Angleterre par exemple les caricatures de Mahomet étaient interdites. Le côté laïc, libertaire, blasphémateur auquel s'ajoutent l'engagement de la France sur plusieurs fronts et les bombardements font que le pays a cumulé un ensemble de tares horribles aux yeux des islamistes.

Juste après les Etats-Unis et Israël, la France est l'un des pays les plus diaboliques aux yeux des islamistes et l'une des cibles privilégiées.

Mais il est vrai aussi que le fait que les pays nordiques, la Belgique, l'Allemagne soient frappés montre que l'ennemi est beaucoup plus global qu'on ne le croit. Il s'agit parfois de pays engagés dans des théâtres d'opération comme l'Espagne de M. Aznar en 2004, ou la France qui est engagée au Mali et en Syrie, mais l'Allemagne montre qu'un pays relativement neutre, qui n'a pas d'activité militaire internationale, qui n'a pas de passé colonial est visé de la même manière. Aux yeux des islamistes, le monde mécréant est une seule nation. Dans la mesure où les mécréants sont tous solidaires les uns des autres, frapper l'un équivaut à frapper l'autre.


Les Américains et les Français sont les plus détestés car on leur en veut pour ce qu'ils sont mais également pour ce qu'ils font. Mais le reste de l'Occident, même s'il ne fait rien, est aussi détesté pour ce qu'il est, ce qu'il représente.




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